Cyberattaque : « Il y a une explosion de la grande criminalité », rapporte le directeur de l’Anssi
Auditionné au Sénat, le directeur général de l’agence nationale de la sécurité des systèmes d'information rend compte de la multiplication des attaques ciblées. Des inquiétudes ont aussi été formulées sur les conséquences du télétravail susceptible d’ouvrir de brèches dans les systèmes d’information.  

Cyberattaque : « Il y a une explosion de la grande criminalité », rapporte le directeur de l’Anssi

Auditionné au Sénat, le directeur général de l’agence nationale de la sécurité des systèmes d'information rend compte de la multiplication des attaques ciblées. Des inquiétudes ont aussi été formulées sur les conséquences du télétravail susceptible d’ouvrir de brèches dans les systèmes d’information.  
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

« La criminalité organisée s’est emparée du sujet cyber, de l’outil cyber pour rançonner ses victimes », constate le directeur général de l’Anssi (agence nationale de la sécurité des systèmes d'information) devant les sénateurs ce mercredi 4 novembre. Auditionné par la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées dans le cadre de l’examen du budget pour 2021, Guillaume Poupard a dévoilé des chiffres inquiétants, rapportant « une explosion de la grande criminalité ». 

« À périmètre équivalent sur ces attaques traitées par l’Anssi, c’est-à-dire avec un impact fort en termes de sécurité nationale ou en termes économique, on était à 54 attaques en 2019 et on est 128 au 30 septembre de cette année. En l’espace d’un an, il y a une multiplication par trois ou quatre à périmètre constant donc c’est quelque chose de particulièrement inquiétant », étaye le directeur général de l’Anssi. 

Pour comprendre le phénomène, Guillaume Poupard, déroule le schéma de ces attaques : « Une intrusion informatique, un blocage des données des victimes et ensuite un chantage (...) on parle en millions ou en dizaine de millions d’euros aujourd’hui ». Il note également que ces attaques sont notablement mieux ciblées vers « des victimes faciles à mettre sous tension et qui ont la capacité de payer ».

« Les grands groupes criminels ont fait un communiqué de presse, au début de la crise, pour dire que, temporairement, ils suspendaient les attaques contre les hôpitaux »

Le contexte actuel marqué par la crise sanitaire n’a, selon lui, pas donné lieu à davantage de rançonnages. « Les attaques n’ont pas explosé, elles n’ont pas augmenté en quantité ou en virulence », expose-t-il avant de rapporter un fait surprenant. « Les grands groupes criminels ont fait un communiqué de presse, au début de la crise, pour dire que, temporairement, ils suspendaient les attaques contre les hôpitaux (...) et de fait ils s’y sont tenus. »

En revanche, l’usage du télétravail largement développé en cette période d’épidémie reste une source de préoccupations : « On est quand même assez inquiets sur toutes les brèches que ça a pu ouvrir dans les systèmes d’information, le risque est que l’on s’en rende compte dans quelques mois », pointe Guillaume Poupard. Sans se vouloir « alarmiste », il livre un conseil aux entreprises : « Faites un suivi très strict des portes que vous ouvrez pour permettre aux gens de travailler parce que ces portes pourraient être utilisées par des attaquants si c’est mal fait ». 

Concernant la menace terroriste, le directeur général de l’Anssi assure qu’il « n’existe pas aujourd’hui » dans le cyberespace. En revanche, ses services gardent une vigilance sur les questions militaires. « Tous les États préparent leur arsenal numérique et les conflits de demain seront en partie numérique et en partie dans le cyberespace », prédit Guillaume Poupard. Un état de situation de la menace qui, de son propre aveu, n'est pas « totalement réjouissant ». 

 

Partager cet article

Dans la même thématique

13-UNIS : la course en hommage aux 10 ans des attentats de novembre 2015
5min

Politique

Commémoration du 13 novembre : 10 ans après les attentats, la menace terroriste « s’accroît »

Alors que la France rend hommage aux victimes des attentats de Paris de 2015, le ministre de l’Intérieur a appelé les préfets à « renforcer les mesures de vigilance ». Le procureur national antiterroriste (Pnat) Olivier Christen, indique même que la menace terroriste, jihadiste, d’ultradroite ou émanant d’Etats étrangers « s’accroît ».

Le

France Paris Shooting
4min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : dix ans après, comment les lois antiterroristes ont évolué ?

Dix ans après le traumatisme des attentats du 13 novembre 2015, le cadre juridique permettant la prévention et la répression d’actes terroristes a largement évolué. Après les attaques du Bataclan, des terrasses parisiennes et du Stade de France ayant fait 131 morts et plus de 400 blessés, la France avait basculé dans l’état d’urgence, un régime juridique d’exception qui a influencé les évolutions législatives.

Le

Cyberattaque : « Il y a une explosion de la grande criminalité », rapporte le directeur de l’Anssi
4min

Politique

Immigration : Laurent Nunez a « bon espoir que le plan 3 000 places de centres de rétention administrative aboutisse en 2029 »

A l’approche de l’examen du budget, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez était auditionné par commission des lois du Sénat a présenté des crédits en hausse pour la mission sécurité et immigration de son ministère. Il en a profité pour confirmer que l’objectif 3 000 places en des centres de rétention administrative, initialement prévu pour 2027, ne sera pas tenu, comme l’avait révélé un rapport du Sénat.

Le

5min

Politique

Budget : des sénateurs souhaitent assouplir le droit des successions pour favoriser les dons aux associations

Les sénateurs Bernard Jomier et Grégory Blanc (Place Publique) ont déposé un amendement au projet de loi de finances 2026, visant à élargir la liberté des légataires dans la transmission de leur patrimoine, pour favoriser les donations aux causes d’intérêt général. De quoi permettre un débat « le plus large possible » selon les élus, dans une séquence budgétaire intense.

Le