Croissance: le gouvernement contraint de revoir ses ambitions à la baisse
Après le trou d'air de la première partie de l'année, le gouvernement est contraint de réviser à la baisse ses prévisions de...

Croissance: le gouvernement contraint de revoir ses ambitions à la baisse

Après le trou d'air de la première partie de l'année, le gouvernement est contraint de réviser à la baisse ses prévisions de...
Public Sénat

Par Antonio RODRIGUEZ

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Après le trou d'air de la première partie de l'année, le gouvernement est contraint de réviser à la baisse ses prévisions de croissance pour 2018, sans fixer pour l'instant de nouveaux objectifs ni de pistes sur d'éventuelles économies budgétaires.

"Nous réviserons les prévisions de croissance pour 2018" qui étaient de 2%, a admis mardi le ministre des Finances, Bruno Le Maire, interrogé sur BFM TV/RMC, après la publication vendredi des chiffres "décevants" de l'Insee pour le second trimestre avec une hausse d'à peine 0,2% qui a confirmé la décélération de l'économie française depuis le début de l'année.

Le ministre n'a pas pour autant donné de nouvelle prévision pour la croissance. "Elle sera communiquée à la rentrée lors de la présentation du budget", a précisé son entourage à l'AFP.

"Le gouvernement n'avait pas le choix. Il était obligé de réviser à la baisse ses prévisions de croissance", a expliqué à l'AFP Philippe Waechter, économiste chez Natixis AM, qui table sur une hausse de seulement 1,5% cette année.

Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque, se montre légèrement plus optimiste, avec une prévision dans une fourchette de 1,6 à 1,7%, convaincu lui aussi que l'objectif gouvernemental est "beaucoup trop ambitieux, impossible à tenir".

Cette décélération sur la première partie de 2018 intervient après une année 2017 qui avait connu une croissance robuste de 2,2% (2,3% en données corrigées des jours ouvrés), largement supérieure aux attentes.

Elle est essentiellement due à une consommation plombée par la hausse des prix du pétrole, qui rogne sur le pouvoir d'achat des Français, ainsi qu'à la fiscalité avec la hausse de la CSG et des taxes sur l'essence en début d'année, ont estimé les économistes.

La première réduction de la taxe d'habitation, en vue de sa suppression d'ici 2022 pour 80% des Français ainsi que la deuxième phase de suppression des cotisations salariales en octobre pourraient relancer la consommation. Même si la baisse des cotisations arrivera tardivement pour donner une impulsion déterminante à la croissance en 2018.

- Quelles économies ?

La nette accélération de l'inflation en juillet, avec une progression de 2,3% plus marquée que le mois précédent (+2% en juin), soutenue par la hausse des prix de l'énergie, pourrait toutefois compliquer un peu plus l'objectif du gouvernement.

"Ce n'est pas bon. Il y aura un aspect perte de pouvoir d'achat", a souligné M. Waechter, qui s'interroge sur les capacités du gouvernement à tenir, dans ces conditions, son engagement avec Bruxelles de réduire cette année le déficit public à 2,3%.

"Que va faire le gouvernement pour y parvenir ? Des économies sur les dépenses ou va-t-il augmenter la fiscalité ? En tout état de cause, cela aura des effets sur la demande à court terme et pourrait être pénalisant pour la croissance", a-t-il estimé.

Pour l'instant, le gouvernement, qui a établi son budget 2018 sur la base de 1,7% de croissance, n'a pas encore dévoilé ses intentions.

Pour M. Dembik, les mesures pourraient se traduire pas des "coupes dans les budgets de certains ministères, voire une nouvelle baisse des dotations aux collectivités". "Les choix budgétaires seront certainement très compliqués", a-t-il prévenu.

En attendant, M. Le Maire appelle à poursuivre "la transformation de l'économie du pays. Rien ne doit nous détourner de nos efforts pour accélérer la croissance. Il ne faut surtout pas que l'on lâche le rythme des réformes", a-t-il assuré.

"La croissance et l'économie, c'est le temps long", a-t-il souligné, pour expliquer le coup de mou de la croissance sur la première partie de l'année et la hausse du chômage au second trimestre. "Il faut tenir notre cap, être capables de poursuivre la transformation jusqu'au bout. C'est comme ça que nous aurons des résultats", a assuré le ministre.

Selon l'Insee, l'"acquis de croissance" pour l'année en cours - c'est-à-dire le niveau que le PIB atteindrait si l'activité stagnait d'ici la fin de l'année - est de 1,3%. L'organisme public prévoit 1,7% de croissance pour l'ensemble de l'année. La BdF, plus optimiste avec 1,8%, s'attend à une accélération marquée sur la deuxième partie de l'année.

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le

Croissance: le gouvernement contraint de revoir ses ambitions à la baisse
2min

Politique

Assassinat du petit frère d’Amine Kessaci : revoir le documentaire sur le combat contre le narcotrafic du militant marseillais 

Mehdi, le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. En 2020, c’est l’assassinat de son grand frère Brahim, qui avait conduit le jeune garçon à s’engager en politique. Son parcours est le sujet du documentaire « Marseille, des larmes au combat », Anaïs Merad, à revoir sur Public Sénat.

Le

Croissance: le gouvernement contraint de revoir ses ambitions à la baisse
3min

Politique

Projet de loi anti-fraudes : « C’est un objet politique qui vise essentiellement à montrer du doigt la fraude sociale »

Invités sur le plateau de Parlement Hebdo, le sénateur Bernard Jomier (Place Publique) et le député Sylvain Berrios (Horizons) sont revenus sur le projet de loi pour lutter contre les fraudes fiscales et sociales, examiné par la Chambre haute depuis mercredi. La majorité rassemblant les élus de la droite et du centre au Sénat ont affermi le texte en commission, y ajoutant une batterie de mesures qui ne fait pas consensus.

Le