Le PS tendait l’oreille, dans l’attente des mots magiques alors prononcés par Sébastien Lecornu : la suspension de la réforme des retraites jusqu’à l’élection présidentielle de 2027. A présent, les menaces de censure agitées à l’égard du nouveau gouvernement depuis sa nomination dimanche soir par le parti à la rose semblent s’éloigner, Boris Vallaud reconnaissant « une victoire » et « un premier pas », lors de sa prise parole depuis la tribune de l’Assemblée nationale. Mais, des autres côtés de l’échiquier politique, les inquiétudes et le mécontentement du reste de l’opposition, à gauche comme à droite, se font sentir.
« Une première victoire », pour le PCF
Ce sont bien les seuls, aux côtés des socialistes, à se réjouir de l’annonce de Sébastien Lecornu de suspendre la réforme des retraites. À la suite du discours de politique générale de Sébastien Lecornu devant l’Assemblée nationale, le secrétaire national du PCF y voit, « une première victoire pour les 500 000 salariés qui en profiteront dès cette année », dans un post sur X. Attribuant cette décision au « fruit de toutes les mobilisations », Fabien Roussel appelle à poursuivre « le combat jusqu’à l’abrogation et pour un financement juste ».
A rebours, les communistes du Sénat expriment « leur opposition frontale à la politique » de Sébastien Lecornu.
La France insoumise s’inquiète d’une « réforme » encore « pire » en 2027
De son côté, le chef de file de la France insoumise déplore que « maintenant tout le monde va faire semblant de ne pas avoir entendu que la suspension de la réforme a une limite fixée ». « Ensuite, elle reprend son cours », insiste Jean-Luc Mélenchon. Et d’avertir : « Le pouvoir élu en 2027 pourrait rattraper le ‘retard’ ou toute autre réforme pire… ».
Alors que le PS « demandait la suspension intégrale et complète de la réforme des retraites », Manuel Bompard souligne à son tour qu’il « n’aura eu qu’une temporisation puisque la proposition du Premier ministre revient à inscrire dans la loi le redémarrage de la réforme Borne au 1er janvier 2028 ». « Le Parti socialiste s’apprête à sauver Macron », houspille l’insoumis, « et à accepter un budget qui comprend », entre autres, « une augmentation générale des impôts via le gel du barème de l’impôt sur le revenu et a CSG » et « la division par deux des efforts sur les grandes entreprises et les plus riches par rapport au dernier budget ».
Il en appelle ainsi les députés socialistes à « désobéir et voter la censure », regrettant que « tout cela [n’ait] rien à voir avec le programme du Nouveau Front Populaire ».
« Nous censurerons ce gouvernement », confirme les Verts
Cette « avancée sur les retraites » ne suffira pas à convaincre les Écologistes de renoncer à vouloir la chute du gouvernement. Leur chef de file se « [réjouit] » de cette suspension, mais affirme que les Verts « ne peuvent pas laisser passer ce gouvernement qui s’apprête à soutenir le budget que nous connaissons ». Elle pointe du doigt « une année blanche pour les retraites et les prestations sociales » et considère que la feuille de route de Sébastien Lecornu « ne fait quasiment rien sur la justice fiscale et la taxation des plus riches ».
« Ce gouvernement est l’otage des socialistes », condamne les Républicains
Bruno Retailleau ne ménage pas non plus l’exécutif à la suite des annonces du Premier ministre, restant fidèle au mécontentement exprimé par les Républicains face aux gouvernements Lecornu successifs. « La suspension de la réforme des retraites et le silence du Premier ministre sur l’immigration prouvent que ce gouvernement est l’otage de socialistes », s’alarme-t-il, dans un communiqué. Et d’accuser : « Pour éviter la censure, le gouvernement fait payer aux Français un prix considérable », évoquant « une décision incompréhensible, dans un pays écrasé par 3 400 milliards de dettes ».
Pour le RN, LR « s’est donné » à « la Macronie »
Le ton monte aussi à l’extrême droite. Taclant une partie des oppositions, Jordan Bardella dénonce qu’à « l’Assemblée nationale, des Républicains au PS, c’est l’amicale des sauveurs d’Emmanuel Macron qui se succède à la tribune », à l’issue de la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu. Lui emboitant le pas, Marine Le Pen fustige LR qui « à la différence du PS, […] ne s’est pas vendu à la Macronie. Il s’est donné… »
Dans un post sur X, le président du RN tient pour responsable de « cette majorité sans queue ni tête, prête à tous les marchandages », « la peur des urnes et la peur du peuple ».