"La nébuleuse socialiste est en déliquescence." Deux sénateurs, un député et jusqu'au président du département: dans le Lot, bastion du socialisme, des ténors de la gauche rejoignent Emmanuel Macron, mais les électeurs, eux, restent indécis.
39 parrainages, loin devant Benoît Hamon (27): le Lot est un des trois départements français qui a donné le plus de parrains à Emmanuel Macron. Et pas des moindres: le sénateur PS Gérard Miquel et son collègue PRG Jean-Claude Requier, le député socialiste apparenté Jean Launay, le président du conseil départemental, Serge Rigal, encore au PS jusqu'à peu...
"La nébuleuse socialiste est en déliquescence", en conclut Michel Dauba, secrétaire du PCF à Figeac, ville tenue par le PS depuis... 1977.
"Ils vont chez Macron et ils serrent les fesses" en espérant que ce soit lui qui l'emporte, s'amuse le militant en distribuant "L'Echo des cocos", journal de la section locale, sur le marché de la sous-préfecture.
Le Lot avait voté François Hollande à 62% lors de la présidentielle de 2012, et son Conseil départemental est tenu par la gauche depuis 1945.
"Notre région est rose dans ses gênes", résume l'ancien ministre Martin Malvy, qui a présidé la région Midi-Pyrénées de 1998 à 2015 et est actuellement encore à la tête du Grand Figeac.
Bien ancrés dans cette terre rurale, le PS et son allié le Parti radical de gauche (PRG) peuvent de plus aller aux urnes forts d'un taux de chômage inférieur dans le Lot d'un point à la moyenne nationale (9% contre 10%) et en nette baisse.
A Figeac, le chômage n'est que de 7%, grâce aux fleurons de l'aéronautique Ratier et Figeac Aero.
"Mais le problème du socialisme n'est pas l'histoire d'un bilan", estime Huguette Tiegna, qui milite pour Emmanuel Macron à un coin des Halles du marché. "C'est plus un manque de renouvellement", assure-t-elle.
- La peur des extrêmes -
"Les gens attendent du renouveau", confirme Gérard Miquel, sénateur socialiste. "Macron, lui, est visionnaire", estime cet historique du PS, qui en est membre depuis 43 ans. Son ralliement au candidat d'En Marche, dès avant les primaires socialistes, a suscité de nombreuses autres vocations dans le Lot.
"Macron est celui qui peut gagner contre Le Pen. Je ne veux pas avoir à faire le choix au second tour entre Fillon et Le Pen. Je l'ai déjà fait en 2002", argue-t-il.
Ce rocardien de toujours avoue surtout ne pas vouloir de Benoît Hamon. "Je ne me suis jamais senti à l'aise avec tous ces utopistes qui veulent raser gratis", tance-t-il, ciblant en particulier le revenu universel "impossible" à réaliser.
"Le ralliement à Macron, c'est la volonté de ne pas suivre Hamon. Le Lot n'est pas pour les extrêmes", explique Martin Malvy.
Le département est certes de gauche mais de tendance plutôt PRG, donc modéré. Le PRG soutient officiellement Benoît Hamon mais une bonne partie de ses élus, notamment dans le Lot le sénateur Jean-Claude Requier, ont préféré suivre Macron.
Martin Malvy ne cache pas avoir du mal, lui aussi, à soutenir Hamon. "S'il continue avec son revenu universel, je ne suis pas sûr de le suivre jusqu'au bout", avertit l'élu de 81 ans.
"François Hollande aurait eu mon soutien mais Hamon non: il a des promesses qu'on ne peut pas tenir", renchérit Serge Rigal, président du Conseil départemental.
Reste à savoir si le ralliement d'élus PS et PRG à Macron sera suivi par les électeurs.
"J'ai voté François Hollande. On a été déçus. Macron, finalement, il n'y a que lui sur la liste...", déclare un sexagénaire près d'un étal qui fleure bon le saucisson cendré.
"Les élus vont chez Macron mais les électeurs, eux, vont chez Hamon ou Mélenchon", veut en revanche croire le militant PCF Michel Dauba.
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