Trois heures de débat et quelques joutes verbales lors de ce débat inédit. Plutôt discrets ans la première partie, Emmanuel Macron et François Fillon se sont montrés sur la défensive, tandis que Marine le Pen, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon étaient davantage à l’aise dans l’attaque. Retour sur les moments marquants.
Benoît Hamon : « Que vous soyez une droguée aux pages Faits divers, c'est une chose… »
Dans un début de débat très policé, benoît Hamon s’est permis une pique envers Marine Le Pen sur sa proposition d’abaisser la majorité pénale à 16 ans. « Que vous soyez une droguée aux pages Faits divers, c'est une chose, mais aujourd'hui vous êtes candidate à la présidence » lance l’ancien ministre à Marine Le Pen, qui avait pointé « l’explosion de l’insécurité », un peu plus tôt dans le débat. « Ouvrez les yeux, M. Hamon » a commenté cette dernière. Et Benoît Hamon d’expliquer sa proposition. « Ce qui ne marche pas aujourd'hui, c'est de voir que lorsque l'on met en détention un certain nombre de jeunes, la détention les rend plus dangereux à leur sortie de prison. Cela veut dire que la solution n'est pas le tout carcéral mais de renforcer les moyens pénitentiaires d'insertion. De faire comprendre à la personne pourquoi elle est incarcérée. »
Hamon à Le Pen : « Que vous soyez une droguée aux pages Faits divers, c'est une chose… »
Emmanuel Macron : « je vous remercie, je n'ai pas besoin d'un ventriloque »
Il aura fallu une heure de débat pour que celui-ci se décrispe enfin. Forcément, c’est autour d’une question sensible qu’a eu lieu la première véritable escarmouche : la laïcité. Et plus précisément sa définition par Marine Le Pen. « Non seulement il faut promouvoir la laïcité, mais il faut aussi lutter contre le communautarisme » explique-t-elle avant d’interpeller Emmanuel Macron qui serait « pour » le burkini. Réponse sèche de l’intéressé : « je vous remercie, je n'ai pas besoin d'un ventriloque. Le burkini est un problème, certains maires ont pris des arrêtés, mais c'est un problème d'ordre public. Ce n'est pas un grand problème de théorie, ne divisez pas les Français là-dessus ». Jean-Luc Mélenchon s’est alors mêlé à cette joute verbale, devant un François Fillon stoïque. « C’est un débat entre M.Mélenchon et Marine Le Pen ou on peut participer ? » a lâché le candidat de la droite.
Macron à Le Pen : « je vous remercie, je n'ai pas besoin d'un ventriloque »
Jean-Luc Mélenchon : « Il faut bien qu’il y ait un débat au Parti socialiste »
Emmanuel Macron est tombé dans le piège tendu par Benoît Hamon qui évoquait les lobbies et les intérêts des grands groupes. « Sur ce terrain, je souhaite des engagements clairs » affirmait Benoît Hamon. « Je pense que c’est pour moi » a répondu Emmanuel Macron. Le candidat d’En Marche assure ne « pas avoir de subventions publiques » car « nous n'avons pas d’élus. Nous sommes dans une entreprise de renouvellement démocratique. »
« Je vous fais confiance, M. Macron » répond Benoit Hamon. « Le problème n’est pas que des gens riches financent votre campagne. Pouvez-vous prendre l’engagement ici, parmi ces personnes qui ont fait des dons, n’y a-t-il pas plusieurs cadres de l’industrie pharmaceutique, de l'industrie chimique ? » Fin de non recevoir de la part d’Emmanuel Macron qui prend néanmoins « l'engagement de n'être tenu par personne. Le financement est transparent, » assure l’ancien ministre qui refuse de dévoiler les noms de ces donateurs. « Il faut bien qu’il y ait un débat au Parti socialiste » s’amuse Jean-Luc Mélenchon.
Hamon vise Macron sur les conflits d'intérêt
Jean-Luc Mélenchon : « J'ai admiré vos pudeurs de gazelles »
Très attendu, le volet sur la transparence de la vie publique n’a pas entrainé de critiques acerbes de la part de Benoit Hamon ou Emmanuel Macron. Il a fallu attendre l’intervention de Jean-Luc Mélenchon pour pointer ceux qui sont concernés par les affaires. « J'ai admiré vos pudeurs de gazelles », lance le candidat de la France insoumise. « Ici, il n'y a que deux personnes de concernées et qui ont des choses à se reprocher. Les électeurs le savent. Et il ne leur est pas interdit de récompenser les vertueux ! »
Jean-Luc Mélenchon et les affaires: « J'ai admiré vos pudeurs de gazelles »
Emmanuel Macron à Marine Le Pen : « tout le monde n'est pas comme vous »
Sur la même thématique, Marine Le Pen s’est attaquée à Emmanuel Macron, sans le nommer. « Cette campagne présidentielle a un avantage, elle fait découvrir aux Français qu’il y a un certain nombre de candidats qui défendent des intérêts privés, de grands groupes et non pas les intérêts des Français » explique-t-elle. « Je crois que c'est encore pour moi » interrompt le candidat d’En marche qui n’a pas tardé à s’en prendre à sa rivale. « Ce que vous avez décrit, ce sont des conflits d’intérêt, qui se caractérisent pénalement. Donc, soit ce que vous venez de faire est de la diffamation. Soit, soyez plus précise et allez devant la justice (…) On peut avoir de l'éthique et de la déontologie, tout le monde n'est pas comme vous » critique-t-il.
Emmanuel Macron à Marine Le Pen : « tout le monde n'est pas comme vous »
Jean-Luc Mélenchon : « C’est la Roumanie que vous voulez ? »
Le point de tension a été atteint avec le débat sur les 35h que souhaite supprimer François Fillon. « Il y a autour de nous des pays qui ont réussi à atteindre le plein emploi » explique l’ancien Premier ministre. « Il faut déjà regarder pourquoi nous n'avons pas réussi à stopper le chômage. Plus il y a d'heures travaillées, plus il y a de production, plus il y a de richesse. » Ciblé par Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon, le candidat de la droite a rapidement créé la polémique. «C'est la Roumanie que vous voulez ?» lance Jean-Luc Mélenchon à François Fillon, qui estime que la France est le pays d'Europe « où le volume horaire de travail est le plus faible.» Benoît Hamon s’est rapidement impliqué : « C’est incroyable la société que prépare François Fillon ! Vous avez été Premier ministre pendant 5 ans, vous avez échoué lamentablement. Vous nous proposez d’augmenter le temps de travail, c'est-à-dire d’inciter les chefs d’entreprise à allonger la durée du travail en payant moins leur salariés pour ne pas créer d’emplois ? »
Jean-Luc Mélenchon : « C’est la Roumanie que vous voulez ? »
François Fillon : « le vrai serial killer du pouvoir d’achat, c’est vous Mme Le Pen »
Discret sur la première partie de soirée, François Fillon s’est davantage impliqué sur les questions économiques et s’est engagé dans une charge lourde contre le programme économique de la présidente du Front national. « Le vrai serial killer du pouvoir d’achat, c'est vous Mme Le Pen avec la sortie de la zone euro. Vous entraînez le pays vers un véritable chaos économique. On ne sort pas de l’UE pour une aventure qui conduirez à la ruine des emprunteurs et des épargnants ».
François Fillon : « le vrai serial killer du pouvoir d’achat, c’est vous Mme Le Pen »
Marine Le Pen : « c’est le vide sidéral »
Le débat s’est terminé sur une note tendue entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. La présidente du Front national s’en est pris à son rival après la présentation de son projet international et la sécurité de la France. « M. Macron, vous avez parlé 7 minutes, et vous n'avez rien dit. Je suis incapable de résumer ce que vous avez dit. Vous ne savez pas ce que vous voulez, et je trouve ça très inquiétant. C'est le vide sidéral » se moque-t-elle.
Marine Le Pen : « Emmanuel Macron, c’est le vide sidéral »