De Charles de Gaulle à François Hollande, le rituel des cérémonies d’investiture
Depuis 1958, date à laquelle Charles de Gaulle est devenu le premier président de la Ve République, jusqu’à la cérémonie d’investiture du huitième président de la République, Emmanuel Macron, qui se tiendra ce dimanche, l’investiture est à l’image des Présidents. 

De Charles de Gaulle à François Hollande, le rituel des cérémonies d’investiture

Depuis 1958, date à laquelle Charles de Gaulle est devenu le premier président de la Ve République, jusqu’à la cérémonie d’investiture du huitième président de la République, Emmanuel Macron, qui se tiendra ce dimanche, l’investiture est à l’image des Présidents. 
Public Sénat

Par Pierre de Boissieu

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Pour Paul Poudade,chef du Protocole sous la présidence de Jacques Chirac, la cérémonie est « d’une extrême simplicité » : « tout se déroule en costume de ville » rappelle-t-il. « Vous avez cependant la mémoire française du fond des âges, qui viennent de la monarchie, de l’empire, des précédentes républiques. » « C’est donc à la fois, et très simple et très compliqué » explique Paul Poudade.

Certains éléments ne sont pas propres à la Ve République, comme la présentation du collier de grand'croix de la Légion d’Honneur. « Cela a toujours existé » explique Paul Poudade.

François Hollande : « Le pouvoir sera exercé avec sobriété et avec dignité. »

La passation de pouvoirs entre Nicolas Sarkozy et François Hollande
01:31

La cérémonie d’investiture de François Hollande s’ouvre sur une polémique. En effet, le nouveau président de la République ne raccompagne pas son prédécesseur et lui tourne le dos, une « faute politique, (...) interprétée par une partie des Français comme une erreur » pour Jean Garrigues, interrogé ce jeudi dans « L’Info dans le rétro », sur Public Sénat.

Jean Garrigue : « Ne pas avoir raccompagné Nicolas Sarkozy a été une faute politique de la part de Hollande. »
00:26

Le discours du nouveau Président joue l’apaisement et se veut en rupture avec le style de son prédécesseur. « Le pouvoir, au sommet de l’Etat, sera exercé avec sobriété et avec dignité » annonce le nouveau président de la République, faisant référence à la gestion jugée parfois déplacée de la fonction présidentielle par Nicolas Sarkozy. Dans son discours, François Hollande appelle à une « scrupuleuse sobriété dans les comportements. »

La vie privée fait son entrée à l’Elysée

L’investiture de Nicolas Sarkozy est marquée par la présence de son épouse, Cécilia Sarkozy, et de ses enfants, ainsi que de ceux de Cécilia Sarkozy. C’est la première fois que la famille d’un président est autant mise en avant dans une cérémonie d’investiture. « Ce mélange public-privé et la publicisation de l’intime annoncent le storytelling pratiqué par Nicolas Sarkozy durant son quinquennat, qui lui sera beaucoup reproché », pour Jean Garrigues.  

Jean Garrigues : « Ce mélange public-privé et la publicisation de l’intime annoncent le storytelling pratiqué par Nicolas Sarkozy. »
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Par ailleurs, les retrouvailles entre Jacques Chirac et son ancien ministre de l’Intérieur ne vont pas de soi. Tout le monde se souvient de la « trahison » de 1995, lorsque Nicolas Sarkozy s’était rangé du côté d’Edouard Balladur, et de la cinglante réplique du chef de l’Etat, le 14 juillet 2004, qui avait déclaré, à propos de son ministre, « je décide, il exécute. » Les sourires entre les deux chefs de l’Etat semblent cependant plutôt cordiaux et Nicolas Sarkozy applaudit son prédécesseur.  

Avec Jacques Chirac, le retour du gaullisme au pouvoir ?

Lors de son investiture, Jacques Chirac fait ses adieux à François Mitterrand, président de la République pendant quatorze ans. Ce dernier, après son départ de l’Elysée, se rend au parti socialiste, rue de Solférino, comme le fera François Hollande ce dimanche. La poignée de mains entre les deux hommes est chaleureuse, à l’image de leurs rapports personnels.

Dans son premier discours, le nouveau chef de l’Etat appelle à « un Etat impartial. » Il veut « restaurer la cohésion de la France, l’emploi sera ma préoccupation de tous les instants. » On note les accents gaullistes, de cohésion sociale, dans le discours du nouveau chef de l’Etat.

Un socialiste sous les ors la République

Pour l’arrivée du premier président socialiste de la Ve République, François Mitterrand rend hommage au « peuple de gauche », « ces millions et ces millions de femmes et d’hommes, ferments de notre peuple, qui, deux siècles durant, dans la paix et dans la guerre, ont façonné l’histoire de France, sans y avoir accès, autrement que par de brèves et glorieuses fractures de notre société. » « La majorité politique des Français (...) vient de s’identifier à sa majorité sociale » résume le nouveau président de la République.

De la journée, on se souvient du départ à pied de Valéry Giscard d’Estaing, sous les huées.

Surtout, on retient de la journée la visite du nouveau président de la République au Panthéon, où il dépose une rose sur la tombe de Jean Moulin, de Jean Jaurès et de Victor Schoelcher. « François Mitterrand s’enracine dans l’histoire de la République, avec un zeste de parfum monarchique » explique Jean Garrigues. « C’est une cérémonie qui éclipse totalement le reste de la cérémonie de passation. La vraie passation se fait donc au Panthéon » résume Jean Garrigues.

Jean Garrigues : « François Mitterrand s’enracine dans l’histoire de la République, avec un zeste de parfum monarchique. »
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Le président de la République arrive à pied

Contrairement à ses prédécesseurs, Valéry Giscard d’Estaing arrive à pied à l’Elysée en costume de ville, et non en jaquette. Le nouveau président entend, en effet, moderniser l’exercice du pouvoir.

« Ainsi, c’est moi qui conduirais le changement » résume Valéry Giscard d’Estaing, mais, revenant sur un des thèmes favoris de sa campagne, il ne le fera pas seul. Il prône en effet le rassemblement. « Voici que s’ouvre le livre du temps, avec le vertige de ses pages blanches » annonce pour finir le nouveau président.

Jean Garrigues : « Valéry Giscard d'Estaing transgresse les codes du gaullisme. »
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La simplicité a-t-elle fonctionné ? « C’était la marque de fabrique de la campagne de Valéry Giscard d’Estaing » explique Jean Garrigues. « Le nouveau président transgresse les codes du gaullisme, même son discours tranche avec les codes gaullistes » résume Jean Garrigues.

Charles de Gaulle, « une passation de pouvoir entre deux républiques. »


Sous Charles de Gaulle et Georges Pompidou, la cérémonie d’investiture est très codifiée. Lorsqu’il remonte les Champs Elysées, Charles de Gaulle est en uniforme et se présente comme l’homme du 18 juin.

Jean Garrigues : « avec Charles de Gaulle, c'est une passation de pouvoirs entre deux républiques. »
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Pour Jean Garrigues, il s’agit d’une « passation de pouvoirs entre deux républiques » avant tout. « Il s’agit de quelque chose de tout à fait exceptionnel » pour l'historien. « Après la cérémonie, le général de Gaulle va saluer son prédécesseur, René Coty,de manière un peu cavalière en lui disant : “au revoir Coty”, en le laissant repartir seul » raconte Jean Garrigues. Enfin, pour l’anecdote, c’est de Gaulle qui met en place les fameux coups de canons qui sont tirés depuis l’esplanade des Invalides.  

Paul Poudade : « En trois minutes et demie au Louvre, Emmanuel Macron a représidentialisé la fonction. »

Paul Poudade : « En trois minutes et demi, Emmanuel Macron a représidentialisé la fonction présidentielle, le soir de son élection au Louvre. »
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Emmanuel Macron, pour Paul Poudade, « a, en trois minutes et demie, représidentialisé la fonction présidentielle, le soir de son élection au Louvre. » Sa passation de pouvoirs sera, selon lui, à l’image de cette promenade, « à travers huit siècles d’histoire, depuis Philippe Auguste, jusqu’à François Mitterrand. »

À voir, l'émission « L'Info dans le rétro », consacrée aux passations de pouvoir, diffusée le 12/05/17 à 23 heures. 

 

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