Le Premier ministre Sebastien Lecornu prononce son discours de déclaration de politique générale, le 14 octobre 2025 devant l'Assemblée nationale - Crédit : ISA HARSIN/SIPA/2510141556

Déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu : les réactions politiques

Il l’a finalement fait. Dans son discours de politique générale, Sébastien Lecornu a annoncé la suspension de la réforme des retraites jusqu’à la prochaine élection présidentielle de 2027. De quoi satisfaire les socialistes, mais pas forcément le reste de la classe politique.
Aglaée Marchand

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Le PS tendait l’oreille, dans l’attente des mots magiques : la suspension de la réforme des retraites jusqu’à l’élection présidentielle de 2027, alors prononcés par Sébastien Lecornu. A présent, les menaces de censure agitées à l’égard du nouveau gouvernement depuis sa nomination dimanche soir par le parti à la rose semblent s’éloigner, Boris Vallaud reconnaissant « une victoire » et « un premier pas », lors de sa prise parole depuis la tribune de l’Assemblée nationale. Mais, des autres côtés de l’échiquier politique, les inquiétudes et le mécontentement du reste de l’opposition, à gauche comme à droite, se font sentir.

« Une première victoire », pour le PCF

Ce sont bien les seuls, aux côtés des socialistes, à se réjouir de l’annonce de Sébastien Lecornu de suspendre la réforme des retraites. À la suite du discours de politique générale, le secrétaire national du PCF y voit, « une première victoire pour les 500 000 salariés qui en profiteront dès cette année », dans un post sur X. Attribuant cette décision au « fruit de toutes les mobilisations », Fabien Roussel appelle à poursuivre « le combat jusqu’à l’abrogation et pour un financement juste ».

A rebours, les communistes du Sénat expriment « leur opposition frontale à la politique » de Sébastien Lecornu.

La France insoumise s’inquiète d’une « réforme » encore « pire » en 2027

De son côté, le chef de file de la France insoumise déplore que « maintenant tout le monde va faire semblant de ne pas avoir entendu que la suspension de la réforme a une limite fixée ». « Ensuite, elle reprend son cours », insiste Jean-Luc Mélenchon. Et d’avertir : « Le pouvoir élu en 2027 pourrait rattraper le ‘retard’ ou toute autre réforme pire… ».

Alors que le PS « demandait la suspension intégrale et complète de la réforme des retraites », Manuel Bompard souligne à son tour qu’il « n’aura eu qu’une temporisation puisque la proposition du Premier ministre revient à inscrire dans la loi le redémarrage de la réforme Borne au 1er janvier 2028 ». « Le Parti socialiste s’apprête à sauver Macron », houspille l’insoumis, « et à accepter un budget qui comprend », entre autres, « une augmentation générale des impôts via le gel du barème de l’impôt sur le revenu et la CSG » et « la division par deux des efforts sur les grandes entreprises et les plus riches par rapport au dernier budget ».

Il en appelle ainsi les députés socialistes à « désobéir et voter la censure », regrettant que « tout cela [n’ait] rien à voir avec le programme du Nouveau Front Populaire ».

« Nous censurerons ce gouvernement », confirme les Verts

Cette « avancée sur les retraites » ne suffira pas à convaincre les Écologistes de renoncer à la chute du gouvernement. Leur chef de file se « [réjouit] » de cette suspension, mais affirme que les Verts « ne peuvent pas laisser passer ce gouvernement qui s’apprête à soutenir le budget que nous connaissons ». Marine Tondelier pointe du doigt « une année blanche pour les retraites et les prestations sociales » et considère que la feuille de route de Sébastien Lecornu « ne fait quasiment rien sur la justice fiscale et la taxation des plus riches ».

« Ce gouvernement est l’otage des socialistes », condamne les Républicains

Bruno Retailleau ne ménage pas non plus l’exécutif à la suite des annonces du Premier ministre, restant fidèle au mécontentement exprimé par les Républicains face aux gouvernements Lecornu successifs. « La suspension de la réforme des retraites et le silence du Premier ministre sur l’immigration prouvent que ce gouvernement est l’otage de socialistes », s’alarme-t-il, dans un communiqué. Et d’accuser : « Pour éviter la censure, le gouvernement fait payer aux Français un prix considérable », évoquant « une décision incompréhensible, dans un pays écrasé par 3 400 milliards de dettes ».

Pour le RN, LR « s’est donné » à « la Macronie »

Le ton monte aussi à l’extrême droite. Taclant une partie des oppositions, Jordan Bardella dénonce qu’à « l’Assemblée nationale, des Républicains au PS, c’est l’amicale des sauveurs d’Emmanuel Macron qui se succède à la tribune », à l’issue de la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu. Lui emboitant le pas, Marine Le Pen fustige LR qui « à la différence du PS, […] ne s’est pas vendu à la Macronie. Il s’est donné… »

Dans un post sur X, le président du RN tient pour responsable de « cette majorité sans queue ni tête, prête à tous les marchandages », « la peur des urnes et la peur du peuple ».

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