Défaite humiliante pour Fillon, qui appelle à voter Macron
La défaite sans appel de François Fillon, arrivé troisième au premier tour de la présidentielle, une première humiliante pour un candidat de...

Défaite humiliante pour Fillon, qui appelle à voter Macron

La défaite sans appel de François Fillon, arrivé troisième au premier tour de la présidentielle, une première humiliante pour un candidat de...
Public Sénat

Par Nadège PULJAK

Temps de lecture :

4 min

Publié le

La défaite sans appel de François Fillon, arrivé troisième au premier tour de la présidentielle, une première humiliante pour un candidat de droite sous la Ve République, est un séisme pour cette famille politique.

Avec un score de 20% environ selon les estimations, l'ancien Premier ministre arrive troisième, sèchement battu par Emmanuel Macron (23-24%) et Marine Le Pen (21,7% environ) ne dépassant Jean-Luc Mélenchon (un peu plus de 19%) que de très peu.

"Cette défaite est la mienne", a reconnu M. Fillon, "j'en prends toute la responsabilité (...) "malgré tous mes efforts et ma détermination, je n'ai pas réussi à vous convaincre"", a-t-il déclaré à son QG dimanche soir.

"J'appelle à voter pour Emmanuel Macron" car "l'abstention n'est pas dans mes gènes", a-t-il ajouté, alors que quelques cris de déception - ou de surprise - fusaient dans le public. M. Fillon était visiblement très ému, presque au bord des larmes, une attitude rare chez cet homme peu expansif, voire austère.

Plusieurs responsables de droite lui ont emboîté le pas, rejoignant ainsi la totalité des ténors socialistes. Christian Estrosi, président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur élu lors des régionales de 2015 grâce aux voix de gauche, a appelé à voter pour l'ex-ministre de l'Economie. Idem pour la député LR Nathalie Kosciusko-Morizet, ainsi qu'Alain Juppé, le maire de Bordeaux, qui veut barrer la route à "une extrême droite qui conduirait la France au désastre".

Maurice Leroy, porte-parole des Centristes (UDI), a aussi appelé à voter Macron. François Baroin, président LR des maires de France, votera également Macron "à titre personnel", tout comme Jean-François Copé, qui le fera "la mort dans l'âme".

A priori, ce devrait être la fin de la vie politique de l'ancien chef de gouvernement qui sort de l'arène par la toute petite porte. Il s'est toutefois gardé de dire qu'il quittait la vie politique, le "23 avril" de la droite se distinguant ainsi du "21 avril" socialiste, quand Lionel Jospin, battu au premier tour de la présidentielle de 2002, avait annoncé son retrait définitif.

- "Restez unis" -

Elu pour la première fois en 1981, le député de Paris était pourtant promis à la plus haute magistrature, après sa victoire surprise à la primaire de la droite en novembre dernier.

François Fillon
François Fillon
AFP

Mais les "révélations" sur son train de vie - emplois présumés fictifs de son épouse et de deux de ses enfants, costumes de luxe offerts par un ami - et la mise en examen notamment pour détournement de fonds publics qui en a découlé, ont broyé ses espérances.

Jusqu'au bout M. Fillon aura voulu y croire. "Cette élection, je la gagnerai", répétait-il. Même au plus fort des difficultés judiciaires, il n'avait pas voulu céder sa place de candidat.

Se targuant du soutien de dizaines de milliers de personnes au Trocadéro le 5 mars, M. Fillon avait écarté tout "plan B", comme le lui demandaient certains de son camp, désireux de le remplacer par Alain Juppé.

Il revient aujourd'hui à son camp de se mettre en ordre de marche pour les législatives de juin. "Ne vous dispersez pas, restez unis et déterminés" pour cette échéance, a lancé M. Fillon à ses troupes.

Qui conduira la campagne des législatives de la droite? Des candidats LR, déboussolés, seront-ils tentés de rejoindre le camp Macron, à l'instar de plusieurs anciens ministres de droite, notamment chiraquiens, qui ont fait la campagne du vainqueur du premier tour?

Bernard Accoyer, secrétaire général de LR, a convoqué lundi à 10H30 un Comité politique, en présence notamment de Gérard Larcher, président du Sénat. Suivra, à 17H00, un bureau politique de LR. Objectif: amorcer une stratégie pour les échéances de juin.

François Fillon sorti du jeu, il n'y a plus de chef. La place de leader de LR risque d'être très disputée, probablement entre M. Baroin et Laurent Wauquiez, vice-président du parti, aux convictions plus marquées à droite.

Quant à l'ancien président Nicolas Sarkozy, il pourrait s'exprimer dans les prochains jours, selon son entourage.

Dans la même thématique

Défaite humiliante pour Fillon, qui appelle à voter Macron
3min

Politique

« Les politiques parlent des migrants comme si c’étaient tous des sauvages » s’insurge Louis Chedid

C’est un nom, une voix, des textes et des mélodies qui nous accompagnent depuis 50 ans. S’il chante l’amour, l’absence, et la mélancolie, parfois aux côtés de ses enfants, il reste d’abord un homme engagé contre les discours de haine. Auteur d' « Anne, ma sœur, Anne », ce descendant d’immigrés chrétiens libanais, réfugiés en Egypte, refuse que les populations immigrées soient caricaturées et instrumentalisées. Cette semaine, Louis Chedid est l’invité de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard.

Le

Défaite humiliante pour Fillon, qui appelle à voter Macron
3min

Politique

Un an après la dissolution : « Les Français ont le sentiment que la France fait la planche » selon le politologue Brice Teinturier

Un an après la dissolution voulue par Emmanuel Macron, le paysage politique français semble avoir évolué vers un blocage institutionnel. A l’Assemblée, l’absence de majorité empêche les textes d’être votés. Pire, des motions permettent d’enjamber l’examen à l’Assemblée pour que le débat soit tranché en commission mixte paritaire. Comment la dissolution a-t-elle modifié le fonctionnement des institutions ? C’est la question à laquelle répondent les invités de Rebecca Fitoussi et Jean-Pierre Gratien dans cette émission spéciale sur la dissolution, un an après.

Le

Défaite humiliante pour Fillon, qui appelle à voter Macron
4min

Politique

Un an après la dissolution, Gérard Larcher estime que « c'est la présidentielle qui redonnera le nouveau souffle dont nous avons besoin »

Invité de Public Sénat ce vendredi 6 juin, le président du Sénat est longuement revenu sur la situation du pays. À ses yeux, seule la prochaine présidentielle permettra de mettre fin au blocage politique lié à la dissolution. Evoquant également l’urgence budgétaire, il estime que « l’année blanche est une piste sérieuse ».

Le