De Marine Le Pen qui le juge "disqualifié totalement", à La France insoumise qui réclame sa démission, les oppositions ont condamné dimanche les nouveaux "oublis" de déclarations d'activités du haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye.
"La suspicion de conflits d'intérêts à l'égard de M. Delevoye le disqualifie totalement pour continuer à incarner cette discussion sur l'avenir des Français et l'avenir de leur retraite", a lancé la présidente du Rassemblement national lors du Grand Rendez-vous Europe 1-Cnews-Les Echos.
Avec la réforme des retraites portée par le gouvernement, "on fait un pont d'or aux entreprises privées, aux compagnies d'assurance, aux fonds de pension, qui vont se gaver" et "c'est précisément sur ce sujet-là qu'il y a un conflit d'intérêts dans le CV de M. Delevoye", juge Mme Le Pen.
Le "Monsieur retraites" du gouvernement a reconnu il y a quelques jours avoir omis de déclarer sa fonction d'administrateur bénévole dans un institut de formation de l'assurance, l'Ifpass. Il a finalement rectifié ce week-end sa déclaration d'intérêts en déclarant 13 mandats, dont 11 bénévoles, soit dix de plus que dans la version initiale.
M. Delevoye a aussi cumulé sa fonction gouvernementale avec celle, rémunérée, de président de Parallaxe, un institut de réflexion sur l'éducation, cumul qu'il avait déclaré mais qui, a-t-il appris depuis, n'était pas autorisé.
"Il oublie de respecter la Constitution (sur l'interdiction du cumul, ndlr), il commet une infraction pénale, il a oublié 10 mandats et le Premier ministre vient nous dire (qu')il est de bonne foi, circulez il n'y a rien à voir", a critiqué la dirigeante d'extrême droite.
A la gauche de la gauche aussi, le député LFI Alexis Corbière s'en est pris sur BFMTV à M. Delevoye, dont il réclame "la démission": "Qu'il parte, avec son projet aussi" sur les retraites. "Cet homme est un menteur" et "sa parole n'est pas crédible".
M. Delevoye "n'a plus le choix et doit démissionner", a également réclamé le député Régis Juanico (app. PS) condamnant "ces nombreuses irrégularités graves" qui "discréditent la parole publique" du haut-commissaire.
Le chef du gouvernement Edouard Philippe a pour sa part estimé samedi "que la bonne foi de Jean-Paul Delevoye (était) totale".
"Il a fait une erreur, il l'a corrigée, il l'a reconnue. Il ne cherche absolument pas à dissimuler quoi que ce soit", a également jugé dimanche le ministre Julien Denormandie, sur Franceinfo.
Mais "dans une démocratie ce n’est pas le Premier ministre qui juge de +la bonne foi+ de ses ministres. La séparation des pouvoirs est un principe de base", selon le numéro un du PS Olivier Faure dans un tweet. Le procureur de Paris a demandé jeudi des précisions à la Haute autorité pour la transparence (HATVP) sur M. Delevoye.