Conformément à la trajectoire de la loi de programmation militaire, les crédits de la mission défense dans le budget 2026 sont en hausse. En 2026, le gouvernement a, de surcroît, prévu une « surtaxe » de 3,5 milliards supplémentaires. Le budget des armées sera donc en hausse de 6,7 milliards d’euros par rapport à 2025. 68,4 milliards seront consacrés à ce ministère et 40 000 recrutements sont prévus.
« La Russie nous considère comme faibles »
Et pour Fabien Mandon, chef d’état-major des Armées, auditionné par la commission des affaires étrangères et de la Défense du Sénat, c’est bien le moins pour répondre aux nombreuses menaces qui attendent la France dans les prochaines années. « Il faut se préparer à un choc d’ici trois quatre ans », avec la Russie, a d’emblée souligné le général d’armée aérienne, rappelant la chronologie de l’activité russe au XXIe siècle. « 2008 la Géorgie, 2014 la Crimée, 2022 l’Ukraine. Et aujourd’hui aucun signe de la part de Moscou d’une volonté de négocier ou de s’arrêter ».
Un peu plus loin dans l’audition, il insiste. « La Russie nous considère comme faibles. Et elle a un usage de la force totalement débridée ». « Un responsable russe peut se sentir lié par un accord qu’il aurait passé avec des responsables politiques d’un moment (européen). Le jour où ces responsables ne sont plus en place, le champ est libre. Dans les horizons d’élections qui se présentent à nous dans nos sociétés, en 2029, 2030, plus rien ne lie un responsable russe qui sentirait une opportunité en Europe », met-il en garde.
« La France reste totalement crédible sur le plan de la dissuasion »
Le chef d’état-major des armées indique que les Russes ont testé de nouvelles armes la semaine dernière. « Des armes du manège », c’est-à-dire une nouvelle génération d’armes stratégiques que Vladimir Poutine avait présentées en 2018 avant l’élection présidentielle. Il s’agit d‘un tir de missile à propulsion nucléaire qui a volé de manière continue plus d’une dizaine d’heures. « C’est quelque chose qui met en œuvre des technologies nucléaires qui ont raison de préoccuper la planète », a-t-il insisté. Les Russes ont aussi mis à l’eau un nouveau sous-marin qui a tiré une torpille dite « Poséidon » capable d’emporter une charge nucléaire.
Pour autant, « La France reste totalement crédible sur le plan de la dissuasion, de la survie, et qui a déclaré l’entrée en service opérationnel de la troisième génération du missile M 51 qui équipe nos sous-marins nucléaires », a-t-il expliqué.
En ce qui concerne les besoins à court terme pour les armées, Fabien Mandon insiste sur l’effort à apporter aux conditions de vie des militaires et de leurs familles. « Aujourd’hui nos sous-officiers restent davantage dans nos armées », s’est-il félicité. « On va consacrer 159 millions d’euros supplémentaires en 2026 pour les conditions de vie et de travail de nos militaires. Ça va toucher principalement les plateformes de mobilité qui accompagnent les familles dans les changements » d’affectation, a-t-il précisé.
Sur l’opérationnel, le chef d’état-major indique en priorité avoir besoin « d’activités et de munitions ». 824 millions d’euros supplémentaires sont consacrés à l’amélioration de la qualité de l’entraînement y compris la commande de munitions d’exercice, même s’il s’agit de missiles complexes qui « coûtent très cher » afin « que les gens aient testé leur équipement de A à Z. et qu’ils ne le découvrent pas en opération ».
« On va droniser nos armées »
Dans la perspective de « ce choc » annoncé avec la Russie, 2,4 milliards d’euros seront consacrés à l’achat de munitions en 2026. « Les armes les plus complexes, on met trois ans à les construire. Donc elles vont arriver dans le bon horizon. Il ne faut pas qu’on tarde », a-t-il enjoint.
« On va droniser nos armées », a-t-il également promis. Les charges portées par des drones massivement utilisés dans les conflits de haute intensité vont figurer dans les commandes de munitions ». Néanmoins, « ce serait une erreur de commander des milliers de drones en 2026 qui vont être produits en quelques mois. Alors que dans trois ans, on aura une nouvelle génération de drones. En revanche, les charges sont plus complexes à réaliser ».
Le président LR de la commission des affaires étrangères, Cédric Perrin n’a pas manqué de rappeler le contexte politique actuel qui peut faire craindre l’absence d’un budget voté d’ici la fin de l’année. Ce qui correspondrait à 6 milliards de moins que prévu pour la défense.
« 6 milliards de moins ce n’est pas quelque chose qu’on peut éponger comme ça. Ça déstructure largement un plan de modernisation. Ce ne serait pas cohérent entre la période et ce choix (de ne pas voter le budget), a répondu le général, confirmant les craintes des élus.