Décivilisation : “L’explosion des violences de toutes sortes nous menace” alerte Alexis Lacroix
Ce jeudi, Emmanuel Macron s’est rendu à Roubaix pour un hommage à trois policiers tués dans un accident de la route. Alors qu’ils transportaient une femme à l’hôpital, leur véhicule a été percuté par un chauffeur sous l’emprise de la drogue. Le président a dénoncé des « comportements irresponsables qui tuent » avant d’ajouter que tous ceux qui dans leur service s’occupent des Français et les protègent « méritent respect et considération. » Pour le journaliste Alexis Lacroix invité de l’émission Et maintenant ! il y a un risque « d’explosion des violences ».
La France est-elle en train de se « déciviliser » ? Le terme n’a pas encore fait son entrée dans le dictionnaire mais il a déjà fait beaucoup de bruit. En conseil des ministres ce 24 mai, ce serait le président Emmanuel Macron lui-même qui l’aurait employé au sujet des violences faites aux personnes et notamment aux élus et aux forces de l’ordre.
Il faut être intraitable sur le fond. Aucune violence n’est légitime, qu’elle soit verbale ou contre les personnes. Il faut travailler en profondeur pour contrer ce processus de décivilisation. (Emmanuel Macron)
Pour quelles raisons le président a-t-il précisément choisi ce mot ?
L’opposition a très vite relevé une faute politique, et nombreux sont ceux qui se sont offusqués de l’emprunt d’un terme de l’auteur d’extrême droite Renaud Camus, par le Président. Si le terme peut choquer, reflète-t-il cependant la situation actuelle de la France ?
Pour le journaliste et éditorialiste Alexis Lacroix, si le pays n’est pas encore rentré dans un « processus de décivilisation », il précise que nous sommes effectivement menacés par « l’explosion des violences » et évoque une brutalisation de la société « porteuse de solutions extrémistes extrêmement dangereuses. »
L'explosion des violences de toutes sortes nous menace
Un constat que Sophie de Ravinel ne partage pas. Journaliste politique au Figaro, elle estime que de toute son histoire, la France n’a jamais été aussi peu violente, prenant notamment en exemple la nette amélioration des relations entre hommes et femmes.
La violence était beaucoup plus forte dans le passé
Toujours est-il que les violences et les agressions se multiplient ces dernières semaines notamment à l’encontre de ceux qui œuvrent pour aider les Français, dont les infirmiers et policiers font partie. On note également une montée des violences contre des élus avec une augmentation de 32 % en 2022 par rapport à l’année précédente.
1 293 maires ont démissionné depuis 2020
La question est désormais de comprendre à quoi sont dues ces violences, ce qu’elles reflètent de notre société et quelle est la responsabilité de la classe politique dans le climat de tension que la France connaît.
Il faut voir en quoi cette décivilisation découle d’une perte d’influence de l’Europe au niveau mondiale
Interrogée à ce propos, Sophie de Ravinel estime que cette décivilisation est l’expression « d’une perte d’influence de l’Europe au niveau mondial » et d’une « angoisse d’une société habitée par l’influence des Etats-Unis ! »
Reste à savoir quels propositions le gouvernement est-il en mesure d’apporter pour mettre un terme à ces violences.
Les hausses d’impôt ciblées sur les grandes entreprises et les plus fortunés, annoncées par Michel Barnier, continuent de diviser la majorité relative. Frondeur en chef, Gérard Darmanin continue de profiter de sa liberté retrouvée en jouant sa propre partition, au risque d’affaiblir le premier ministre. Tous ne ferment pourtant pas la porte à la hausse de la fiscalité.
Le Premier ministre a indiqué que la réforme constitutionnelle sur le corps électoral de Nouvelle-Calédonie, élément déclencheur des violences dans l’archipel, « ne sera pas soumise » au Congrès. Si cette annonce a soulevé la colère de certains membres du camp présidentiel, de nombreux élus, indépendantistes ou loyalistes, saluent la volonté d’apaisement affichée par le nouveau gouvernement.
Les sénateurs Les Républicains vont publier une tribune en soutien à Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, après la polémique sur l’Etat de droit qui ne serait « pas intangible, ni sacré ». Roger Karoutchi, sénateur LR des Hauts-de-Seine, l’a co-signée. Pour lui, l’Etat de droit « n’est pas immuable » et « l’expression populaire peut le faire évoluer ».
Depuis un forum à Berlin, Emmanuel Macron a estimé mercredi qu’une « taxation exceptionnelle sur les sociétés », telle qu’annoncée par le gouvernement de Michel Barnier, était « bien comprise par les grandes entreprises » mais qu’elle devait être « limitée ». La veille, Michel Barnier avait annoncé aux députés, lors de son discours de politique générale, qu’une participation serait demandée aux « grandes entreprises qui réalisent des profits importants » et aux « Français les plus fortunés », au nom de la « justice fiscale ». Cette taxation exceptionnelle a été confirmée par le Premier ministre au Sénat, ce mercredi. A la sortie du discours de politique générale, le président du groupe écologiste du Sénat, Guillaume Gontard reste prudent. « On verra le montant et l’orientation de cette mesure. Mais une taxation sur les superprofits, c’est quelque chose qu’on a portée et qu’on continue à porter. Que de temps perdu pour se rendre compte qu’on avait besoin d’un peu de justice fiscale », a-t-il regretté sur le plateau de Public Sénat. A ses côtés, la présidente du groupe communiste, Cécile Cukierman s’interroge sur le rôle joué par Emmanuel Macron en cette période inédite. « Ce qui est étonnant, c’est que le Président donne son avis sur un débat qui doit se dérouler entre le gouvernement et le Parlement. Ce serait bien qu’il ne commente pas chaque mesures qui n’ont pas été encore votées d’ailleurs et qui laisse le Parlement faire son travail ».
Mercredi 17 mai, la commission des lois du Sénat auditionnera le maire de Saint-Brévin-les-Pins, Yannick Morez qui a démissionné de son mandat après l’incendie de son domicile il y a deux mois. L’élu n’avait pas bénéficié, par la suite, de la protection de l’Etat. Cette situation interpelle les sénateurs qui travaillent depuis des années sur les violences faites aux élus. Le président de la commission des lois n’exclut pas de mener d’autres auditions.