La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
Débat : les enjeux pour les onze candidats à la présidentielle
Par Public Sénat
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Après le débat à cinq, le débat à onze. Ce soir sur BFMTV et CNews, il n’y aura pas de polémique sur l’absence des candidats les moins bien classés dans les sondages. Deux semaines après le premier débat qui avait attiré 10 millions de téléspectateurs, il n’est en revanche pas certain que le débat gagne en clarté ce qu’il aura gagné en égalité entre candidats. Il n’y aura au total que 15 minutes de temps de parole pour chaque candidat. A moins de trois semaines du premier tour, ce débat reste crucial à nouveau pour les candidats.
Pour Emmanuel Macron, « ne pas commettre d’erreur »
Emmanuel Macron semble toujours favori selon les sondages. Mais il se présente dans Le Monde comme un « outsider ». « Il faut être très prudent avec les chiffres » confirme le sénateur François Patriat, à l’origine PS, mais aujourd’hui soutien du candidat d’En marche !, « car dans le passé le vote centriste a toujours été surestimé dans les sondages. Regardez Alain Poher, Raymond Barre, François Bayrou ».
Selon le sénateur, il faudra pour Emmanuel Macron, « qui fera l’objet de toutes les attaques », « affirmer que le camp des patriotes, c’est le camp d’Emmanuel Macron. Il ne faut pas laisser aux nationalistes s’accaparer la patrie ». « Il devra aussi montrer qu’il est le candidat du travail, de la réforme et de l’espoir » ajoute François Patriat. Emmanuel Macron a de nouveau plus à perdre qu’à gagner. « Le problème, c’est de ne pas commettre d’erreur » sait bien François Patriat.
Pour Marine Le Pen « une élection ne se joue pas sur un débat »
Selon Marine Le Pen, l’élection ne se joue pas ce soir. « Une élection ne se joue pas sur un débat. C’est un des éléments de la campagne. Je ne suis pas mécontente que l’ensemble des candidats puissent avoir la parole. C’est normal et démocratique » a affirmé la candidat du Front national, invitée ce matin de Territoires d’Infos, sur Public Sénat et Sud Radio (voir la vidéo à 7'30).
« En revanche, ça risque d’être extrêmement long. J’espère que les organisateurs n’ont pas été aussi gourmants que lors du dernier débat en essayant de multiplier à l’infini les thèmes, ce qui évidement rend le discours un peu plus compliqué » ajoute la candidate. Ce soir, Marine Le Pen devrait globalement rester dans son couloir, comme lors du précédent débat, tout en cherchant à toucher davantage de Français en abordant des thèmes sur lesquels on l’attend moins.
« Un débat compliqué » pour François Fillon qui cherchera à « incarner la fonction présidentielle »
François Fillon, toujours à la peine dans les sondages depuis le feuilleton des affaires, cherche éperdument un second souffle. Mais pour les principaux candidats, le débat, tel qu’il est organisé, n’est pas forcément une opération profitable. « C’est un débat compliqué » reconnaît son coordinateur de campagne, Bruno Retailleau. « Il n’est pas sûr qu’il en ressorte quelque chose de clair », selon celui qui est aussi président du groupe LR du Sénat. Le candidat LR avait pourtant pris la peine de dénoncer l’absence des « petits » candidats lors du premier débat. Mais à onze, difficile de se faire entendre et de se démarquer.
« Les arguments ne pourront pas être développés. Il risque d’y avoir des confrontations car il y aura des interruptions » craint Bruno Retailleau. Aux yeux de ce proche de François Fillon, l’enjeu consiste principalement « à incarner la fonction présidentielle ». Faire Président, le candidat LR en a les capacités. Il l’a prouvé lors des débats de la primaire. Mais faire oublier les affaires ? C’est peut-être plus compliqué.
Pour Jean-Luc Mélenchon, transformer l’essai
Il y a un moment Mélenchon en cette fin de campagne. Ses intentions de vote poussent comme des bourgeons. Mais est-ce que ça ne durera qu’un printemps ? Pour le candidat de la France insoumise, qui devance maintenant Benoît Hamon, il y a clairement eu un effet débat après la confrontation du 20 mars dernier. Tous les commentateurs s’étaient accordés sur le fait qu’il avait réussi sa prestation, largement plus à l’aise que ses concurrents. Il s’agit aujourd’hui de transformer l’essai. « Malgré la difficulté d’un débat à onze, il faut montrer tous les atouts de notre programme et qu’on a un projet pour gouverner le pays » explique Eric Coquerel, porte-parole du Parti de gauche et proche de Jean-Luc Mélenchon.
Alors que Jean-Luc Mélenchon « prend plus de poids depuis quelques semaines, depuis la grande marche. Il y a une indécision importante. Mais autour de nous, on de plus en plus de gens qui disent pourquoi pas Mélenchon ? Il faut réussir à convaincre les Français » ajoute-t-il. Pour Jean-Luc Mélenchon, l’enjeu n’est « pas d’attaquer, pas de renter dans l’affrontement », mais de « passer quelques idées forces » et « d’être pédagogue ».
Benoît Hamon « doit frapper un grand coup » et fendre l’armure
Le plan ne se passe pas comme prévu pour Benoît Hamon. Après son meeting réussi de Bercy, le candidat du PS devait commencer son ascension grâce au premier débat. Mais à en croire les sondages, c’est Jean-Luc Mélenchon qui lui a volé la vedette à gauche et prend pour le moment le pas sur lui. Le débat de ce soir est l’occasion (ou jamais) de se refaire.
« Les désertions et petites trahisons quotidiennes ne contribuent pas à crédibiliser sa démarche » reconnaît le sénateur PS Jérôme Durain, qui avait soutenu Montebourg lors de la primaire. « Ce soir, il doit frapper un grand coup en montrant qu’il en a vraiment envie et qu’il a un vrai programme d’innovations et des ambitions pour ce pays. (…) Il faut insister sur les plus de sa candidature, une espèce de transformation économique, écologique, démocratique » souligne Jérôme Durain (voir la vidéo, images : Héloïse Grégoire et Guillaume Jacquot).
Benoît Hamon doit en réalité fendre l’armure et sortir du lot. C'est-à-dire « faire un pas en avant, sortir du rang, montrer qu’il en a envie. (…) C’est relatif une élection présidentielle, il y a d’autres candidats, il faut passer les épaules devant, franchir la ligne le premier, il faut une énergie personnelle importante. Et c’est ça qu’il doit montrer ce soir » estime le sénateur PS. Dans l’équipe de Benoît Hamon, on compte sur la volatilité de l’électorat pour faire mentir les sondages. De nombreux électeurs de Mélenchon, Macron et Hamon sont encore indécis. Il s’agit d’aller chercher ceux qui hésitent. Plus simple à dire qu’à faire.
La revanche de Nicolas Dupont-Aignan
Il l’a son débat. Le candidat de Debout la France n’avait eu de mots assez durs pour dénoncer son absence lors du premier débat organisé par TF1. Il avait même quitté en protestation le plateau du 20h de la première chaîne. Ce soir, Nicolas Dupont-Aignan pourra développer son projet et tenter de montrer qu’il peut être une alternative, pour ne pas dire un plan B, à François Fillon, en attirant les déçus du candidat LR.
Poutou, Arthaud, Asselineau, Lassalle, Cheminade : un temps de parole précieux
Pour les candidats qui rassemblent le moins d’intentions de vote, qu’on qualifie souvent de « petits candidats », le débat à onze est une aubaine. Celle de disposer d’un réel temps d’antenne devant des millions de téléspectateurs. Mieux : ils sont placés sur un pied d’égalité avec un Macron ou une Le Pen. En effet, chacun dispose du même temps de parole, peut interpeller un autre candidat…
Les deux candidats de l’extrême gauche Philippe Poutou (NPA) et Nathalie Arthaud (LO), deux formations qu’on retrouve à chaque scrutin présidentiel depuis des années, pourront dénoncer le système. Certains électeurs mettront certainement un visage sur François Asselineau (UPR) et Jacques Cheminade, peut-être les deux moins connus des onze candidats. Quant à Jean Lassalle, ancien proche de Bayrou qui a pris ses distances, il devrait en surprendre plus d’un en se plaçant en défenseur des milieux ruraux.