Débat houleux à l’Assemblée sur l’expulsion des étrangers fichés pour radicalisation
Des amendements de la droite et du Front national pour expulser les étrangers fichés pour radicalisation ont envenimé les débats...

Débat houleux à l’Assemblée sur l’expulsion des étrangers fichés pour radicalisation

Des amendements de la droite et du Front national pour expulser les étrangers fichés pour radicalisation ont envenimé les débats...
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Des amendements de la droite et du Front national pour expulser les étrangers fichés pour radicalisation ont envenimé les débats jeudi à l'Assemblée lors de l'examen du projet de loi antiterroriste, la majorité et La France insoumise y voyant "une sortie de l'Etat de droit".

Le ton a monté quand la ministre Jacqueline Gourault, en réponse à une question du LR Eric Ciotti, a indiqué que "15%" des 16 à 18.000 personnes inscrites sur le fichier de traitement des signalés pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) sont de nationalité étrangère.

"Pourquoi ces personnes restent-elles sur le territoire français ?", a lancé Valérie Boyer (LR). "Leur expulsion est une évidence", pour l'UDI Mayer Habib, "une question de bon sens dans le contexte actuel" pour Eric Ciotti. Pour le FN Sébastien Chenu, il faut expulser ces étrangers "au nom du principe de précaution".

Mme Gourault, qui supplée le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, a appelé la droite et le FN "à ne pas tout mélanger", ce fichier "de renseignement" extrêmement large "étant constitué à partir d'un numéro vert" à l'attention des proches de personnes radicalisées, ainsi que par les signalements des services de l'Etat (police, éducation nationale, hôpitaux…).

"Vous proposez d'expulser quelqu'un sans jugement, c'est une logique folle, une victoire idéologique de Daech, on sort de l'Etat de droit", s'est indigné Eric Coquerel (LFI).

Même argumentation de Manuel Valls (apparenté LREM). "Dans les fichiers, ce sont des informations, pas des jugements, alors oui ce serait la République des suspects" si une telle disposition était votée, a estimé l'ancien Premier ministre et ministre de l'Intérieur socialiste. "On ne peut pas être dans l'approximation dans la lutte contre le terrorisme. Cela mettrait en cause l'efficacité du travail des services de renseignement", a-t-il ajouté.

"Un jour, on entre dans un fichier, un autre jour on en sort", a fait remarquer Eric Bothorel (LREM).

Le FN Bruno Bilde s'en est alors pris aux "islamo-gauchistes de la France si soumise", se faisant traiter de "pagano-fasciste" en retour par Alexis Corbière (LFI). Sébastien Chenu a qualifié de "Bisounours" le MoDem Erwann Balanant.

La communauté de pensées entre les Insoumis et Manuel Valls a été de courte durée. Alexis Corbière a reproché à l'ex-Premier ministre de "parler comme le FN quand il s'agit de taper sur La France insoumise dans les médias". Manuel Valls a alors dénoncé des "liens" selon lui entre LFI et "ceux qui représentent un danger dans les quartiers".

Les députés ont par ailleurs rejeté un amendements de Marine Brenier (Constructifs) sur l'information des maires de la présence de fichés S sur leur commune.

"Ce renseignement, qu'est-ce qu'un maire en fera ? Il va le porter lourdement tout seul", a jugé Joaquim Pueyo (Nouvelle Gauche), disant s'être posé la question lorsqu'il était maire d'Alençon (Orne).

Ils ont également rejeté des amendements de droite pour interdire le retour en France de Français partis combattre en Syrie, jugés par le rapporteur Raphaël Gauvain (LREM) contraires à la Convention européenne des droits de l'Homme. Guillaume Larrivé (LR) a jugé qu'il serait temps "d'actualiser" cette Convention.

Marine Le Pen a également suggéré, en vain, d'autoriser les anciens policiers et gendarmes à porter une arme.

En réponse au FN, Mme Gourault a par ailleurs assuré que "plus aucune personne" fichée n'avait un permis de port d'arme. En juin, l'attentat raté sur les Champs-Elysées avait nourri une polémique sur les conditions de détention d'armes par l'assaillant, fiché S.

Partager cet article

Dans la même thématique

Hong Kong Legislature To Vote On Bill Recognizing Same Sex Couples Overseas Registration
3min

Politique

L’Assemblée nationale vote la réhabilitation des personnes condamnées pour homosexualité

L’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité, en deuxième lecture, une proposition de loi visant à réhabiliter les personnes condamnées pour homosexualité en France entre 1942 et 1982. Porté par le sénateur socialiste Hussein Bourgi, le texte entend réparer symboliquement des décennies de politiques discriminatoires. Mais la question de l’indemnisation continue de diviser députés et sénateurs et devra être tranchée en commission mixte paritaire.

Le

6min

Politique

Une « ordonnance négociée » pour faire passer le budget ? Un procédé « contraire aux principes parlementaires et démocratiques les plus élémentaires »

D’après des informations des Echos, Sébastien Lecornu plancherait sur la piste d’une « ordonnance négociée », pour faire passer le budget avant Noël, en cas d’une commission mixte paritaire conclusive en fin de semaine. Mais cette hypothèse n’enchante pas les constitutionnalistes, qui y voient le risque de mettre à mal le rôle de l’Assemblée nationale.

Le

CMP : comment la dissolution va modifier l’espace de compromis entre députés et sénateurs
2min

Politique

Budget : le groupe communiste boycotte la commission mixte paritaire

A la veille de la commission mixte paritaire (CMP) sur le budget, le groupe communiste de la chambre haute indique que le sénateur, Pascal Savoldelli n’y siégera pas en tant que membre suppléant. Le groupe dénonce notamment « un problème démocratique majeur » dans la composition de la CMP.

Le

Débat houleux à l’Assemblée sur l’expulsion des étrangers fichés pour radicalisation
7min

Politique

Numérique : le Sénat adopte à l’unanimité un texte qui interdit l’accès des réseaux sociaux aux mineurs de moins de 13 ans

Alors qu’Emmanuel Macron a promis la semaine dernière d’interdire les réseaux sociaux aux mineurs de moins de « 15 ou 16 ans », le Sénat vient d’adopter à l’unanimité une proposition de loi portant la majorité numérique à 13 ans. Les mineurs de 13 ans à 16 ans devront recueillir l’autorisation parentale pour leur inscription sur un réseau social.

Le