De l’immobilier aux ressources humaines, des points noirs de la gestion de Marseille
Les rapports de la chambre régionale des comptes sur Marseille, qui seront présentés publiquement lundi, dressent un bilan au...

De l’immobilier aux ressources humaines, des points noirs de la gestion de Marseille

Les rapports de la chambre régionale des comptes sur Marseille, qui seront présentés publiquement lundi, dressent un bilan au...
Public Sénat

Par Beatrix BACONNIER MARTIN, Francois BECKER

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Les rapports de la chambre régionale des comptes sur Marseille, qui seront présentés publiquement lundi, dressent un bilan au vitriol de la gestion de Jean-Claude Gaudin, des finances au personnel en passant par l'immobilier. Voici quelques dossiers évoqués par les magistrats.

+ Septuagénaires au cabinet

A Marseille, "la gestion des départs en retraite (...) est pour le moins coûteuse", s'étonne la CRC, qui dénonce plusieurs maintien en fonction "illégaux", bien au-delà de l'âge légal, au cabinet du maire. Un dossier sur lequel la justice est saisie.

De très proches de M. Gaudin sont épinglés, à commencer par son fidèle directeur de cabinet, Claude Bertrand, salarié de la ville malgré ses 73 ans, ou une autre membre de son cabinet, Evelyne Oliva, 71 ans, qui ne rentre "dans aucun cadre légal de dérogation".

Lors de l'examen de la chambre régionale, la doyenne des membres du cabinet avait 77 ans : Monique Venturini, ex-élue recyclée en chargée de relations publiques. D'autres représentants du troisième âge ont touché un salaire au titre de vacations , même si la chambre doute du "service fait" en échange: Solange Moll, une ancienne élue devenue "chargée de projet" au cabinet, était ainsi âgée de "plus de 82 ans" au moment de son départ.

Pour les magistrats, la ville viole "sciemment" les règles légales sur la retraite et cause ainsi un préjudice de plus d'un million d'euros par an au contribuable.

+ Un syndicaliste à la "brillante carrière"

L'une des figures incontournables de la vie municipale est égratignée: le syndicaliste Patrick Rué, patron des territoriaux de Force Ouvrière, syndicat historique à la mairie, avec lequel Jean-Claude Gaudin aime à afficher sa bonne entente, au point d'être parfois accusé de "co-gérer" la ville avec lui. Il est embauché aux espaces verts en 1974, après avoir validé un concours d'ouvrier terrassier. Et a gravi les échelons jusqu'à devenir ingénieur territorial. Le tout sans se présenter à aucun "concours, examen professionnel ou sélection interne", soulignent les magistrats.

"Sans doute les mérites de l'agent justifient cette brillante carrière", ironise la chambre régionale des comptes, ajoutant que depuis 1993, M. Rué est mis à disposition de son syndicat.

+ Opérations immobilières douteuses

Plusieurs opérations immobilières opaques, réalisées au détriment des finances de la mairie, sont pointées.

Ainsi de deux immeubles vétustes achetés en 2013 dans une petite rue à deux pas de la Canebière "à des prix très supérieurs à leur valeur estimée par France Domaine, 74% pour l'un et 130% pour l'autre". La facture est réglée à une SCI contrôlée par un entrepreneur dont le nom a été associé dans les années 1980 à des proches de Gaëtan Zampa, figure du banditisme marseillais mort en 1984.

"Rien ne permet de justifier le prix exorbitant décaissé par la ville pour ces deux ruines", 175.740 euros, relèvent les magistrats, "si ce n'est la volonté de dédommager (cet entrepreneur) d'un prétendu préjudice, dont l'existence n'est démontrée par aucun élément".

+ Un ancien footballeur choyé

L'ancien footballeur Jean-Christophe Marquet n'a pas à se plaindre du sort qui lui a été réservé par la municipalité de Jean-Claude Gaudin, selon les rapports de la CRC. L'ex-milieu de terrain de l'OM loue à la ville un joyau de son patrimoine, le Fortin de Corbières, qui domine l'Estaque et la baie de Marseille, pour y organiser des "événements". La ville a passé outre un avis du préfet pour permettre à l'ancien joueur de construire sur les lieux une piscine, un boulodrome et une terrasse.

Pour ce bâtiment historique de 400 m2, installé sur un terrain 15 fois plus vaste, M. Marquet verse une redevance de seulement 2.500 euros par mois, selon un contrat sur 10 ans signé en 2017, assorti d'une petite part variable. "Mais les grosses réparations restent à la charge de la ville", ainsi que les abonnements et consommations électriques, remarque la CRC.

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