Déconfinement en Europe : « Si je prends le train de Paris à Bruxelles, j’ai besoin de savoir si les règles sont coordonnées »

Déconfinement en Europe : « Si je prends le train de Paris à Bruxelles, j’ai besoin de savoir si les règles sont coordonnées »

Alors que l’Europe amorce la phase de déconfinement de sa population. Le continent a payé un lourd tribut, inégalement réparti. Pourquoi certains États ont-ils été moins touchés que d’autres par l’épidémie de Coronavirus ? Et comment organiser le déconfinement dans de bonnes conditions au niveau européen. Nous avons posé ces questions à Karima Delli, eurodéputée française, et à Dragos Pislaru, élu roumain au Parlement européen.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Le vieux continent est aujourd’hui le plus touché au monde par l’épidémie de Covid-19, mais la pandémie a frappé de façon inégale. À eux seuls, 4 pays concentrent plus des deux tiers des décès. Le Royaume-Uni, l’Italie, la France et l’Espagne comptabilisent ensemble plus de 110 000 morts. L’Est a été plus épargné. Pour l’eurodéputé roumain Dragos Pislaru (Groupe Renew Europe), cela s’explique car « dans les pays de l’Est, les mesures de confinement ont été drastiques ». À l’Est, tous les pays comptent en effet pour l’instant moins de 1 000 décès.

Carte Covid au 12 mai en Europe
Carte des cas de Covid-19 recensés en Europe au 12 mai 2020
ECDC

Sur le continent, un pays est particulièrement montré en exemple, c’est Allemagne. Avec un taux de mortalité du virus bien inférieur à celui de ses voisins, le pays a mieux résisté à la crise. Pour Karima Delli, eurodéputée verte, « L’Allemagne a pris de mesures plus ambitieuses que d’autres pays », et surtout « elle ne dépend pas forcément d’un pays qu’on appelle la Chine. ». Elle met en avant la capacité productive de l’État allemand en masques et en médicaments. Selon elle, pour sortir d’une pandémie, « il faut des masques, des tests et des lits d’hospitalisation » : trois éléments dont disposent les Allemands.

Un déconfinement dispersé et périlleux

Alors que les mesures de confinement ont été prises en ordre dispersé en Europe, la phase de déconfinement s’amorce de la même façon. Chaque pays édicte ses propres règles et son propre calendrier. Un manque de coordination européenne ? Pas pour Dragos Pislaru qui rappelle qu’il ne peut pas y avoir de « coordination parfaite car la pandémie de Covid-19 n’a pas éclaté simultanément dans tous les pays européens et l’évolution n’est pas similaire. […] La levée des restrictions a donc commencé à se faire à différents moments et de différentes manières ». Il serait donc normal que l’Union européenne ne puisse pas harmoniser des mesures qui restent très régionales, propres à la situation particulière de chaque État.

Avion passagers avec masques
AFP

Pourtant, comme le rappelle Karima Delli, les citoyens européens ont parfois besoin de règles claires. Elle prend l’exemple des transports transfrontaliers : « Si je prends le train de Paris à Bruxelles, j’ai besoin de savoir si les règles sont coordonnées ». 

Mais quelle serait alors la voie à suivre ? Une question à laquelle personne ne se risque vraiment à répondre. « Tout le monde redoute le retour d’une deuxième vague » rappelle Karima Delli. Les mesures sont donc encore très temporaires.

Attention aux libertés individuelles avec les applications

Les deux députés européens s’accordent sur un point : il faut être vigilant sur la mise en place d’application sur les téléphones portables. Si ces outils peuvent aider à lutter contre la propagation de l’épidémie, ils ne doivent rester que « des outils complémentaires et temporaires » insistent Dragos Pisalru. Karima Delli regrette que pour l’instant il n’y ait pas de garanties apportées par l’Union européenne sur les risques de détournement des applications, sur l’anonymat des utilisateurs et sur la gestion des données.

Dans la même thématique

Déconfinement en Europe : « Si je prends le train de Paris à Bruxelles, j’ai besoin de savoir si les règles sont coordonnées »
3min

Politique

Emmanuel Grégoire candidat à la mairie de Paris : "Je ne pourrai pas soutenir quelqu'un qui a passé son temps à me tirer le tapis sous le pied », déclare Anne Hidalgo

Invitée de la matinale de Public Sénat, la maire de Paris Anne Hidalgo s’est exprimée sur la fin de son mandat, et les élections municipales à venir. Si l’édile soutient le sénateur socialiste Rémi Féraud pour la succéder, elle attaque son premier adjoint Emmanuel Grégoire, également candidat, qui n’a pas « rempli son rôle de protéger le maire ».

Le

Déconfinement en Europe : « Si je prends le train de Paris à Bruxelles, j’ai besoin de savoir si les règles sont coordonnées »
2min

Politique

Assouplissement du ZAN : Agnès Pannier-Runacher dénonce « la manière dont certains populistes se saisissent de ce sujet »

La majorité sénatoriale propose d’assouplir les objectifs de zéro artificialisation nette (ZAN) des sols, dans un texte examiné à partir de ce 12 mars. Si la ministre de la Transition écologique accepte de donner « un peu de souplesse » aux élus locaux dans l’application de la loi, elle s’oppose à tout abandon des objectifs chiffrés.

Le