Défense : le Sénat adopte un budget en hausse
Ce jeudi, le Sénat a adopté les crédits de la mission défense dans le cadre du budget 2021. Avec 39,2 milliards, le budget est en hausse 4,5 % conformément à la trajectoire de la loi de programmation militaire adoptée il y a trois ans.

Défense : le Sénat adopte un budget en hausse

Ce jeudi, le Sénat a adopté les crédits de la mission défense dans le cadre du budget 2021. Avec 39,2 milliards, le budget est en hausse 4,5 % conformément à la trajectoire de la loi de programmation militaire adoptée il y a trois ans.
Public Sénat

Temps de lecture :

6 min

Publié le

« D’un strict point de vue budgétaire, je constate que la loi de programmation militaire est respectée et que les crédits augmentent bien d’1,7 milliard » a relevé Dominique Legge, rapporteur spécial pour la commission des finances.

Cet après-midi, le Sénat a adopté le budget des armées, qui poursuit, en effet, sa hausse, pour la quatrième année consécutive, conformément à la loi de programmation militaire. Dans le projet de loi de finances pour 2021, le ministère bénéficie de 39,2 milliards d’euros de crédits, 7 de plus qu’en 2017.

Plusieurs inquiétudes ont néanmoins été soulevées par les différents orateurs lors de la discussion générale, le rapporteur Dominique Legge qui avait posé une série de questions à la ministre n’a pas été convaincu par ses réponses et s’est abstenu. L’une des raisons, la ministre ne s’est pas engagée à présenter la révision de la loi de programmation militaire devant le Parlement en 2021.

« L’actualisation de la loi de programmation militaire devra être un rendez-vous de transparence démocratique. De grands programmes doivent être sanctuarisés […] Il faudra qu’on en débatte. L’effort de défense représentait 1,82 % du PIB en 2022, une récession de l’ordre de 10 % portera cet effort à 2 % avant même l’échéance de 2025 prévu par la loi de programmation militaire […] L’indicateur de 2 % est de notre point de vue plus tout à fait adapté » avait appuyé Christian Cambon, le président LR de la commission de la défense du Sénat.

« L’objectif de 2 % pourrait être atteint dès 2020 en raison de l’impact de la crise sanitaire sur notre économie. Est-ce que cela signifie que nous avons suffisamment modernisé nos armées ? Evidemment non. L’effort est à poursuivre » a garanti la ministre mais qui n’a pas évoqué un passage devant le Parlement l'année prochaine.

Le produit de la vente des rafales à la Grèce ira bien au ministère des Armées

D’autres inquiétudes ont porté sur la commande d’avions de combat Rafale par la Grèce en septembre dernier. Le contrat en question porte sur 18 appareils : 6 seront neufs, 12 seront d’occasion. « Cette opération risque de laisser un surcoût pour nos armées évalué à 1 milliard. Or, le produit de la vente est estimé à 400 millions […] Les recettes de vente seront inscrites dans le budget général de l’Etat et non au budget du ministère des armées. Il vous revient la charge de négocier la rétrocession de cette vente mais la négociation entre votre ministère et Bercy est loin d’être gagnée […] Retirer 12 rafales sur 102, c’est 10 % de la flotte. Mme la ministre avez-vous signé le bon de commande pour les (nouveaux) Rafale au profit de nos armées ? » a notamment demandé, le sénateur socialiste, Gilbert Roger.

« Le produit de la vente des rafales d’occasion reviendra bien au budget du ministère des armées » a assuré Florence Parly avant d’indiquer que la vente devait se concrétiser à la fin de l’année. La ministre a également confirmé que cette vente n’entamerait pas les capacités de la flotte aérienne française ni l’entraînement des pilotes. « La loi de programmation militaire fixe une ambition qui sera respectée, nous avions prévu ensemble que l’armée de l’air et de l’espace sera dotée de 129 avions rafales en 2025. Cet objectif sera tenu » a-t-elle ajouté.

Rénovation des logements

237 millions d’euros seront consacrés à l’hébergement des militaires et de leur famille. « Il y a matière à progresser » a reconnu la ministre avant d’ajouter : « Il ne s’agit pas de rattraper des décennies de sous-investissements mais de non-investissements

Fin de gestion de l’année 2020

« Le surcoût des opérations extérieures et des missions intérieures, s’est révélé, une fois de plus, supérieur aux montants provisionnés. Le solde s’élève à 236 millions d’euros » a souligné le président LR de la commission de la Défense du Sénat. Il a rappelé que la loi de programmation militaire prévoit une solidarité interministérielle pour le financement de ce surcoût.

« Les surcoûts d’1,4 milliard sont couverts en 2020 […] Dans le contexte de la crise sanitaire, j’ai décidé de ne pas demander le financement par solidarité interministérielle en gestion » a répondu la ministre.

Service de santé des armées

Un rapport de commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat avait demandé une revalorisation des moyens du service de santé des armées, qui a joué un rôle clé au plus fort de l’épidémie. « J’ai décidé d’augmenter le budget de ce service de 160 millions d’euros d’ici la fin de la loi de programmation (2025) » a indiqué la ministre. Florence Parly est revenue sur les mesures de protection des militaires en mission. « Avant leur départ, ils sont isolés et testés. Lorsqu’ils rentrent de mission, ils sont de nouveau testés et isolés » a-t-elle expliqué. En septembre, la ministre s’était pris les pieds dans le tapis sur cette question (voir notre article).

Hommage à Valéry Giscard d’Estaing

Au lendemain du décès de Valéry Giscard d’Estaing, la ministre des Armées a salué la mémoire de l’ancien Président, élève de Polytechnique, décoré de la croix de guerre 1939-1945. « Il engagea une profonde modernisation de nos forces armées. Au cours de son septennat une loi de programmation fut engagée » a-t-elle rappelé. De cette loi sont issus, l’équipement des militaires français en fusils FAMAS, les premières études d’un porte-avions militaire, et le lancement du programme des sous-marins nucléaires d’attaque de la classe rubis.

 

Partager cet article

Dans la même thématique

13-UNIS : la course en hommage aux 10 ans des attentats de novembre 2015
5min

Politique

Commémoration du 13 novembre : 10 ans après les attentats, la menace terroriste « s’accroît »

Alors que la France rend hommage aux victimes des attentats de Paris de 2015, le ministre de l’Intérieur a appelé les préfets à « renforcer les mesures de vigilance ». Le procureur national antiterroriste (Pnat) Olivier Christen, indique même que la menace terroriste, jihadiste, d’ultradroite ou émanant d’Etats étrangers « s’accroît ».

Le

France Paris Shooting
4min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : dix ans après, comment les lois antiterroristes ont évolué ?

Dix ans après le traumatisme des attentats du 13 novembre 2015, le cadre juridique permettant la prévention et la répression d’actes terroristes a largement évolué. Après les attaques du Bataclan, des terrasses parisiennes et du Stade de France ayant fait 131 morts et plus de 400 blessés, la France avait basculé dans l’état d’urgence, un régime juridique d’exception qui a influencé les évolutions législatives.

Le

Défense : le Sénat adopte un budget en hausse
4min

Politique

Immigration : Laurent Nunez a « bon espoir que le plan 3 000 places de centres de rétention administrative aboutisse en 2029 »

A l’approche de l’examen du budget, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez était auditionné par commission des lois du Sénat a présenté des crédits en hausse pour la mission sécurité et immigration de son ministère. Il en a profité pour confirmer que l’objectif 3 000 places en des centres de rétention administrative, initialement prévu pour 2027, ne sera pas tenu, comme l’avait révélé un rapport du Sénat.

Le

5min

Politique

Budget : des sénateurs souhaitent assouplir le droit des successions pour favoriser les dons aux associations

Les sénateurs Bernard Jomier et Grégory Blanc (Place Publique) ont déposé un amendement au projet de loi de finances 2026, visant à élargir la liberté des légataires dans la transmission de leur patrimoine, pour favoriser les donations aux causes d’intérêt général. De quoi permettre un débat « le plus large possible » selon les élus, dans une séquence budgétaire intense.

Le