Croissance revue à la baisse en 2019, prestations sociales touchées

Croissance revue à la baisse en 2019, prestations sociales touchées

Prenant acte d'un ralentissement économique qui affectera le budget 2019, Edouard Philippe a néanmoins dit vouloir maintenir "le rythme" des...
Public Sénat

Par Nicolas GUBERT, Jean-Philippe CHOGNOT

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Prenant acte d'un ralentissement économique qui affectera le budget 2019, Edouard Philippe a néanmoins dit vouloir maintenir "le rythme" des réformes, annonçant un décrochage de l'indexation de prestations sociales de l'inflation et la fin des cotisations salariales sur les heures supplémentaires.

"La prévision de croissance sur laquelle nous bâtirons ce budget (2019) sera de 1,7 %", a indiqué le Premier ministre dans un entretien au Journal du Dimanche, alors que le gouvernement tablait sur 1,9% jusqu'à présent.

Le 1er août, le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin avait également abaissé la prévision de croissance pour 2018, qui était de 2% jusqu'alors, estimant qu'elle ne serait "pas inférieure à 1,8%" après le trou d'air traversé par l'économie française en début d'année.

M. Darmanin avait en revanche précisé que "nous ne changeons pas notre objectif de 2,3% de déficit" pour l'année en cours.

M. Philippe a concédé que "si la croissance ralentit, il y aura forcément un impact" sur le déficit.

Martelant que "nous gardons le cap et nous maintenons le rythme" des réformes, le Premier ministre a assuré que le ralentissement de l'économie "ne nous empêchera pas d'être dans la ligne de nos engagements, sur la baisse des prélèvements obligatoires comme sur la maîtrise de la dépense publique et de la dette".

Croissance française
Evolution annuelle de la croissance française en % du PIB de 2009 à 2017 et prévisions du gouvernement pour 2018 et 2019 après les annonces du Premier ministre Edouard Philippe dimanche
AFP

Pour ce faire, trois prestations sociales - "l'aide personnalisée au logement, les allocations familiales, les pensions de retraite" - "progresseront de façon plus modérée, de 0,3 % par an en 2019 et en 2020 ", a révélé M. Philippe. C'est nettement moins que l'inflation, qui a accéléré et s'élevait en juillet à 2,3% sur un an.

En revanche, "les prestations qui bénéficient à nos concitoyens les plus fragiles, comme le RSA, seront augmentées conformément à la loi", a-t-il ajouté.

Il a en outre assuré que "la prime d'activité, le minimum vieillesse, l'allocation pour les adultes handicapés" augmenteraient, quant à eux, "très significativement", conformément aux promesses de campagne du président Emmanuel Macron.

Le Premier ministre a exprimé l'intention du gouvernement de soutenir le pouvoir d'achat des salariés, annonçant que "dès le 1er  septembre 2019, les cotisations salariales sur les heures supplémentaires seront supprimées pour tous les salariés, dans le privé comme dans le public".

Selon lui, "cela représentera en moyenne plus de 200  euros supplémentaires par an" pour "une personne payée au Smic" et la mesure coûtera "2 milliards" d'euros.

- Prudence pour le déficit 2019 -

Le chef du gouvernement a par ailleurs confirmé que les contrats aidés, qui ont déjà nettement baissé depuis le début du quinquennat, verraient leur financement "diminuer".

Pour faire ces arbitrages, le gouvernement a fait le choix d'une politique "qui privilégie (...) la rémunération de l'activité et qui rompt avec l'augmentation indifférenciée des allocations", a expliqué le locataire de Matignon.

Le ministre français de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin quitte le Conseil des ministres hebdomadaire au Palais de l'Elysée, à Paris, le 3 août 2018
Le ministre français de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin quitte le Conseil des ministres hebdomadaire au Palais de l'Elysée, à Paris, le 3 août 2018
AFP/Archives

"C'est par le retour à l'activité et une meilleure rémunération du travail que notre pays sera plus prospère", a-t-il estimé.

Pour 2019, Edouard Philippe a confirmé ce que le gouvernement avait déjà annoncé, c'est-à-dire "un rebond du déficit", imputable en partie à la transformation du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en allègements de charges pour les entreprises.

Il n'a en revanche pas donné de nouveau chiffre, alors que l'exécutif table jusqu'à présent sur un déficit de 2,4% l'an prochain.

Dans sa volonté de maîtriser la dépense publique, Edouard Philippe prévoit également la suppression d'environ 4.500 postes dans la fonction publique d'Etat en 2019, et le chiffre sera "supérieur à 10.000 en 2020".

"Nous tiendrons l'objectif du président de la République de supprimer 50.000 postes à l'horizon 2022", selon lui.

"Mais il y aura par ailleurs des recrutements : plus 2.000 agents supplémentaires dans la police, la gendarmerie et à la DGSI, 1.300 à la justice – parce qu'il s'agit de priorités".

Sur un plan plus politique, l'examen de la révision constitutionnelle, stoppé à l'Assemblée en juillet en raison de l'affaire Benalla, reprendra "dès que possible", a affirmé le Premier ministre en évoquant un "décalage de quelques mois tout au plus".

La session reprendra par le projet de loi Pacte sur les entreprises "car nous voulons concentrer en cette rentrée notre action sur les chantiers économiques", a précisé le chef du gouvernement.

Dans la même thématique

FRA – FRANCOIS BAYROU – PALAIS ELYSEE
7min

Politique

Dans le camp présidentiel, François Bayrou n’aura pas que des amis

Après la nomination de François Bayrou à Matignon, tout le monde, au sein du bloc central, salue la décision d’Emmanuel Macron. Mais hors micro, on comprend que le président du Modem n’a pas que des soutiens au sein de l’ex-majorité présidentielle. Pour durer, il devra aussi savoir convaincre son propre camp.

Le

the republicans received at the elysee
4min

Politique

Bayrou à Matignon : la droite attend le projet du Premier ministre pour savoir « s’il est l’homme de la situation »

Après l’annonce de la nomination de François Bayrou à Matignon, les sénateurs LR du Sénat sont dans l’expectative. La participation de la droite au prochain gouvernement, dépendra de l’engagement du Premier ministre sur les priorités qu’il a fixé notamment sur la maîtrise de l’immigration et bien sûr du maintien en poste du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.

Le

Croissance revue à la baisse en 2019, prestations sociales touchées
6min

Politique

François Bayrou à Matignon : « Il ne semble pas disposé à être un Premier ministre collaborateur »

Emmanuel Macron vient de nommer François Bayrou Premier ministre. Le président du MoDem devient ainsi le premier centriste de la Vème République à accéder à Matignon, il doit désormais composer son gouvernement et se protéger du risque de censure. Allié fidèle mais critique d’Emmanuel Macron, il devra réussir à parler aussi bien aux socialistes qu’à la droite. Analyse sur le plateau de Public Sénat.

Le