Les sénateurs ont modifié le projet de loi relatif à la décentralisation et à la différenciation (texte 3DS) en transférant aux régions une compétence en matière de coordination du service public de l’emploi. Défavorable, le gouvernement est cependant prêt à discuter sur un rapprochement entre l’Etat et les régions sur cette question.
Décentralisation : le Sénat donne un rôle aux régions dans les politiques de l’emploi
Les sénateurs ont modifié le projet de loi relatif à la décentralisation et à la différenciation (texte 3DS) en transférant aux régions une compétence en matière de coordination du service public de l’emploi. Défavorable, le gouvernement est cependant prêt à discuter sur un rapprochement entre l’Etat et les régions sur cette question.
Les régions sont bien connues pour jouer un rôle important en matière de développement économique. Il s’agit d’une de leurs compétences qui mobilisent la plus grande partie de leurs budgets, après les transports, la gestion des lycées et la formation professionnelle. Actives sur le front de l’économie, les régions ne disposent pas, paradoxalement, de moyens d’action sur les politiques de l’emploi. Cette anomalie est pointée du doigt depuis plusieurs années au Sénat.
Le Sénat a voulu réaffirmer sa position constante sur le sujet dans le projet de loi 3DS (décentralisation, différenciation, déconcentration et mesures de simplification), le texte au menu des débats de séance pour les deux prochaines semaines. L’hémicycle a adopté ce 8 juillet 2021 un article, introduit au moment de l’examen en commission, qui fait de la « coordination des acteurs du service public de l’emploi » une compétence régionale. Les sénateurs l’avaient déjà porté en 2015 lors des débats sur la réforme territoriale (loi NOTRe) ou inscrit dans une proposition de loi en 2017, reprise encore l’an dernier. L’absence de mesures dans le texte concernant la politique de l’emploi était l’une des principales déceptions des régions.
Concrètement, avec l’amendement sénatorial, l’Etat pourra déléguer de nouvelles compétences aux conseils régionaux, comme l’animation et le financement de missions locales. Le texte du Sénat prévoit aussi d’associer les régions à la gouvernance de Pôle emploi. Celles-ci devront être consultées sur la nomination des directeurs régionaux de Pôle Emploi, mais aussi sur la convention pluriannuelle que doivent conclure l’Etat, Pôle Emploi et l’Unedic. Autre évolution : il redonne des attributions perdues par les régions, comme la conduite de la politique régionale d’accès à l’apprentissage. La loi de 2018, « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », avait largement dépossédé les régions dans ce domaine. Depuis cette date, ce sont les branches professionnelles qui gèrent le pilotage et le financement.
« La coordination de la politique de l’emploi doit rester une politique nationale », se sont opposés les communistes, soutenus par le gouvernement
Cet embryon de compétence régionale du service public de l’emploi a reçu un accueil hostile de la part du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste (CRCE). « La coordination de la politique de l’emploi doit rester une politique nationale, une grande cause nationale avec une stratégie nationale », a estimé la sénatrice Céline Brulin. Face aux inégalités économiques entre régions, elle estime que la politique de l’emploi doit faire l’objet d’une « solidarité ».
Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, a aussi demandé, sans succès, la suppression de l’article, partageant les mêmes arguments. L’objet de son amendement de suppression souligne entre autres que « confier le pilotage [de Pôle Emploi] aux régions sans le financement, le rendrait incohérent en termes de responsabilité ».
La rapporteure Françoise Gatel (Union centriste) a d’ores et déjà indiqué que cet apport du Sénat serait l’un des points durs dans la négociation qui les opposera aux députés. « Nous tenons à le garder puisque les régions le demandent. Elles ne peuvent pas avoir l’économie sans avoir l’emploi. Nous voulons voir maintenir et voir prospérer la compétence de coordination de l’emploi ». Ce à quoi Jacqueline Gourault a répondu diplomatiquement : « Naturellement dans la navette, je suis absolument favorable à faire évoluer le rapprochement entre l’Etat et les régions sur une meilleure coordination. On peut continuer à travailler. » Satisfaction de Françoise Gatel. « On a bien fait de contrarier Madame la ministre. »
Dimanche soir, dans le cadre de l’examen du budget 2026, les sénateurs ont adopté le nouveau statut du « bailleur privé », censé apporter une réponse à la crise du logement. Il prévoit un avantage fiscal pour les investissements dans les logements abordables.
Dimanche, lors de l’examen du budget, plusieurs amendements en provenance de la gauche, des écologistes et du centre ont été adoptés afin de renforcer le crédit d’impôt en faveur de l’agriculture bio le faisant passer de 4 500 à 6 000 euros et en le prolongeant jusqu’en 2028.
Le Sénat s’est opposé à la suppression progressive des avantages fiscaux pour les carburants de première génération. Le gouvernement comptait récupérer près de 300 millions d’euros en 2026 et 700 millions à terme, mais la majorité sénatoriale a rejeté une mesure « funeste » pour le monde agricole.
Dans une optique de transition écologique et d’indépendance énergétique, face au gaz importé, la majorité sénatoriale a adopté, dans le cadre du budget, la convergence progressive des taxes sur le gaz et l’électricité. Les ménages se chauffant au gaz devront payer plus cher leur facture, quand ceux qui sont au « tout électrique » la verront baisser.