« De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France sera sauvée ! », assurait Danton. « De la décentralisation, encore de la décentralisation, toujours plus de décentralisation ! », aurait pu paraphraser Gérard Larcher. Tel est le message qu’a voulu faire passer le président du Sénat, mardi, en marge du congrès de l’Association des maires de France. Interrogé par Public Sénat, le troisième personnage de l’État a fait valoir l’investissement des édiles face à la crise sanitaire liée au covid-19 et ses conséquences économiques, pour justifier la nécessité de déléguer davantage de responsabilités aux collectivités. « L’action des maires durant la crise sanitaire a montré leur agilité, leur souplesse et la complémentarité entre la commune, le département et la région », a expliqué Gérard Larcher.
« Nous avons eu un État en difficulté, à certains moments défaillant. Souvenons-nous de l’épisode des masques, de l’ouverture des centres de vaccination… À chaque fois c’est dans un dialogue entre l’État à l’échelon local et les collectivités que nous avons pu avancer », souligne l’élu des Yvelines. « Les maires ont joué un rôle très important, notamment au moment des confinements […] Ils ont été attentifs aux plus fragiles de nos concitoyens. On le voit bien : la proximité, c’est le maire, les élus municipaux. »
« La loi 3DS est insuffisante »
Bref, un sens des responsabilités et de l’action qui prouve que l’État doit faire davantage confiance aux territoires. « Il faut aller beaucoup plus loin », estime le président du Sénat. « La loi 3DS est insuffisante, même s‘il y a des éléments très forts, notamment sur l’intercommunalité à la carte », note-t-il. Le sujet devra être, selon lui, l’un des axes politiques du prochain quinquennat.
Un avertissement néanmoins : « Que serait une décentralisation qui ne permettrait pas aux collectivités de retrouver une part d’autonomie financière ? C’est cet aspect qu’il faudra reposer après la présidentielle », insiste Gérard Larcher. En ligne de mire : la baisse des dotations et la suppression de la taxe d’habitation, deux éléments de friction aux cours des dernières années entre les maires et l’exécutif.
« Depuis 2012, la perte de dotation globale pour les collectivités territoriales est de plus de 10 milliards. Les communes ont perdu le levier fiscal de la taxe d’habitation, et pour la moitié le levier des impôts de production. Aujourd’hui, les collectivités territoriales sont en face de péréquations que plus personne ne comprend », résume Gérard Larcher pour qui « nous sommes arrivés au bout du système ».