40eme anniversaire de l’abolition de la peine de mort au Pantheon a  Paris
Emmanuel Macron et Robert Badinter.Le president de la republique, durant la Commemoration du quarantieme anniversaire de l'abolition de la peine de mort, au Pantheon a Paris, France, le 9 octobre 2021. French President celebrates the 40th anniversary of the abolition of the death penalty at the Pantheon in Paris, France, October 9th, 2021.//04SIPA_1.1181/2110091620

Décès de Robert Badinter : le monde politique fait part de son admiration pour « l’icône de la République »

Le décès de Robert Badinter à l’âge de 95 ans dans la nuit de jeudi à vendredi a été accompagné d’une pluie d’éloges sur son parcours politique incomparable. « Une figure du siècle » a salué Emmanuel Macron « un juste parmi les justes », pour Laurent Fabius.
Simon Barbarit

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Rarement le décès d’une personnalité politique n’aura entraîné autant d’éloges. C’est parce que Robert Badinter, décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à l’âge de 95 ans, était plus que ça. « Avocat, garde des Sceaux, homme de l’abolition de la peine de mort. Robert Badinter ne cessa jamais de plaider pour les Lumières. Il était une figure du siècle, une conscience républicaine, l’esprit français », a salué Emmanuel Macron sur X. Le chef de l’Etat a également annoncé qu’un hommage national lui sera rendu ». Robert Badinter pourrait-il rejoindre le Panthéon ? « J’aurai l’occasion de m’exprimer lors de l’hommage national que nous sommes en train d’organiser en lien avec la famille », a-t-il répondu.

Ministre de la Justice du président socialiste François Mitterrand (1981-1986), il porta la loi du 9 octobre 1981 qui abolit la peine de mort, dans une France alors majoritairement en faveur de ce châtiment suprême. Jusqu’à son « dernier souffle de vie », il s’engagera pour l’abolition universelle de la peine capitale. « Robert Badinter entre aujourd’hui dans le Panthéon des grands Hommes qui auront à jamais marqué l’histoire de France ! », a rendu hommage sur X, Gérard Larcher, le président du Sénat.  « Un juste parmi les justes », a déclaré le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius en hommage à l’un de ses prédécesseurs à la plus haute juridiction du pays. Après son départ du gouvernement de Laurent Fabius, Robert Badinter présida pendant neuf ans le Conseil constitutionnel (1986-à 1995).

« C’est certainement l’homme politique qui m’a le plus impressionné »

Il sera par la suite sénateur socialiste pendant de longues années, de 1995 à 2011. « En siégeant à ses côtés au Sénat, j’ai tellement admiré Badinter ! C’était un orateur qui faisait vivre ses mots comme des poésies. Il raisonnait en parlant et sa force de conviction était alors sans pareille. Peu importe les désaccords. Je n’ai jamais croisé un autre être de cette nature. Il était tout simplement lumineux », a de son côté salué sur X le leader LFI Jean-Luc Mélenchon.

L’ancien sénateur UMP, Jean-René Lecerf qui l’a côtoyé de nombreuses années à la commission des lois de la chambre haute confirme ce sentiment. « C’est certainement l’homme politique qui m’a le plus impressionné. Il n’était pourtant pas de ma famille politique mais il était de toute façon au-dessus des querelles partisanes. Certains trouvaient qu’il pouvait être hautain voire cabot, alors qu’il était très simple. Quand j’ai un coup de blues je relis ce qu’il avait dit lors de l’examen de la loi pénitentiaire. Lorsqu’il m’avait rendu hommage en nommant le texte de la garde des Sceaux, Rachida Dati, « la loi Lecerf », se remémore l’ancien sénateur. « La loi Lecerf marquera le moment où l’État de droit aura cessé d’être seulement une référence pour devenir une réalité dans l’univers carcéral », avait effectivement déclaré Robert Badinter, à la tribune.

« Immense avocat, garde des Sceaux visionnaire et courageux, Robert Badinter incarnait notre République et ses valeurs. Profondément épris de justice, artisan de l’abolition, homme de droit et de passion, il laisse un vide à la hauteur de son héritage : incommensurable » a tweeté l’actuel garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti.

Pour Philippe Bas, sénateur LR, « Robert Badinter est le père de l’abolition de la peine de mort, avant qu’elle ne soit consacrée dans la Constitution par Jacques Chirac en 2007 et qu’elle ne devienne, en quelque sorte, irréversible. C’était aussi un avocat courageux, pétri de valeurs humanistes et un président du Conseil constitutionnel qui a contribué à faire avancer les libertés de notre pays ».

« Il est rentré au Panthéon des hommes et des femmes de progrès »

« Il est à l’origine de l’abolition de la peine de mort mais aussi de la dépénalisation de l’homosexualité, la Cour de sûreté de l’Etat… Il est rentré au Panthéon des hommes et des femmes de progrès. Il est l’un des plus grands personnages de la gauche de responsabilité et de courage. C’est une icône du socialisme mais aussi de la République », qualifie le président du groupe PS du Sénat, Patrick Kanner qui a eu l’occasion d’être reçu chez Robert Badinter il y a quelques années. « Son bureau était un véritable musée. Il était passionné par la Révolution française et il m’avait montré deux actes juridiques signés par Robespierre et Danton », rapporte le sénateur.

Robert Badiniter, qui avait connu l’Occupation et perdu une bonne partie de sa famille dans les camps nazis, s’était « mobilisé pour la panthéonisation de Manouchian, à une époque où ce dossier stagnait un peu, ce qui est en ligne avec son combat pour la défense des étrangers », rappelle le sénateur communiste, Pierre Ouzoulias. « Plus jeune, je regardais ses discours au Sénat. Ce sont des morceaux d’éloquence sublime. Il y avait une forme de recueillement dans l’hémicycle. Il a incarné une forme d’humanité absolue, en France comme à l’étranger. Robert Badinter c’est une référence qui ne bouge pas, ce qui est tellement rare aujourd’hui », ajoute-t-il.

« Son engagement, c’était le droit, la justice, la liberté. Ses discours étaient extrêmement émouvants au sens où ils vous rendaient intelligent. C’était ça la force de Robert Badinter, le pari de l’intelligence », a réagi l’ancien président socialiste, François Hollande.

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