Paris : Conference de presse FNSEA x Jeunes Agriculteurs

« Cynisme » , « mise en scène politique » : le président de la FNSEA annonce qu’il ne participera pas au grand débat avec Emmanuel Macron au Salon de l’agriculture

Invité ce vendredi 23 février sur RMC-BFMTV, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a annoncé qu’il ne souhaitait pas se rendre au grand débat devant se dérouler demain au Salon de l’Agriculture », malgré le rétropédalage de l’Elysée hier soir. La raison principale ? Une « incompréhension » suscitée par l’invitation du mouvement écologiste, les Soulèvements de la Terre, que le gouvernement avait annoncé dissoudre avant que le Conseil d’Etat ne juge cette décision illégale.
Alexis Graillot

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Un couac, un casse-tête, un échec, une incompréhension. Les mots ne suffisent pas pour décrire la polémique qui enfle depuis plusieurs heures à la suite de l’annonce hier soir de l’Elysée de l’invitation du mouvement écologiste Les Soulèvements de la Terre au grand débat prévu au Salon de l’agriculture samedi avec Emmanuel Macron.

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait qualifié le mouvement d’« éco-terroriste » après les manifestations violentes contre les méga-bassines à Sainte-Soline et annoncé dans la foulée sa dissolution, décision retoquée par le Conseil d’Etat. Ce matin, interrogé par Apolline de Malherbe sur RMC-BFMTV, le président de la FNSEA a annoncé ne pas vouloir se rendre au grand débat organisé par le chef de l’Etat.

« La tension est grande, l’incompréhension est immense »

« Je n’irai pas à ce grand débat ». Les premiers mots sont lapidaires mais ont le mérite de la clarté. Face à une situation qu’il qualifie d’ « incompréhensible » et dénonçant le « cynisme intolérable » du président de la République, Arnaud Rousseau a annoncé boycotter la rencontre prévue demain entre Emmanuel Macron et les agriculteurs à l’occasion de l’ouverture du Salon de l’Agriculture ».

« Nous avons toujours dit que le Salon était un moment d’accueil, mais nous ne pouvons pas tout tolérer » déplore le président de la FNSEA, qui juge que « la politique, c’est autre chose que de la com’ ». « Cela renvoie l’image que rien n’a été compris aux problématiques des agriculteurs » continue-t-il, laconique.

Le chef de file de la fédération agricole a ensuite regretté que dans cette situation, « les conditions du dialogue ne sont pas réunies et elles ne le seront pas non plus demain ». « Le président de la République fera ce qu’il veut mais je ne participerai pas à ce débat, je ne serai pas l’acteur de quelque chose de cynique », tance-t-il.

 

« Une invitation inopportune » des Soulèvements de la Terre selon le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau

« La tension est grande, l’incompréhension est immense » constate-t-il, dépeignant par ailleurs une « volonté d’en découdre » de la part des agriculteurs face à ce qu’il juge être « une mise en scène politique ». Cependant, il assure n’être « ni dans la défiance, ni dans la complaisance » : « La FNSEA sera toujours à la recherche de solutions pour les agriculteurs ». « Ce qui a été vécu a été une forte incompréhension y compris dans l’ensemble du gouvernement », déplore le président de la FNSEA.

Au même moment, le ministre de l’Agriculture, invité de la matinale de TF1, a estimé que l’invitation du mouvement écologiste était « inopportune », fustigeant qu’ « on ne discute pas avec ces gens-là ». « Je considère que les Soulèvements de la Terre leur mode d’expression, c’est le casque, le masque et le cocktail Molotov », tacle-t-il. Cependant, il s’est déclaré favorable à la tenue de ce grand débat : « Je considère que le fait que le président de la République puisse débattre avec les agriculteurs et l’ensemble des parties prenantes est une bonne idée. Cela permet de poser les problèmes pour y apporter, d’un point de vue complémentaire, des réponses ».

« Je n’attends pas du Président qu’il nous fasse l’exégèse et la technique de ces annonces, mais qu’il porte la vision qui est la sienne pour la fin de son mandat »

S’attaquant ensuite frontalement au mouvement écologiste, qui avait annoncé quelques heures plus tôt, ne pas participer à cette « supercherie », Arnaud Rousseau a dépeint un « mouvement [qui] lance des cocktails Molotov, détruit les biens des agriculteurs » faisant référence aux manifestations contre les méga-bassines à Sainte-Soline en octobre dernier. « Les agriculteurs veulent des changements concrets dans leurs fermes » a-t-il estimé, prenant comme exemple les projets de stockage de l’eau (que constituent les méga-bassines) : « Stocker de l’eau renforce notre souveraineté alimentaire ».

Le président de la FNSEA n’a également pas épargné le président de la République dans son interview : « Je n’attends pas qu’il nous fasse l’exégèse et la technique de ces annonces mais qu’il porte la vision qui est la sienne, pour la fin de son mandat : entend-il protéger l’agriculture française sur le plan international, que souhaite-t-il faire à Bruxelles, comment va-t-il protéger le revenu des agriculteurs ? » se questionne le chef d’exploitation céréalier.

 

Reconnaître l’agriculture comme étant d’« intérêt général »

Arnaud Rousseau est également revenu sur les solutions qui avaient déjà été apportées à travers différents volets d’annonces par le Premier Ministre (nouvelle loi EGALIM, renforcement des contrôles sur la grande distribution, baisse des contraintes sur les pesticides) mais également par la Commission européenne qui a annoncé hier revoir à la baisse les critères environnementaux de la PAC. Une « bonne nouvelle » pour le syndicaliste qui estime qu’ « en Europe, on est les mieux-disants sur le plan environnemental par rapport à tout ce qui se fait sur la planète », mais « nous avons besoin d’une pause environnementale ». « Le sujet, ce n’est pas de reculer mais faire un pas de côté pour savoir ce qui est tenable et ce qui ne l’est pas ».

Enfin, s’il a jugé que la reconnaissance de l’agriculture comme étant « un intérêt fondamental de la nation » allait dans le « bon sens », Arnaud Rousseau estime qu’il faut aller encore plus loin en qualifiant l’agriculture d’ « intérêt général majeur », ce qui permettait selon lui de renforcer la « souveraineté alimentaire ». « La balle est dans le camp du président de la République » a-t-il conclu.

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