Curare: « Nous fonctionnons à flux tendu »
Depuis le début de l’épidémie de Covid 19, les besoins en médicaments utilisés par les soignants en réanimation explosent. En particulier pour les curares, utilisés afin d’intuber les patients en réanimation. Comment faire face à la demande exponentielle ? Depuis quelques semaines, l’industrie pharmaceutique tourne à plein régime afin de satisfaire la demande.

Curare: « Nous fonctionnons à flux tendu »

Depuis le début de l’épidémie de Covid 19, les besoins en médicaments utilisés par les soignants en réanimation explosent. En particulier pour les curares, utilisés afin d’intuber les patients en réanimation. Comment faire face à la demande exponentielle ? Depuis quelques semaines, l’industrie pharmaceutique tourne à plein régime afin de satisfaire la demande.
Public Sénat

Par Flora Sauvage

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Depuis que les services de réanimation saturent, le curare devient une denrée rare. Cette molécule permet « d’anesthésier les muscles respiratoires, en les mettant au repos afin de ‘curariser’ le patient, avant de l’intuber avec un respirateur », explique Bernard Jomier, sénateur de Paris et médecin à l’unité Covid 19 de l’hôpital de Melun (Seine-et-Marne).

Pouvoir paralysant

Le curare est une substance extraite de certaines lianes en Amazonie au pouvoir paralysant très puissant. Les médicaments du laboratoire Medipha Santé basé aux Ullis en région parisienne sont fabriqués à base de molécule de synthèse. « Nous fonctionnons à flux tendu. Nous nous sommes réorganisés depuis 1 mois environ, en réduisant la quantité de médicaments par commande pour tenter de satisfaire tous les hôpitaux », explique Luc Lamirault, président de Medipha Santé, qui travaille avec 200 hôpitaux. L’Agence du médicament a demandé à ce petit poucet de l’industrie pharmaceutique de favoriser les hôpitaux des zones géographiques les plus touchées comme le Grand Est et l’île de France. Avec un objectif : ne pas dépasser 7 jours de consommation par commande.

Tensions très fortes

Le Premier ministre Édouard Philippe a reconnu jeudi 2 avril des « tensions très fortes » sur l’approvisionnement de certains médicaments et sur certains consommables comme les embouts des respirateurs. Medipha Santé produit 3 médicaments à base de curare : l’Atracurium, le Cisatracurium et le Rocuronium. Pour le Cisatracurium, les stocks des hôpitaux ne sont que de « quelques jours » et « ceux des industriels ne donnent pas la visibilité que nous souhaitons », explique Matignon.

Stocks limités

A Medipha Santé « on vit sur nos stocks » raconte Luc Lamirault, car le réapprovisionnement est prévu « début mai, pas avant ». Les matières premières viennent d’Espagne et d’Italie. Face à la pandémie, la demande internationale a bondi de 2000%. La difficulté pour ces médicaments est qu’ils se périment au bout de 18 mois, une période trop courte qui ne permet pas de faire beaucoup de stocks. Autre obstacle au-delà du réapprovisionnement en matières premières : l’acheminement des médicaments vers les hôpitaux. Pour transporter ces produits, il faut des camions avec enregistreur de température, car ils doivent être maintenus entre 2 et 8°C. « Un directeur d’hôpital est venu chercher lui-même les médicaments pour son service de réanimation pour les transporter avec sa voiture, je n’avais jamais vu ça ! », s’étonne Luc Lamirault qui donne au jour le jour l’état de ses stocks à l’Agence régionale de santé.

« On gère la pénurie »

Aujourd’hui, « il faut en moyenne 300mg par patient et par jour en moyenne et on fournit des ampoules de 10 ou 20mg », explique le directeur de Medipha Santé. La difficulté pour les infirmières est de manipuler une trentaine d’ampoules par jour pour un patient. A l’hôpital, « on gère la pénurie », explique Bernard Jomier, sénateur de Paris qui travaille à l’hôpital de Melun en Seine et Marne pour renforcer les équipes de l’unité Covid 19. « Quand on ouvre une ampoule et qu’on n’utilise pas tout le produit, habituellement on jette l’ampoule, en ce moment on fait très attention à récupérer ce qui reste », raconte le sénateur de Paris.

Système D

Idem pour les tenues, masques FFP2 et surblouses : « Quand on doit entrer dans la chambre d’un patient positif au Covid 19, on garde la même tenue si on va dans la chambre d’un autre patient positif », pour rationaliser le matériel de protection explique-t-il. Au centre hospitalier de Melun, comme dans la plupart des hôpitaux en France, face à l’épidémie de Covid 19 les soignants en sont réduits au système D.

Partager cet article

Dans la même thématique

Curare: « Nous fonctionnons à flux tendu »
3min

Politique

« L’humour est de gauche » selon l’humoriste belge Alex Vizorek

C’est l'un des Belges les plus connus de la scène humoristique francophone. Passé par France Inter, il officie désormais à RTL. Comment un humoriste est-il passé d’un public à l’autre ? Comment faire indifféremment rire un public de droite et de gauche ? Cette semaine, Alex Vizorek est l’invité de Rebecca Fitoussi dans l’émission Un monde, un regard.

Le

Curare: « Nous fonctionnons à flux tendu »
3min

Politique

Parlement européen : « la droite traditionnelle pro-européenne joue avec l’extrême droite » pour Javier Moreno Sanchez   

« Un discours ferme et rassembleur ». Pour la députée centriste du groupe Renew, Fabienne Keller, les propos tenus par Ursula von der Leyen sont « absolument essentiels en ce moment historique où nous sommes en tension maximum avec Vladimir Poutine ». La présidente de l’exécutif européen a en effet annoncé une esquisse de nouvelles sanctions contre la Russie. Dans ce contexte, l’eurodéputée française estime que « la défense que l’on n’a pas voulue dans les années 50, s’impose à nous » désormais.   « C’est un peu tard mais elle commence à réagir »   Concernant le conflit israélo-palestinien, l’eurodéputé espagnol Javier Moreno Sanchez espère que qu’Ursula von der Leyen ira plus loin dans la condamnation des actes commis par l’Etat hébreu. « Ce que nous lui demandons, c’est qu’elle agisse avec la même fermeté dans les deux guerres qu’on a à nos portes ». A la surprise générale, la présidente de la Commission a annoncé vouloir suspendre une partie de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, mais pour le social-démocrate, c’est l’ensemble de ce texte qui doit remis en cause.     Mais pour l’eurodéputé espagnol, l’urgence est de ne pas revenir sur les grands textes des précédentes mandatures de la Commission. Qu’il s’agisse du pacte migratoire ou des mesures écologiques, « il ne faut pas qu’Ursula von der Leyen démonte les propositions qu’elle a faites (…) on ne savait pas que la droite traditionnelle pro-européenne allait jouer avec l’extrême droite ».  « Ce n’est pas une Europe sociale, mais une Europe militariste »   Le groupe des Conservateurs et réformistes est nettement plus critique vis-à-vis du grand oral de la présidente de la commission. L’élu roumain Gheorghe Piperea souhaite la démission de la commissaire allemande. En juillet, il faisait déjà partie de ceux qui avait voté une motion de censure à l’encontre de cette dernière. Pour cet eurodéputé conservateur l’Union européenne nourrirait le conflit ukrainien en multipliant ses aides, notamment militaires. Ce député a par ailleurs dénoncé l’accord commercial conclu « sur un terrain de golf en Ecosse » entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, le qualifiant « d’échec ».    Retrouver l’intégralité de l’émission en intégralité ici  

Le

Avis d’arret de travail Illustration
9min

Politique

Report de congés pour cause d’arrêt maladie : la délégation aux entreprises du Sénat saisit Sébastien Lecornu face à une décision « terrible » pour les PME

« Je saisis par courrier le premier ministre pour qu’une action au sommet de l’Etat soit engagée dans les plus brefs délais auprès des instances européennes », annonce à publicsenat.fr le président de la délégation aux entreprises du Sénat, le sénateur LR Olivier Rietmann, alors qu’un salarié malade pendant ses vacances pourra reporter ses congés, selon une décision de la Cour de cassation.

Le