Havane au bec, truculent et provocateur, l'ancien ministre Michel Charasse, décédé à 78 ans, était un socialiste atypique avec de solides...
Décès de Michel Charasse, socialiste atypique et pilier du mitterrandisme
Havane au bec, truculent et provocateur, l'ancien ministre Michel Charasse, décédé à 78 ans, était un socialiste atypique avec de solides...
Par Céline CASTELLA avec Dominique CHABROL à Paris
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Havane au bec, truculent et provocateur, l'ancien ministre Michel Charasse, décédé à 78 ans, était un socialiste atypique avec de solides amitiés à droite, et le gardien sans faille de la mémoire mitterrandienne.
C'est la mairie de Puy-Guillaume (Puy-de-Dôme), qu'il a dirigée de 1977 à 2010, qui a annoncé son décès des suites d'une longue maladie, dans la nuit de jeudi à vendredi à l'hôpital de Clermont-Ferrand. La classe politique a aussitôt rendu hommage à cet "esprit brillant", "un homme entier et fidèle".
"La République pleure ce jour un de ses serviteurs les plus passionnés", a réagi Emmanuel Macron, qui le consultait de temps à autre et lui avait rendu visite en octobre 2019 à l'hôpital où il était soigné.
"L'esprit de ses combats, la force de son engagement ne nous quitteront pas", a encore écrit sur Twitter le chef de l’État qui, en janvier, avait remis les insignes d'officier de la Légion d'honneur à l'ancien ministre du Budget (1988-1992).
Le chef de l'État assistera aux obsèques du défunt, mercredi à Puy-Guillaume, selon des sources concordantes.
Le nom de Michel Charasse, longtemps sénateur et qui a siégé de 2010 à 2019 au Conseil constitutionnel, reste attaché à la présidence de François Mitterrand, dont il a été le conseiller et l'un des fidèles bien après la disparition de l'ex-chef de l’État.
Vieux routier du socialisme, cet amateur de cigares avait adhéré à la SFIO en 1962 et avait été exclu du PS en 2008, quelques mois après avoir reçu, entre les deux tours de la présidentielle de 2007, le candidat de la droite Nicolas Sarkozy dans sa mairie de Puy-Guillaume.
Michel Charasse, membre du Conseil Constitutionnel, en 2018 à Paris
AFP/Archives
Né le 8 juillet 1941 à Chamalières (Puy-de-Dôme), licencié en droit et diplômé de Sciences Po, il obtient son premier mandat électif en 1977 comme maire de Puy-Guillaume.
Il siège ensuite au Sénat, de 1981 à son entrée dans le gouvernement Rocard comme ministre du Budget. Bretelles et lunettes rondes, il doit alors une partie de sa popularité à son soutien, en 1988, à l'"amendement Coluche" qui permettait d'assurer un meilleur financement des "Restos du cœur".
En 1992, il retrouve le Palais du Luxembourg et cumule les mandats de sénateur, maire et conseiller général du Puy-de-Dôme.
- Une "fidélité éternelle" à Mitterrand -
Auvergnat tout en rondeur, il a longtemps été le conseiller ès-Constitution de François Mitterrand à l’Élysée et s'enorgueillissait de n'avoir "pendant quatorze ans, fait faire aucune erreur constitutionnelle au président".
Michel Charasse aux côtés de Mazarine Pingeot, fille de François Mitterrand, le 8 juin 2004 au Cimetière de Jarnac où repose l'ancien président socialiste
AFP/Archives
Parfois controversé, soupçonné dans de proximité avec la droite dans son camp, notamment avec Brice Hortefeux, Auvergnat comme lui, sa popularité à gauche avait pris un sérieux coup après sa rencontre de 2007 avec Nicolas Sarkozy. "J'ai beaucoup d'amitié pour Michel Charasse depuis longtemps", affirmait alors le futur président.
Mais l'ex-ministre réservait sa "fidélité éternelle" à François Mitterrand, qui appréciait son humour et son franc-parler.
Éminence grise et confident du président défunt, il l'a sans relâche défendu contre toute attaque posthume. Michel Rocard, qui avait osé en 1998 mettre en doute l'honnêteté de l'ancien président, s'était vu qualifier de "petit gris, fripé, triste et raté !"
Vice-président de l'institut François Mitterrand, il confiait penser très souvent à l'ancien chef de l’État : "Je rêve qu'il me parle".
Le Premier ministre Édouard Philippe a salué vendredi un "esprit brillant, juriste inventif" et son "sens de la formule rare".
Michel Charasse avec le président François HOllande en 2015 à la mairie de Puy-Guillaume (Puy-de-Dome)
POOL/AFP/Archives
Nous perdons "une personnalité et un ami d'une énergie et d'une science de l'amitié sans pareille", a réagi le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius.
Réaction beaucoup plus retenue du Premier secrétaire du PS, Olivier Faure : "Michel Charasse a marqué de sa personnalité la présidence de François Mitterrand dont il fut un témoin, un acteur et la mémoire jusque dans ses dernières heures".
Le premier ministre joue peut-être son avenir cette semaine. Après avoir de nouveau déjeuné avec les cadres du socle commun, il sera confronté jeudi à une nouvelle mobilisation puis recevra des socialistes très déçus après son interview. « Au moment où je vous parle, on est plutôt sur la dynamique de la censure », prévient Patrick Kanner, patron des sénateurs socialistes. Mais le PS ne ferme pas encore la porte.
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Après celle de Marine Le Pen, la condamnation de Nicolas Sarkozy conduit une nouvelle fois certains responsables politiques à mettre en cause l’impartialité de la justice. Le Syndicat de la magistrature est, de nouveau, dans le viseur de l’extrême droite qui demande sa suppression. Cette suspicion à l’encontre de juges avait donné lieu au vote d’une disposition au Sénat en 2023 pour imposer le respect du principe d’impartialité pour les magistrats syndiqués.