« Nous ne sommes pas satisfaits du tout ». Le ton est offensif chez François Baroin, président de l’AMF. Après la crise sanitaire traversée par le pays, les représentants de « Territoires Unis » sont particulièrement remontés contre la gestion de celle-ci par l’exécutif. « Nous sommes en face d’un État qui n’entend pas notre message, ultra-centralisé, fonctionnant en silos, verticalisé et inefficace » dénonce le maire de Troyes.
En plus des 50 propositions du Sénat pour le plein exercice des libertés locales présentées la semaine dernière, l’initiative du collectif, soutenu par Gérard Larcher, entend renforcer davantage le poids des territoires vis-à-vis du gouvernement.
Une remise en question du rôle des ARS
Au cœur des propositions destinées à participer à l’élaboration du projet de loi « 3D » (décentralisation, différenciation, déconcentration), la rénovation du système de santé, qui a montré ses limites ces derniers mois selon Dominique Bussereau, président de l’ADF : « On voit bien, et on le savait avant le Covid, qu’au fil des années on s’est éloigné des réalités locales au profit d’une approche purement budgétaire et hospitalo-centrée, et que les Autorités régionales de santé sont déconnectées de la vie des territoires ».
Des critiques fortes accompagnées d’éléments de réponses avec deux objectifs concrets : limiter l’action des ARS au seul champ sanitaire et replacer le préfet en coordinateur des actions locales.
Dominique Bussereau, président de l’ADF : « Les ARS sont déconnectées de la vie des territoires »
Le collectif souhaite « plus de libertés locales pour plus d’efficacité » à tous les échelons.
Au niveau communal, « Territoires Unis » demande notamment le renforcement de la médecine de ville et des hôpitaux locaux ainsi que le déploiement de groupements hospitaliers de territoire.
Pour les départements, le collectif souhaite leur attribuer la gestion des politiques médicosociales et sociales, la nomination des directeurs des Ehpad et la création d’agences départementales de solidarité.
Créer « un modèle à la française »
Quant aux régions, elles se verraient confier l’aménagement sanitaire du territoire, la lutte contre les déserts médicaux ou encore l’entretien et l’équipement des CHU. Un rôle plus large leur serait aussi donné à travers « la politique des 4E » définie par Renaud Muselier, président de Régions de France : économie, emploi, Europe et environnement.
Renaud Muselier, président de Régions de France : « Il faut avoir une réponse politique pour éviter toute crise politique »
Après 1982 et 2003, les territoires alertent l’État sur l’urgence d’un « acte III » de la décentralisation et demandent aussi davantage de moyens au gouvernement pour faire face à la crise économique.
Ses représentants espèrent même aboutir sur la création d’un « modèle à la française, qui ne soit pas le modèle fédéral allemand, ni le modèle provincial à l’italienne ou à l’espagnole », selon François Baroin.