Début de la Convention citoyenne sur le climat, une procédure inédite
La "Convention citoyenne sur le climat" s'est ouverte vendredi à Paris, exercice inédit dans la vie politique française, rassemblant 150...
Par Stéphane ORJOLLET
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La "Convention citoyenne sur le climat" s'est ouverte vendredi à Paris, exercice inédit dans la vie politique française, rassemblant 150 citoyens tirés au sort pour proposer des mesures de lutte contre le réchauffement climatique.
Mission affichée, proposer au gouvernement des mesures pour "réduire les émissions de gaz à effet de serre d'au moins 40% d'ici à 2030 par rapport à 1990", le tout dans un esprit de "justice sociale".
Tirés au sort parmi 250.000 numéros de téléphone, avec des critères de représentativité (sexe, âge, catégorie professionnelle, lieu d'habitation...) pour refléter l'ensemble de la population, les participants se sont retrouvés en début d'après-midi au Conseil économique social et environnemental, où ils se retrouveront pour 6 weekends de travaux d'ici fin janvier.
"Je suis très satisfaite, j'espère pouvoir faire entendre ma voix, j'ai de fortes convictions environnementales", explique Muriel Raulic, intermittente du spectacle de 47 ans, venue de Toulouse.
"J'espère que ça servira à quelque chose", explique de son côté Alexia Fundere, 22 ans, étudiante originaire de Guadeloupe. Elle pense poster ses impressions des travaux sur les réseaux sociaux, pour "tenir au courant ma génération".
Le Conseil économique, social et environnemental (Cese) à Paris en février 2015
AFP/Archives
"C'est une chance qui nous est donnée de faire avancer les choses sur deux grands sujets, la démocratie et le climat", a déclaré lors de la séance d'ouverture Thierry Pech, directeur de la fondation Terra Nova et co-président du comité de gouvernance de la Convention, organe mis en place pour garantir l'indépendance du processus.
La convention doit proposer des mesures sur un sujet potentiellement explosif, en grande partie à l'origine du mouvement des "gilets jaunes". C'est d'ailleurs au sortir du "grand débat" destiné à tirer les leçons de cette crise qu'Emmanuel Macron avait avancé l'idée de cette Convention.
- "Manoeuvres dilatoires" -
Le Premier ministre Edouard Philippe doit prendre la parole dans l'après-midi devant la convention. Il devrait rappeler aux participants le but de l'exercice et la promesse d'agir pour la mise en oeuvre de leurs propositions.
M. Macron s'était en avril engagé à ce qu'elles soient soumises "sans filtre, soit au vote du Parlement, soit à référendum, soit (à) application réglementaire directe".
"Ne doutez pas que nous serons à vos côtés pour les faire respecter", a déclaré M. Pech, tandis que sa co-présidente Laurence Tubiana, architecte des accords de Paris, encourageait les participants à explorer toutes les pistes, relevant "qu'on ne sait pas ce qui peut sortir" des travaux.
Les participants bénéficieront pour élaborer leurs suggestions de l'expertise de scientifiques, d'économistes ou encore de chercheurs en sciences sociales ou politiques... Répartis par un nouveau tirage au sort en groupes de travail sur de grandes thématiques - se déplacer, consommer, se nourrir, se loger, produire et travailler - ils se réuniront aussi régulièrement en séances plénières.
Par souci de transparence, celles-ci seront diffusées sur le site de la convention (https://www.conventioncitoyennepourleclimat.fr), où sera également accessible la documentation fournie aux participants.
Ce modèle de "convention citoyenne", inédit en France, a par exemple été utilisé plusieurs fois en Irlande, débouchant notamment sur les référendums sur la légalisation de l'avortement ou le mariage pour tous.
Mais la démarche ne convainc pas nombre d'ONG, qui estiment que l’exécutif en profite pour ne pas assumer ses responsabilités. "La profusion de déclarations et d'instances est la parfaite illustration des manoeuvres dilatoires du gouvernement", dénonce ainsi Greenpeace.
Et dans une tribune publiée sur le site Reporterre, des associations, dont des membres d'Extinction Rebellion, mouvement qui appelle à des actions de désobéissance civile dans la semaine qui vient, ont fustigé "des dispositifs (qui) ne proposent que des mesurettes ou des promesses lointaines et jamais tenues (et) ne servent qu’à gagner du temps".
La réunion à l’Elysée n’a pas abouti sur un accord. Mais avec des lignes rouges qui peuvent paraître très éloignées, la sortie de crise semble encore lointaine. Un début de rapprochement émerge cependant sur la méthode, autour du non-recours au 49.3.
Depuis la chute de Bachar Al-Assad, certaines déclarations de responsables politiques conciliant avec le régime dictatorial refont surface. En octobre 2015 par exemple dans l’émission « Preuves par 3 » sur Public Sénat, Jean-Luc Mélenchon estimait que les bombardements russes et syriens faisaient partie d’une guerre nécessaire contre les rebelles.
Reçus par Emmanuel Macron ce mardi, avec d’autres formations politiques à l’exception de LFI et du RN, socialistes et écologistes se sont engagés, s’ils accèdent au pouvoir, à ne pas utiliser le 49.3 à condition que les oppositions renoncent à la motion de censure. « Ça a été repris par Horizons, par le MoDem », a assuré Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS.
À la sortie d’une réunion avec les partis, hors LFI ou RN, le patron des députés de la Droite républicaine insiste à nouveau sur la nécessité d’aboutir à un accord de non-censure pour qu’un gouvernement survive. Il maintient sa ligne rouge : la droite ne veut ni ministres issus de la France insoumise, ni application du programme du Nouveau Front populaire.