L'ancienne ministre de l’Écologie Delphine Batho quitte le Parti socialiste pour prendre la tête de Génération écologie, a-t-elle annoncé mercredi dans un entretien au Monde.
"Cela fait un moment que je ne me fais plus d’illusions. J’ai proposé un tournant, pour faire du PS une force écologiste et féministe. Un autre chemin, conservateur, a été choisi", explique la députée des Deux-Sèvres dans cet entretien mis en ligne sur lemonde.fr.
"Ma vie et ma tâche sont ailleurs. Je n’ai pas de regrets", poursuit-elle, assurant ne pas être "dans une obsession revancharde".
"L’écologie est partout dans la société, mais elle n’est plus nulle part dans le paysage politique", analyse Mme Batho, qui a pour objectif "de faire de Génération écologie le parti d’une révolution non violente, celui de l’écologie intégrale".
Génération Ecologie, créé en 1991 par Brice Lalonde avec Jean-Louis Borloo, Noël Mamère, Corinne Lepage, Yves Piétrasanta, a confirmé dans un communiqué son souhait de voir Mme Batho succéder à M. Piétrasanta, lors d'une Convention du parti qui aura lieu à Nantes les 8 et 9 septembre.
"Je veux que l’écologie ne soit plus considérée comme une force d’appoint ou marginale, mais centrale et hégémonique. (...). L’écologie est la question historique de ce siècle", développe Mme Batho, qui choisit "à ce stade" de siéger parmi les non-inscrits.
"Je veux que l’on devienne une alternative. On doit s’attaquer enfin à la crédibilité économique et sociale du projet écologiste", argue-t-elle.
- Vers un rapprochement des chapelles écolos ? -
EELV n’est pas crédible? "Ce parti n’a pas échappé aux travers des vieux appareils. Il ne détermine pas ses décisions politiques en fonction de cette cause", estime-t-elle.
Interrogée sur la possibilité d'une liste Génération écologie aux élections européennes de 2019, Mme Batho indique que "le débat est ouvert". "Ces élections sont une échéance importante. On se déterminera à la rentrée", ajoute-t-elle.
Le premier secrétaire du PS Olivier Faure s'est dit "surpris" de la décision de Mme Batho. "Je cherche la cohérence de ce geste", a-t-il déclaré sur franceinfo. "En janvier elle était candidate à la tête du Parti socialiste, là elle nous dit qu'elle le quitte parce qu'elle trouve qu'il faut une offre qui soit plus écologiste et plus féministe, elle le fait à un moment où c'est précisément le tournant écologique des socialistes", a-t-il développé.
La candidature de Mme Batho au poste de Premier secrétaire du PS avait été rejetée faute d'avoir recueilli les parrainages suffisants -elle n'avait à vrai dire pas tenté de les réunir, dénonçant un congrès "verrouillé" par "une petite mafia politique".
L'ancien ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a fait part de sa "tristesse" à l'annonce du départ de Mme Batho. "Je le regrette profondément d’autant que je partage avec elle l’analyse sur l’internationalisme socialiste et écologique qui est au coeur des grands enjeux pour la sociale démocratie", a-t-il twitté.
Le député LREM François-Michel Lambert, par ailleurs porte-parole du parti écologiste UDE, a en revanche salué la décision de Mme Batho, et appelé à un rapprochement de leurs formations. "Rassemblons-nous, UDE, Génération écologie, Cap21, pour donner une voix forte à l'écologie", a-t-il twitté, en souhaitant également travailler avec Mme Batho à l'Assemblée "pour une écologie progressiste en soutien à Nicolas Hulot".
Même enthousiasme de la part d'Eddie Aït, président du groupe radical au Conseil régional d'Ile-de-France, et délégué national de Génération écologie, qui voit dans l'engagement de Mme Batho les prémices de "la reconstruction d'un pôle écologiste réformiste et responsable". Génération écologie et le Parti radical de gauche sont liés depuis 2011 au sein d'un Pôle radical et écologiste.