A quelques heures de la déclaration de politique générale de François Bayrou devant les députés, le parti de Marine Le Pen se réserve encore la possibilité de voter une motion de censure. S’il assure que le RN ne souhaite pas voter la censure, « a priori », Jean-Philippe Tanguy rappelle les lignes rouges de son parti. En votant la motion de censure déposée par la gauche le 4 décembre dernier, le RN avait entraîné la chute du gouvernement de Michel Barnier.
Avant la déclaration de politique générale, le RN refuse la censure a priori
« J’espère qu’il n’y aura pas de mesure qui impose la censure, c’est-à-dire des augmentations d’impôts sur les classes moyennes et populaires », affirme le député RN qui évoque également la justice fiscale et la prise en compte de la situation budgétaire parmi ses priorités. « Si Monsieur Bayrou annonce des choses inacceptables pour le RN, on peut censurer directement », continue Jean-Philippe Tanguy qui affirme néanmoins qu’à ce stade ce n’est pas l’option retenue. Comme pour Michel Barnier, le RN devrait laisser une chance à François Bayrou à l’issue de son discours de politique générale. « La censure a des conséquences, ce n’est pas un gadget », précise Jean-Philippe Tanguy.
« Les deux ministres nous ont assuré que l’indexation des retraites était désormais garantie »
Une censure qui paraît peu probable puisque comme le rapporte Jean-Philippe Tanguy, le RN a obtenu gain de cause sur l’une de ses priorités, la revalorisation des retraites. Ce dernier point avait précipité le vote de la censure par le RN en décembre dernier. « Les deux ministres nous ont assuré que l’indexation des retraites était désormais garantie », rapporte Jean-Philippe Tanguy qui a participé aux consultations organisées à Bercy. Le Parti socialiste pourrait également se résoudre à ne pas censurer le gouvernement de François Bayrou alors qu’Olivier Faure, premier secrétaire du PS, estime qu’un accord est possible avec le gouvernement sur le sujet des retraites. Opposé à la réforme des retraites de 2023, le RN assure cependant ne pas en faire une « ligne rouge ». « L’absence de réforme sur les retraites n’est pas un objet de censure. On peut abroger la réforme au Parlement sans le gouvernement », explique Jean-Philippe Tanguy. Néanmoins, le RN avait profité de sa niche parlementaire pour déposer une proposition de loi permettant l’abrogation de la réforme des retraites. Le texte n’avait cependant pas pu aller au terme de son examen. Malgré cela, le RN n’attend pas d’avancées du gouvernement. « Tout ce qu’on leur propose c’est l’ouverture d’une négociation », pointe Jean-Philippe Tanguy qualifiant les échanges entre la gauche et le gouvernement de « farce ».