Allocution televisee de Emmanuel Macron.
Le president francais, Emmanuel Macron, lors de son allocution televisee a la nation, prononcee depuis le palais de l Elysee, a Paris, le 17 avril 2023. French President Emmanuel Macron during his televised address to the nation from the Elysee Palace in Paris on 17 April 2023.//ACCORSINIJEANNE_ALLOCUTION.006/Credit:ACCORSINI JEANNE/SIPA PRE/SIPA/2304172038

Déclaration de Macron : « Les 100 jours, en général, c’est pour un début de mandat », réagit Patrick Kanner

Après la prise de parole d’Emmanuel Macron, le sénateur LR Roger Karoutchi raille une déclaration qu’il aurait pu faire « pour ses vœux du 31 décembre ». Son collègue LR, Stéphane Le Rudulier, relève cependant « une barre à droite, quoi qu’on en dise ». A gauche, le socialiste Patrick Kanner y a vu « un aveu d’inefficacité ». L’écologiste Guillaume Gontard a lui préféré « taper sur des casseroles » car « les Français ne souhaitent pas lâcher » sur les retraites.
François Vignal

Temps de lecture :

7 min

Publié le

Mis à jour le

Le Président a parlé. Pas sûr qu’il ait été entendu. Trois jours après la validation de la réforme des retraites par le Conseil constitutionnel, Emmanuel Macron a tenté de reprendre la main lors d’une allocution télévisée, ce lundi à 20 heures. Rien de nouveau sur le fond, si ce n’est « un pacte de la vie au travail » et des chantiers fixés sur l’ordre républicain et le progrès. Il donne rendez-vous dans « 100 jours », pour faire le point, soit au 14 juillet.

« Lucide, compassionnel, engagé et volontariste » salue François Patriat

Pour le fidèle macroniste François Patriat, à la tête des sénateurs Renaissance, Emmanuel Macron « a été à la fois lucide, compassionnel, engagé et volontariste ».

Mais n’aurait-il pas fallu annoncer d’actes plus forts ? « A quoi ça sert de faire des grandes déclarations, qui ne sont pas suivies ? Là, il propose des choses concrètes qui vont changer la vie des Français. Les Français aiment les grands discours et les grands textes de loi, mais attendent des changements dans la vie quotidienne », répond le sénateur de la Côte-d’Or, selon qui « le pragmatisme et le réalisme doivent l’emporter sur le rêve et l’idéalisme ».

« Aucune remise en question, aucun changement de méthode, aucune rupture dans une politique qui déçoit depuis six ans », dénonce Bruno Retailleau

Les acteurs politiques auront noté que le chef de l’Etat a évoqué l’idée de « coalition ». Mais « une coalition, ça veut dire quoi ? Qu’est-ce qu’on met dedans ? Pour l’instant, ce ne sont que des mots. On verra s’il y a un changement de méthode », soutient sur le plateau de Public Sénat le sénateur LR Stéphane Le Rudulier, qui demande si « on peut projeter les trois chantiers avec le même gouvernement et la même première ministre, qui a été assez abîmée avec la réforme des retraites ? » Le sénateur LR se dit « assez perplexe, même si sur le cap, clairement, il y a une barre à droite, quoi qu’on en dise. […] Il a compris qu’il fallait au minimum 40 députés LR pour avoir une majorité sur les textes ». Regardez :

Réagissant sur Twitter, le président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau, a vu pour sa part « un discours attendu », avec « Emmanuel Macron comme à son habitude : bardé de certitudes et de promesses de lendemains qui chantent. Mais aucune remise en question, aucun changement de méthode, aucune rupture dans une politique qui déçoit depuis six ans ».

« On est dans une crise sociale et politique dont on ne sortira pas simplement en évoquant des thèmes généraux », selon Roger Karoutchi

« Il aurait pu faire exactement la même intervention pour ses vœux du 31 décembre », raille le sénateur LR Roger Karoutchi, qui note qu’« il a considéré que la page des retraites était tournée, et qu’il se projette avec un nouveau slogan : l’élan national ». Mais le premier vice-président du Sénat souligne « que l’élan national ne peut être fondé que sur l’adhésion et l’unité ». Il ajoute :

L’élan dont il parle est totalement idéalisé.

En réalité, Roger Karoutchi ne « comprend pas bien l’intervention de ce soir, qu’il aurait pu faire dans 15 jours ou il y a 3 mois. On est dans une crise sociale et politique dont on ne sortira pas simplement en évoquant des thèmes généraux ». Concernant la « loi travail », le sénateur LR des Hauts-de-Seine ne la voit « pas avant l’été. Je pense que ce sera après les sénatoriales. Il faut au moins deux ou trois mois de discussions avant. Et on est déjà fin avril ». Quant à la réforme des institutions, que le chef de l’Etat a de nouveau évoquée, Roger Karoutchi n’y croit pas : « Je ne suis pas convaincu qu’il ait la capacité politique de faire une réforme des institutions. Il faut un congrès. Et trouver une majorité des 3/5 aujourd’hui… Il ne faut pas en demande trop à Elisabeth Borne, elle a déjà assez de mal comme ça ».

« Je suis impressionné par ses redites permanentes », pointe Patrick Kanner

A gauche, on a la dent dure contre Emmanuel Macron. « Je suis impressionné par ses redites permanentes », réagit Patrick Kanner, président du groupe PS du Sénat, « on pourrait reprendre ses vœux de 2018, on retrouverait les mêmes mots ». Le « pacte sur la vie au travail », « c’est un chantier qu’il aurait fallu mener avant celui des retraites. Il y a une erreur fondamentale », dénonce par ailleurs le sénateur PS, qui s’étonne du rendez-vous fixé à l’été : « Les 100 jours, en général, c’est pour un début de mandat, or ça fait 71 mois qu’il est là ».

Patrick Kanner ajoute qu’« il donne 100 jours à Elisabeth Borne pour répondre aux préoccupations des Français, sans aucun détail. Il n’y a rien. C’est un énième discours de vœux, d’un Président qui a perdu sa crédibilité ». « Nous parler de négociation des salaires, de partage de la richesse, de planification écologique, de santé, de la place du service public, alors que ça fait 71 mois qu’il est là, c’est un aveu d’inefficacité », insiste le patron des sénateurs PS.

« Cette mobilisation devant les mairies, avec ce concert de casseroles, rappelle qu’on a encore 70 % des gens qui disent non à la réforme des retraites », souligne Guillaume Gontard

Guillaume Gontard, président du groupe écologiste du Sénat, a pris connaissance des déclarations d’Emmanuel Macron avec un peu de décalage. « Dans un premier temps, comme je tapais sur des casseroles (avec d’autres manifestants, ndlr), je n’ai pas écouté ! Mais j’ai pu voir ce qui est sorti de ce monologue car on a un Président tout seul, qui croit qu’il peut indiquer le bon chemin, alors que ça fait longtemps qu’il fait fausse route », lance le sénateur de l’Isère depuis Grenoble, avec le son des casseroles derrière lui.

Justement, « cette mobilisation devant les mairies, avec ce concert de casseroles, rappelle qu’on a encore 70 % des gens qui disent non à la réforme des retraites, et un Président qui s’entête, disant qu’on peut passer à autre chose », soutient Guillaume Gontard.

Pour le président du groupe écologiste, « il y a un besoin de changement de méthode, et il faudra revenir sur les institutions. Mais ce n’est pas en une phrase, comme le fait Emmanuel Macron. Pour moi, c’est le cœur du programme. On voit bien que les institutions, où un seul homme décide tout seul, ne sont plus adaptées à ce besoin de démocratie ». Pour l’heure, Guillaume Gontard croit que la bataille « n’est pas finie, avec une manifestation du 1er mai qui sera sans précédent. Emmanuel Macron veut enjamber et passer à autre chose, mais on est bien dedans encore. Les Français ne souhaitent pas lâcher ».

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Déclaration de Macron : « Les 100 jours, en général, c’est pour un début de mandat », réagit Patrick Kanner
3min

Politique

« Ce sont des centaines de milliers de patients qui sont aujourd’hui en train de mourir », alerte ce médecin généraliste installé en Haute-Vienne

En France, neuf millions de personnes vivent dans un désert médical. L’augmentation de ce chiffre ne cesse d’inquiéter les professionnels de santé qui appellent le personnel politique à agir au plus vite, car derrière les statistiques se cache un véritable enjeu sanitaire. Raccourcir les parcours de formation des médecins ? Aller aux devants des patients avec des bus médicalisés ? Axel De Tarlé reçoit la sénatrice Corinne Imbert et le médecin généraliste Martial Jardel pour en débattre dans l’émission Et la Santé ça va ?.

Le

Déclaration de Macron : « Les 100 jours, en général, c’est pour un début de mandat », réagit Patrick Kanner
2min

Politique

« On impose des rythmes de cadres à des enfants », constate Sylvain Chemin, membre de la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant

Depuis septembre, près de 140 citoyens tirés au sort se réunissent plusieurs fois par mois au Conseil économique et social pour débattre des temps de l’enfant. Sylvain Chemin, responsable immobilier à Cherbourg-en-Cotentin et père d’une collégienne en classe de 6ème, a pris part aux travaux de cette nouvelle Convention. Son constat est clair et limpide, la réalité des collégiens et des lycéens est à rebours des mesures préconisées. Il témoigne au micro de Quentin Calmet dans l’émission Dialogue Citoyen.

Le

World News – October 14, 2025
10min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : vers « un vote contre » des députés Renaissance, mais un soutien des sénateurs macronistes

La suspension de la réforme des retraites divise au sein de Renaissance. « Il y a deux écoles », entre ceux, plutôt issus de l’aile gauche, prêts à soutenir « le deal » entre Sébastien Lecornu et le PS, et les autres, notamment de l’aile droite, qui ne veulent pas se « dédire » et pour qui cette « concession énorme » reste au travers de la gorge…

Le

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement
5min

Politique

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement

La définition des séances de travail sur le budget 2026 a froissé le président du Sénat, mardi, lors d’une réunion avec les présidents de commission et le gouvernement. Il estime que le Sénat ne peut pas prendre le relais des textes budgétaires dans de bonnes conditions. Une nouvelle conférence des présidents doit revenir sur la question la semaine prochaine.

Le