S’il faut attendre le 15 juillet pour en savoir plus sur les contours du prochain budget, avec les annonces du premier ministre, François Bayrou, un prélude à dimension militaire est attendu pour le 13 juillet. Emmanuel Macron tiendra en effet un discours, à 19 heures, depuis le ministère des Armées, à l’hôtel de Brienne.
« Un discours avec des annonces très importantes, pour tirer les conclusions de l’état des menaces », prévient l’Elysée ce jeudi. Ce discours « sera très important et comportera des annonces majeures », insiste-t-on, de même source. En déplacement en Grande-Bretagne, Emmanuel Macron a évoqué ce jeudi les « décisions stratégiques d’investissement pour l’avenir », qu’il annoncera à l’occasion de son discours du 13 juillet.
« Entre 2017 et 2030, on aura une multiplication par deux des ressources consacrées à la défense »
Ce sera pour le président de la République l’occasion de rappeler l’effort fait depuis 2017, avec deux lois de programmation militaire (LPM), celle de 2019-2025, LPM « dite de réparation et de remise à niveau de l’outil de défense », puis celle de 2024-2030, LPM « de protection, qui visait à anticiper, renforcer et transformer nos armées ». Elle prévoit au total 400 milliards d’euros de ressources budgétaires et 413 milliards, en comptant les ressources non budgétaires.
Les montants moyens de commandes faites aux industriels de défense sont ainsi passés de 9,5 milliards d’euros par an entre 2012 et 2016, puis à 15 milliards sur les années 2017-2022, avant d’atteindre 18 milliards en 2023 et 2024. Ainsi, « entre 2017 et 2030, on aura une multiplication par deux des ressources consacrées à la défense », se félicite l’Elysée. La France se retrouve ainsi dans le mouvement général de réarmement. Elle l’avait même anticipé, dans cette volonté de rattrapage.
Dans son propos, le Président pourra s’appuyer sur la revue nationale stratégique 2025, qui lui a été remise. Elle insiste sur le « moment de bascule » à l’œuvre, « parce que la liberté n’a sans doute jamais été aussi menacée aujourd’hui que depuis 1945 », explique l’Elysée, avec « une permanence de la menace russe, qui s’organise et se prépare, à laquelle il conviendra de faire face ». Au Château, on rappelle « l’aggravation du coût de la menace, qui nécessite de faire face à la menace majeure, qui est celle d’une guerre ouverte au cœur de l’Europe ». Le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, évoquera ces menaces lors d’une très rare conférence de presse vendredi.
« Les efforts supplémentaires à faire »
Reste à savoir si le gouvernement se limitera à la hausse du budget des armées, déjà prévue dans la LPM, ou s’il ira plus loin que la « marche » budgétaire initiale. Sur ce point, il faut attendre le discours du chef de l’Etat. Si des sources parlementaires évoquaient ces derniers jours un effort limité à la marche prévue, un coup de pouce ne semble pas exclu, à écouter la présidence. « Le cœur du sujet est celui de la menace qui est vraiment le fondement, la raison pour laquelle le Président se prononcera et évoquera le besoin d’un effort de défense. La menace est réelle, on est sur un moment de bascule. Et l’effort se traduira, sur la base de la LPM, sur laquelle il pourra revenir, par les efforts supplémentaires à faire », explique l’Elysée.
Cette nécessité d’un nouvel effort, Emmanuel Macron l’avait esquissée lors de ses vœux, puis le 5 mars dernier. « Nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires et des investissements supplémentaires. Ce seront de nouveaux investissements qui exigent de mobiliser des financements privés, mais aussi publics, sans que les impôts ne soient augmentés », avait alors affirmé le chef de l’Etat.
La question des « modalités du financement de l’effort » sera aussi sur la table, alors que le ministre de l’Economie, Eric Lombard, a annoncé en mars la création d’un nouveau produit d’épargne pour financer l’industrie de défense.
« Que la jeunesse ait l’occasion de servir et notamment de servir la défense nationale »
La question de l’engagement sera également un programme du discours. Le chef de l’Etat a demandé sur ce point au ministre des Armées, Sébastien Lecornu, « de faire des propositions pour que la jeunesse ait l’occasion de servir et notamment de servir la défense nationale. Le président dira quelque chose le 13 juillet », précise l’Elysée, où on souligne que partout « dans le monde, et notamment en Europe, le service militaire est réintroduit ou renforcé ». Toujours en Grande-Bretagne, aux côtés du premier ministre britannique, Emmanuel Macron a évoqué la nécessité de « revisiter ce pacte entre armée et Nation », avec peut-être à la clef une forme de service national revisité. Le chef de l’Etat donne déjà rendez-vous « à la fin de l’été », à l’approche du budget, le temps de « finaliser » tout ce travail sur la défense.