Décentralisation : « La loi 4D est minimale », regrette Jean-Pierre Raffarin

Décentralisation : « La loi 4D est minimale », regrette Jean-Pierre Raffarin

Invité de la matinale de Public Sénat « Bonjour chez vous », l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a estimé que l’exécutif n’en faisait pas assez en matière de décentralisation.
Public Sénat

Par Pierre Maurer

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Trop peu. C’est en bref ce que regrette Jean-Pierre Raffarin de la politique de décentralisation du gouvernement. Invité ce jeudi matin de la matinale de Public Sénat « Bonjour chez vous », l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, initiateur des derniers grands mouvements de décentralisation, a estimé que l’exécutif n’allait pas assez loin en la matière. Ainsi, il estime que la loi 4D portée par Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires, est une loi « minimale ». Nombreux sont pourtant les élus locaux à la réclamer et l’attendre avec impatience.

Plus de décentralisation, favorable à des « midterms »

« Ce qu’on voit en termes de décentralisation aujourd’hui, c’est très faible. Dans le texte de la loi 4D on ne parle pas des deux secteurs principaux : l’emploi et la santé », a soulevé Jean-Pierre Raffarin. Comme le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, il s’est dit favorable à ce que la santé devienne une compétence régionale. « L’Etat doit avoir un rôle d’équilibre dans la santé pour assurer l’égalité territoriale. Mais la responsabilité, l’initiative ce devrait être les régions », a-t-il martelé. Et d’appuyer son propos : « La décentralisation, ce sont des libertés en échange de responsabilités ! Il faut leur donner des libertés et des responsabilités. Ce n’est pas seulement donner des transferts de compétences. On confie des responsabilités à la région, mais pas le chômage : c’est une pathologie ! L’emploi et la santé devraient être des grands chantiers de décentralisation ».

Pour améliorer la démocratie, il n’est par ailleurs pas favorable à la proposition de la proportionnelle, soutenue par le président du MoDem François Bayrou, et propose à la place une réduction du mandat de député. « Je serai pour un retour du mandat de député à 4 ans. Des sortes de midterms : des législatives tous les 4 ans qui supprimeraient le droit de dissolution du président de la République. Cela redonnerait de la légitimité aux députés, ils seraient élus en leur propre nom », a-t-il expliqué.

Du reste, il a convenu qu’entre le gouvernement et les élus locaux, il y avait des « incompréhensions », notamment dans la gestion de la crise sanitaire, dont il ne veut pas accabler l’exécutif. « Probablement qu’il y a des insuffisances qui datent d’avant ce gouvernement d’ailleurs. Serait-on mieux en Espagne ou en Italie ? Il y a beaucoup d’arrogance dans la vie politique. Quand on est en guerre, on ne discute pas tous les jours le rôle des officiers », a-t-il tranché. « En crise, on se bat contre l’ennemi. L’ennemi c’est le virus, pas le gouvernement. La situation sanitaire est complètement inédite. L’imprévu domine », a-t-il rappelé, estimant aussi qu’Emmanuel Macron n’avait pas d’autre choix que de suspendre l’utilisation du vaccin AstraZeneca.

Tensions entre les Etats-Unis et la Chine

Egalement président de la Fondation « Leaders pour la Paix », Jean-Pierre Raffarin s’est alarmé de la tournure internationale des événements. « Il y a des fractures au sein de l’Union européenne, c’est certain. Aujourd’hui, bataille s’annonce entre les Etats-Unis et la Chine : la seule réponse pour nous c’est l’Europe, l’Europe de la souveraineté. Il faut qu’elle redevienne Gaullienne, qu’elle ait une stratégie. Mais tout ce qu’il se passe aujourd’hui est inquiétant », a-t-il concédé.

L’ancien cadre de l’UMP note ainsi une forme « de nervosité et d’agressivité internationale », également entre la Russie et les Etats-Unis. « Il peut y avoir à un moment ou un autre une explosion politique : guerre des droits de douane… et un jour ça peut être une action militaire ! », prévient-il.

Autour de lui, Jean-Pierre Raffarin n’observe donc que « des forces négatives dans le monde, sauf une : la planétisation ». Autrement dit : « une humanisation » de la planète par les jeunes, favorables à sa protection. « Le consensus aujourd’hui peut se faire autour de la protection de la planète : les sociétés civiles sont de plus en plus alignées », analyse-t-il, plaidant pour que les démocraties se « parlent » afin de renforcer leur rapport de force face aux « régimes autoritaires ». Et de suggérer une piste : « Qu’est ce qui a sauvé les Etats-Unis de la dérive autoritaire ? C’est la participation électorale : les gens vont tous voter ! »

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