Dans l’Oise et le Grand-Est, les sénateurs appellent à mieux protéger les soignants

Dans l’Oise et le Grand-Est, les sénateurs appellent à mieux protéger les soignants

Après le premier décès d’un médecin affecté par le Covid-19 dans l’Oise, la région Grand-Est vient désormais elle aussi de perdre deux soignants touchés par le virus. 
Public Sénat

Par Samia Dechir

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Il s’appelait Jean-Jacques Razafindranazy, il avait 67 ans. Cet urgentiste à la retraite, venu prêter main-forte aux équipes du centre hospitalier de Compiègne, est le premier médecin à avoir succombé au coronavirus.
Ancien directeur de cabinet du maire de Compiègne, le sénateur (LR) Olivier Paccaud connaît bien cet hôpital : «Les soignants se donnent corps et âme, se sacrifient pour venir en aide à ceux qui en ont besoin, et les voir “tomber au champ d’honneur” est un choc. C’est un choc d’apprendre le départ d’un homme qui avait l’âge de se reposer et qui est revenu pour prêter main-forte à ses collègues dans le besoin».

«Notre département paie le prix fort»

Le sénateur (LR) Jerôme Bascher n’a malheureusement pas été étonné à l’annonce du premier décès de soignant : «Je peux vous assurer que Compiègne est aujourd’hui un très gros foyer, ça circule dans tous les sens, c’est là que c’est le plus grave dans l’Oise. Donc je ne suis hélas pas surpris, c’était déjà à 20 km de là, à Crépy en Valois, qu’on avait eu le premier mort en France.» Même constat pour la sénatrice (PS) Laurence Rossignol : «Décidément notre département a connu le premier décès de patient, il connaît aussi le premier décès de médecin. L’Oise est sévèrement touché, on paie le prix fort du coronavirus».

Sentiment d’impuissance

Dans le Grand-Est, deux soignants sont également décédés du coronavirus. Elle-même infectée depuis une semaine mais sans symptômes graves, la sénatrice (LREM) Patricia Schillinger se dit «terriblement triste. Cela fait déjà deux, trois semaines qu’ils sont sur le feu, ils sont fatigués. Si nous n’avons plus de personnels soignants, on va vers des milliers de décès» s’inquiète l’élue du Haut-Rhin. Élu du même département, Jean-Marie Bockel déplore quant à lui le sentiment d’impuissance. «Je suis à la fois atterré et très triste. J’ai une fille aide-soignante à l’hôpital. On se sent solidaire, on aimerait faire davantage. Je pense fort à eux, à leurs familles, leurs collègues» explique le sénateur du groupe Union Centriste.

«Les protections ne sont pas à la hauteur»

Alors que le pic de l’épidémie n’est pas encore atteint, tous les sénateurs interrogés dans l’Oise et le Grand-Est partagent une même inquiétude : le manque de protection des soignants. Élu du Haut-Rhin, Claude Kern dénonce un ravitaillement en protection «pas à la hauteur» pour les soignants. Le sénateur centriste s’inquiète notamment pour les personnels des EPHAD : «j’en ai eu un ce matin au téléphone. Il leur reste un jour et demi de gel hydro-alcoolique, et ils en sont à mettre les masques au congélateur pour pouvoir les garder plus longtemps, alors qu’on sait que ce n’est pas efficace».Dans l’Oise, Jérôme Bascher relaie l’inquiétude du Préfet pour les infirmières libérales. «On est de plus en plus dans l’hospitalisation à domicile pour les cas mineurs du Covid-19, et les infirmières libérales en particulier manquent de masques, la médecine libérale aussi» explique le Sénateur LR. D’autres professions manquent de protection, comme les pharmacies d’officine, pourtant en première ligne, regrette Laurence Rossignol. «Il y a eu des livraisons qui ont été faites. Je ne sais pas où on en est aujourd’hui. On a pris beaucoup de retard, normalement à un moment donné le retard en principe se résorbe. J’espère qu’on est entrés dans cette séquence là où il n’y a plus de retards de livraison.»

Face à la pénurie de masques, des chaînes de solidarité

En attendant, des chaînes de solidarité s’organisent. Dans l’Oise, entreprises et collectivités territoriales se sont manifestées pour aider les soignants. «Beaucoup de maires ont retrouvé dans les greniers de leurs mairies des stocks de masques qui dataient de la grippe H1N1, qu’on a pu distribuer aux infirmières libérales par exemple», explique le sénateur du département Olivier Paccaud. Face à cette pénurie de masques, le gouvernement désormais est pleinement engagé, assure le sénateur Jean-Marie Bockel. «Ca n’aide pas les soignants de basculer dans la psychose. Tout ce qui a été dit sur l’absolue nécessité de rendre cette protection suffisante a porté ses fruits. De ce côté-là, les choses ne peuvent que s’améliorer», veut croire l’élu du Haut-Rhin.

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