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Invitée de la matinale de Public Sénat, Sophie Primas a annoncé que le débat sur l’identité nationale, voulu par François Bayrou, sera lancé « début avril ».
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Par Public Sénat
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Le ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux, a vivement critiqué jeudi la proposition de François Fillon, candidat de la droite à l'élection présidentielle, de placer en rétention des demandeurs d'asile, y voyant l'application d'une "loi des suspects".
"Il y a au fond deux philosophies différentes, deux façons de concevoir l'asile", a jugé M. Le Roux, lors d'une visite à l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides).
"D'un côté, ceux pour qui l'asile est un droit et un devoir", en tant que "symbole de ce que nous sommes: une République fière de ses principes universels." "Et puis, il y a ceux qui considèrent que l'asile est un mal, une ruse ou un fardeau, ou peut-être un luxe. Ceux qui oublient que personne ne s'exile par plaisir et qui, au nom de cette conception, entendent appliquer aux demandeurs d'asile une véritable loi des suspects, au mépris de nos engagements internationaux, de la République, au mépris même de notre histoire et de notre identité", a-t-il ajouté.
Lors d'un meeting mercredi à Nice, M. Fillon a proposé de placer les demandeurs d'asile "en rétention administrative pendant l'examen de leur demande", pour une durée maximale qui sera portée "de 45 à 180 jours". En cas de rejet définitif, les demandeurs devront "impérativement être éloignés du territoire", selon ses propositions.
Dénonçant "ceux qui veulent remettre en cause le droit d'asile", M. Le Roux a martelé que "le droit d'asile, c'est la République".
"Cette fragilisation de l'asile ne sera pas la politique du gouvernement, ce ne sera pas les propositions qui seront faites pour flatter telle ou telle partie de l'opinion dans les prochaines semaines", a-t-il assuré.
Abordant le sort des mineurs de Calais transférés en Centres d'accueil et d'orientation (Caomis) après le démantèlement de la "Jungle", il a dit s'être entretenu avec son homologue britannique Amber Rudd et lui avoir demandé de "revoir les 300 dossiers" faisant l'objet d'un recours, mais sans fixer d'objectif chiffré.
"Je ne suis pas sur un chiffre, je suis sur une procédure juste. Je veux pouvoir retourner dans les Caomis en disant aux jeunes: il y a eu des procédures, les critères ont été respectés", a-t-il ajouté, estimant que l'examen des critères retenus par les Britanniques pour accueillir ces mineurs -- liens familiaux et/ou vulnérabilité -- avait été "très différent selon les équipes" sur place.
Pour les mineurs ne remplissant pas les critères, "tous les éléments pour leur donner un parcours de vie" en France doivent être déployés, au-delà de la seule protection. "Dans les Caomis, ils ont le sentiment d'avoir été trompés", a-t-il ajouté.
Des entretiens ont également été menés avec les Irlandais, qui avaient proposé d'accueillir 200 mineurs, a ajouté M. Le Roux, en regrettant que leur volonté "semble différer de l'engagement pris au Parlement" et tourne désormais autour de 40 à 50 personnes.
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