Début du quinquennat Macron : un Sénat constructif mais qui défend les territoires
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, le Sénat a approuvé les premières réformes (moralisation, code du travail, lutte contre le terrorisme) tout en menant la fronde des collectivités territoriales contre les décisions budgétaires du gouvernement. Retour sur les 6 premiers mois du quinquennat vus du Sénat.

Début du quinquennat Macron : un Sénat constructif mais qui défend les territoires

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, le Sénat a approuvé les premières réformes (moralisation, code du travail, lutte contre le terrorisme) tout en menant la fronde des collectivités territoriales contre les décisions budgétaires du gouvernement. Retour sur les 6 premiers mois du quinquennat vus du Sénat.
Alexandre Poussart

Temps de lecture :

6 min

Publié le

Mis à jour le

C’était l’une des surprises de l’été : la venue du président de la République au Sénat, fait très rare à cause de la séparation des pouvoirs, pour inaugurer la première conférence des territoires du quinquennat, lundi 17 juillet 2017.

Cette instance, devant se réunir tous les six mois, a pour vocation d’organiser le dialogue entre l’Etat et les collectivités territoriales. Lors de la première conférence, Emmanuel Macron y a notamment annoncé l’installation du très haut débit sur le territoire en 2020.

Le Sénat, chambre d’écho de la colère des territoires

« On ne redressera pas la France sans, ou contre, les collectivités », prévient Gérard Larcher
03:44

Malgré cette première conférence des territoires, le Sénat, chambre du Parlement représentant les collectivités territoriales, s’est fait rapidement l’écho de la grogne des élus locaux, provoquée par une série de mesures du gouvernement : suppression d’une partie des emplois aidés, baisse de la dotation générale de fonctionnement de 300 millions d’euros pour 2017, baisse des aides aux logement (APL).    

Loi de moralisation : le Sénat défend la réserve parlementaire

Bruno Retailleau : « Et en plus on va supprimer la réserve parlementaire ? »
00:38

Autre mesure pouvant affecter les territoires, la suppression de la réserve parlementaire, comprise dans la loi de confiance en la vie publique, adoptée cet été. Les sénateurs, pourtant favorables aux autres mesures de moralisation de la vie politique, se sont fermement opposés à la suppression de cette enveloppe de 130 000 euros par an, que chaque parlementaire distribue pour financer la vie locale (associations et petites communes). “On coupe les moyens des parlementaires pour aider des projets d’investissements, comme des écoles, des terrains de sports”, avait alors réagir Bruno Retailleau, pdt du groupe Les Républicains au Sénat.

Réforme du code du travail par ordonnances : la droite séduite

Sur le plan économique, la droite sénatoriale s’est en revanche montrée beaucoup plus favorable à la réforme du code du travail par ordonnances qui élargit la prépondérance de l’accord d’entreprise sur l’accord de branche, plafonne les indemnités prud'homales, et fusionne les instances représentatives du personnel.

« Je ne veux pas laisser à croire l’idée qu’il y aurait ici des méchants qui veulent absolument précariser », prévient Jean-Baptiste Lemoyne
02:35

Certains points de ces ordonnances ont mobilisé l’opposition des sénateurs socialistes et communistes comme le CDI de mission ou de chantier : « il s’agit de contrats à durée indéterminée… sur une durée déterminée », avait dénoncé le sénateur socialiste Jean-Louis Tourenne, pointant la progression du nombre de contrats précaires en France.  

Etat d’urgence dans le droit commun : le Sénat protège les libertés

Philippe Bas évoque le rôle du Sénat dans l'examen du projet de loi sur le terrorisme
04:05

Dans le domaine de la sécurité, la majorité sénatoriale a également approuvé la loi antiterroriste du gouvernement qui inclut dans le droit commun des mesures de l’état d’urgence afin d’en sortir : assignations à résidence, la mise en place de périmètres de sécurité et perquisitions administratives, pudiquement rebaptisées « visites et saisies. » La commission des Lois du Sénat a néanmoins pointé les risques de certaines mesures pour les libertés des citoyens et a créé une clause d’autodestruction de ces dispositifs que le Parlement pourra activer en 2021.

Le revers de La République en Marche aux élections sénatoriales

François Patriat : « Il n’y avait pas de chronique de victoire annoncée »
01:51

Conséquences des mesures de l’été sur les collectivités territoriales, les élus locaux, grands électeurs lors du scrutin des élections sénatoriales, ont infligé un premier revers au mouvement d’Emmanuel Macron lors du renouvellement de la moitié du Sénat en septembre. Les sénateurs de La République en Marche, emmenés par François Patriat, ont formé un groupe d’une vingtaine de membres, alors que l’objectif d’une soixantaine de sénateurs avait été fixé au début de l’été.

Budget : la droite du Sénat défend les communes, les retraités et les familles

Le Sénat a souhaité examiner le premier budget du quinquennat d’Emmanuel Macron qu’il a qualifié de “sincère”. La droite du Sénat a validé les mesures favorables aux entreprises et aux investisseurs, comme la taxe unique de 30% sur les revenus du capital, en allant parfois plus loin, avec la suppression totale de l’impôt sur la fortune et les 3 jours de carence pour les fonctionnaires en cas d’arrêt maladie.

Le sénateur LR Albéric de Montgolfier défend l'annulation de la suppression de la taxe d'habitation
03:02

Néanmoins certaines lignes fortes de ce budget ont été rejetées par les sénateurs comme la suppression de la taxe d’habitation et la hausse de la CSG pour les retraités. La majorité de la Haute assemblée a aussi proposé d’augmenter le plafond du quotient familial, jugeant que les familles étaient les grandes oubliées de ce budget.

2018 : la révision de la Constitution en ligne de mire

En 2018, Emmanuel Macron aura besoin de l’aval de la majorité du Sénat pour faire passer ses réformes institutionnelles. La baisse du nombre de parlementaires doit être votée dans une loi organique par l’Assemblée nationale et le Sénat, puisque cette réforme touche à leur propre fonctionnement.

Une révision de la Constitution devant le Congrès (⅗ des suffrages exprimés sont nécessaires) est requise pour la rénovation de la procédure parlementaire, la suppression de la Cour de justice de la République, la réforme du Conseil supérieur de la magistrature, et le non cumul de plus de 3 mandats dans le temps. Cette dernière mesure représente une ligne rouge pour la droite sénatoriale alors que Gérard Larcher, président du Sénat et Emmanuel Macron veulent trouver un terrain d’entente sur cette révision. Si le nombre de sénateurs diminue (de 348 à environ 230), le Sénat demandera des garanties sur la bonne représentation des territoires. En cas de désaccord avec la Haute Assemblée, l’hypothèse d’un référendum devant le peuple n’est pas exclue.

Partager cet article

Dans la même thématique

Début du quinquennat Macron : un Sénat constructif mais qui défend les territoires
5min

Politique

Mercosur : le Sénat appelle l'exécutif à saisir la Cour de justice de l’Union européenne

Alors que le traité de libre échange pourrait être ratifié samedi par la présidente de la Commission européenne, la France a réaffirmé ce week-end son rejet du texte en l’état. Après l’Assemblée nationale fin novembre, c’est au tour du Sénat de se prononcer à l’unanimité sur une proposition de résolution visant à demander au gouvernement de saisir la Cour de justice de l’Union européenne pour vérifier la conformité de l’accord.

Le

French President Emmanuel Macron Meets Readers in Marseille to Discuss Democracy and Social Media
5min

Politique

Narcotrafic et plan « Marseille en grand » : ce qu’il faut retenir de la visite d’Emmanuel Macron dans la cité phocéenne

Nouvelle visite du chef de l’Etat dans sa ville de cœur. Après s’être rendu ce matin sur la tombe de Mehdi Kessaci, assassiné par des narcotrafiquants, Emmanuel Macron a annoncé une salve de mesures pour lutter contre le narcotrafic qui gangrène Marseille. Entre une rencontre avec les lecteurs de la Provence, l’inauguration d’un commissariat et la visite du chantier de la gare, Emmanuel Macron a aussi défendu le bilan de son plan « Marseille en grand ».

Le

Déclaration de politique générale et avenir de la Nouvelle Calédonie en séance au Sénat ce 15 octobre
2min

Politique

Budget : qui sont les sénateurs qui participeront à la commission mixte paritaire ?

Outre le président PS et rapporteur général LR de la commission des finances, Claude Raynal et Jean-François Husson, seront présents en CMP les sénateurs LR Christine Lavarde et Stéphane Sautarel, qui suit les collectivités, ainsi que le centriste Michel Canévet et le sénateur Horizons Emmanuel Capus, qui ont défendu plus d’économies durant les débats. Pour le PS, on retrouve le chef de file du groupe, Thierry Cozic.

Le