Mayotte – Centre Interministeriel de Crise
Francois Bayrou, premier ministre. . Point presse ce samedi soir 14 decembre 2024 au ministere de l'interieur suite a une reunion interministerielle de crise sur la situation a Mayotte devastee par le cyclone tropical Chido, convoquee par le premier ministre Francois Bayrou avec notamment le ministre de l'Interieur demissionnaire Bruno Retailleau ainsi que Catherine Vautrin, ministre demissionnaire du Partenariat avec les territoires et de la Decentralisation et Genevieve Darrieussecq, ministre demissionnaire de la Sante et de l'Acces aux soins. . Paris, FRANCE - Le 24.12.2024 Photographie de Chang Martin/Sipa Press. _ Press briefing this Saturday evening, December 14, 2024 at the Ministry of the Interior following an interministerial crisis meeting on the situation in Mayotte devastated by tropical cyclone Chido, convened by Prime Minister Francois Bayrou with in particular the resigning Minister of the Interior Bruno Retailleau as well as Catherine Vautrin, resigning Minister of Partnership with the Territories and Decentralization and Genevieve Darrieussecq, resigning Minister of Health and Access to Care. . Paris, FRANCE - 12/24/2024 Photograph by Chang Martin/Sipa Press.//CHANGMARTIN_2024_12_14_CHANG_MARTIN_IMG_4965/Credit:Chang Martin/SIPA/2412162311

Cyclone Chido à Mayotte : « On a l’impression que François Bayrou n’a pas pris la mesure de sa fonction »

Le choix de François Bayrou de présider le conseil municipal de Pau, lundi, au lieu de se rendre au chevet des habitants de Mayotte dévasté par le cyclone Chido, choque la gauche du Sénat, alors que pour la droite, l’évènement ne donne pas lieu à polémiquer. Le Premier ministre s’est défendu devant les députés, estimant être sa « place de citoyen ».
Simon Barbarit

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A peine nommé à Matignon, François Bayrou a-t-il commis sa première « faute politique », comme l’a affirmé, lundi soir, un élu d’opposition du conseil municipal de Pau auquel assistait le Premier ministre ?

48 heures après le passage du cyclone le plus dévastateur que Mayotte n’a jamais connu en un siècle, le maire de Pau ne s’est en tout cas pas privé d’une première polémique. Elle semblait couver depuis la première conférence de presse sur la catastrophe dimanche. Lorsqu’interrogé sur la situation au côté du ministre de l’Intérieur, du ministre chargé des Outre-mer, François-Noël Buffet, et de Thani Mohamed Soilihi, secrétaire d’Etat chargé de la francophonie et des partenariats internationaux, François Bayrou avait préféré laisser répondre Bruno Retailleau en quittant la pièce devant les caméras, donnant l’impression de les laisser en plan.

« Evidement que c’est une connerie »

Le lendemain, son choix de se rendre en Falcon dans sa ville de Pau dont il est resté maire pour présider le conseil municipal, hérisse jusque dans le camp présidentiel. Et ce, même s’il a suivi à distance la réunion de crise sur Mayotte. « Evidement que c’est une connerie. Les Français n’attendaient pas que son premier déplacement se fasse à Pau, alors qu’on n’a ni budget ni de gouvernement », soupire un sénateur Renaissance. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet aurait également préféré que « le Premier ministre, au lieu de prendre un avion pour Pau, prenne l’avion pour Mamoudzou ».

« Si le drame s’était produit dans un autre département, François Bayrou se serait rendu sur place »

Sans surprise, les critiques les plus virulentes sont parties de la gauche. « Ça renvoie une image catastrophique. Comment penser que face à un tel drame, sa présence à Pau était indispensable. Quel mépris pour les Mahorais », s’emporte la sénatrice socialiste de Seine-Saint-Denis, Corinne Narassiguin qui pense, à l’instar du président du groupe écologiste du Sénat, Guillaume Gontard que « si le drame s’était produit dans un autre département, François Bayrou se serait rendu sur place ». « Vous imaginez, alors qu’une catastrophe climatique se déroule chez moi en Isère, un Premier ministre qui assiste tranquillement à son conseil municipal, ce serait inconcevable », appuie Guillaume Gontard qui ressort justement d’une consultation avec le Premier ministre. « Avec une telle catastrophe, on s’attendait à ce que le rendez-vous soit annulé. François Bayrou a pratiquement arraché son poste de Premier ministre et on a l’impression qu’il n’a pas pris la mesure de sa fonction. Je ne sais pas ce qu’il a voulu faire en allant à Pau. Mais si l’objectif, c’était de faire la démonstration qu’il ne fallait pas revenir sur le non-cumul des mandats, on peut dire que c’est réussi », ironise le sénateur en référence aux propos du Premier ministre. Devant le conseil municipal de Pau, François Bayrou a estimé au contraire que rendre « incompatibles les responsabilités locales et nationales », était « une erreur ».

« A minima, il devait être présent à la réunion de crise »

« Je n’ai rien contre le cumul des mandats. On peut discuter de cette proposition. En revanche, François Bayrou a sûrement des adjoints très compétents à Pau pour le suppléer. Et en tant que Premier ministre, il doit être au service de notre pays. S’il ne pouvait se rendre sur place aux côtés des ministres de l’Intérieur et de l’Outre-mer, a minima il devait être présent à la réunion de crise, être pleinement investi en support des Mahorais », estime la présidente du groupe communiste, Cécile Cukierman.

« J’étais aussi à ma place de citoyen », se défend François Bayrou

Ce mardi, devant les députés, François Bayrou a répondu à la charge de Mathilde Panot sur ce sujet. « Pau, c’est en France (…) J’ai présidé le conseil municipal de ma ville de 19h à 23h. Je considère que, ce faisant, j’étais aussi à ma place de citoyen et j’ai l’intention de défendre cette idée que la citoyenneté ne se divise pas entre être à Paris et occuper ses responsabilités de citoyen sur le terrain », s’est-il défendu estimant qu’« on n’a pas le droit de séparer la province et le cercle des pouvoirs à Paris ».

Du côté de la droite, la séquence est un non-évènement. « Tout le monde ne va pas débarquer à Mayotte […] Ce qui est anormal c’est qu’on fait polémique de tout » […] « Il avait un conseil municipal, il a fait ce qu’il devait faire », a tranché dans la matinale de Public Sénat, Hervé Marseille, le président de l’UDI et du groupe Union centriste au Sénat.

Les sénateurs LR qui ont pourtant accueilli fraîchement la nomination de François Bayrou à Matignon, retiennent aussi leurs critiques. « Personnellement, je n’aurais pas fait ce choix. Mais, il y a tellement de sujets beaucoup plus importants », balaye un sénateur. Le porte-parole du groupe, le sénateur des Pyrénées-Atlantiques, Max Brisson, « ne s’attendait pas à cette polémique ». « Ce conseil municipal était prévu de longue date. Et franchement, nos interrogations ne sont pas là ». Dans l’attente de la nomination d’un nouveau gouvernement, la droite du Sénat demande, en effet, au Premier ministre qu’il éclaircisse rapidement sa feuille de route » sur les « sujets régaliens », comme « l’immigration » ou encore « l’urgence agricole » et que Les Républicains « soient représentés de façon significative » au gouvernement, a rappelé à l’AFP lundi, le chef de file des sénateurs LR, lundi en sortant de Matignon.

 

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