Démission de Pierre Person : « LREM manque d’idées », déplore François Patriat
Alors que le numéro deux de La République en marche, Pierre Person, a annoncé qu’il quittait ses fonctions à la direction du parti, le chef de file des sénateurs de la majorité partage le constat d’un parti « en manque d’idées » et trop peu concentré sur les territoires.

Démission de Pierre Person : « LREM manque d’idées », déplore François Patriat

Alors que le numéro deux de La République en marche, Pierre Person, a annoncé qu’il quittait ses fonctions à la direction du parti, le chef de file des sénateurs de la majorité partage le constat d’un parti « en manque d’idées » et trop peu concentré sur les territoires.
Public Sénat

Par Marylou Magal

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

C’est un mauvais début de semaine pour la majorité. Ce dimanche, alors que se sont tenues six élections législatives partielles, La République en marche n’a pas réussi à se hisser au second tour dans aucune des six circonscriptions. Balayé par l’opposition sur le terrain, le parti de la majorité n’a pas réussi à convaincre les électeurs qui s’étaient déplacés pour l’occasion (le scrutin compte tout de même 80% de taux d’abstention). Invité de France Inter, ce lundi, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a minimisé les résultats de ces législatives partielles. « Il n’y a absolument aucune surprise dans le résultat », a-t-il soutenu. « Ce sont des législatives partielles, qui avaient lieu dans des circonscriptions qui étaient des bastions du PS ou des Républicains, et que l’on n’avait, à l’exception d’une, pas gagnées en 2017. Donc on ne s’attendait pas particulièrement à gagner aujourd’hui dans ces circonscriptions. »

Si le résultat ne surprend pas, il s’impose comme un témoin de plus de la difficulté du parti d’Emmanuel Macron à réussir son implantation territoriale. Et certains, au sein de La République en marche, en tirent des conséquences. Ce lundi, le numéro deux du parti, le député Pierre Person, a décidé de quitter ses fonctions, suite à un désaccord sur la stratégie politique et organisationnelle du mouvement. Il reste cependant membre de La République en marche. « Je me suis heurté à une organisation trop repliée sur elle-même et qui ne tient pas assez compte de ses « marcheurs », de ses élus locaux ou de ses parlementaires », justifie, dans les colonnes du Monde, l’un des marcheurs historiques, venu des rangs de la gauche. Pierre Person estime que, quatre ans après sa création, le parti « ne produit plus d’idées nouvelles », et n’est « pas en mesure d’affronter la nouvelle phase du quinquennat ». Désireux de créer un « électrochoc », il quitte donc ses fonctions à la direction du mouvement, et invite « tous ceux qui veulent bâtir les succès de demain à quitter eux aussi leurs fonctions à la tête du parti pour écrire une nouvelle page ».

« Il a choisi l’absentéisme et le mutisme »

Un départ symbolique, au lendemain d’une défaite électorale et quelques jours avant les élections sénatoriales, pour celui qui avait contribué à créer, en 2017, Les Jeunes avec Macron. Invité de l’émission Bonjour chez vous, de Public Sénat, ce lundi, le secrétaire d’État au Numérique, Cédric O, a vivement réagi à cette démission. « Il s’agit d’une clarification bienvenue. Pierre n’était plus très engagé dans le parti depuis longtemps, dont il était pourtant le numéro 2 », affirme-t-il. « Je pense qu’il s’agit plus d’un sujet personnel que d’un sujet politique. Continuons à avancer, le sujet est anecdotique ».

« Pierre se plaignait de ne pas pouvoir peser sur la ligne, mais il était numéro deux, en charge des élections, s’il l’avait réellement voulu, il aurait pu avoir du poids sur les décisions. Il a été associé à toutes ces décisions et n’a jamais fait part d’aucun désaccord », renchérit-on à la direction de La République en marche. « Il s’était mis en retrait de son poste depuis des mois, personne ne l’a vu au bureau exécutif depuis janvier. Plutôt que de dire les choses, il a choisi l’absentéisme et le mutisme, il a fui ses responsabilités. » A la tête du mouvement, on parle donc d’une décision plus personnelle, liée à l’orientation politique propre de Pierre Person, venu de la gauche. « Il s’est toujours interrogé sur son rôle au sein de la majorité, sur les orientations politiques du gouvernement, qui ne rentraient pas toujours dans son cadre de pensée d’homme de gauche. Il a toujours eu ce vague à l’âme. »

« Le mouvement est trop parisien »

Lors du bureau exécutif du parti, qui s'est déroulé dans une ambiance particulièrement tendue, ce lundi 21 septembre, Pierre Person a été remplacé par le duo Marie Guévenoux, LREM et ancienne juppéiste, et Jean-Marc Borello. Sibeth N'Diaye et Clément Beaune rejoignent également la direction, en prenant la tête du pôle idées. Un signal de plus du virage à droite pris par les responsables de la majorité, qui commence à peser sur l’unité du groupe et a déjà été à l’origine de plusieurs défections, des écologistes comme Matthieu Orphelin, à la création d’un nouveau groupe à l’Assemblée, en juin dernier, composé des déserteurs de la majorité. Si bien que certains, dans les rangs de La République en marche soutiennent la démarche de Pierre Person.

« L’analyse qu’il fait du parti est fondée », concède le chef de file des sénateurs LREM François Patriat. « Le mouvement est trop replié sur lui-même, il manque d’idées, de structuration. Il reste encore trop parisien, et pas assez impliqué dans les territoires. La méthode choisie pour l’implanter n’est pas la bonne », critique le sénateur. S’il reconnaît que le « timing » choisi par Pierre Person « n’est pas très clean », il assure partager son analyse, au détriment de sa démarche, et témoigne de sa volonté de discuter, avec Emmanuel Macron, de la nécessité d’un changement de méthode, pour impliquer La République en marche dans les territoires.

Partager cet article

Dans la même thématique

Hong Kong Legislature To Vote On Bill Recognizing Same Sex Couples Overseas Registration
3min

Politique

L’Assemblée nationale vote la réhabilitation des personnes condamnées pour homosexualité

L’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité, en deuxième lecture, une proposition de loi visant à réhabiliter les personnes condamnées pour homosexualité en France entre 1942 et 1982. Porté par le sénateur socialiste Hussein Bourgi, le texte entend réparer symboliquement des décennies de politiques discriminatoires. Mais la question de l’indemnisation continue de diviser députés et sénateurs et devra être tranchée en commission mixte paritaire.

Le

6min

Politique

Une « ordonnance négociée » pour faire passer le budget ? Un procédé « contraire aux principes parlementaires et démocratiques les plus élémentaires »

D’après des informations des Echos, Sébastien Lecornu plancherait sur la piste d’une « ordonnance négociée », pour faire passer le budget avant Noël, en cas d’une commission mixte paritaire conclusive en fin de semaine. Mais cette hypothèse n’enchante pas les constitutionnalistes, qui y voient le risque de mettre à mal le rôle de l’Assemblée nationale.

Le

CMP : comment la dissolution va modifier l’espace de compromis entre députés et sénateurs
2min

Politique

Budget : le groupe communiste boycotte la commission mixte paritaire

A la veille de la commission mixte paritaire (CMP) sur le budget, le groupe communiste de la chambre haute indique que le sénateur, Pascal Savoldelli n’y siégera pas en tant que membre suppléant. Le groupe dénonce notamment « un problème démocratique majeur » dans la composition de la CMP.

Le

Démission de Pierre Person : « LREM manque d’idées », déplore François Patriat
7min

Politique

Numérique : le Sénat adopte à l’unanimité un texte qui interdit l’accès des réseaux sociaux aux mineurs de moins de 13 ans

Alors qu’Emmanuel Macron a promis la semaine dernière d’interdire les réseaux sociaux aux mineurs de moins de « 15 ou 16 ans », le Sénat vient d’adopter à l’unanimité une proposition de loi portant la majorité numérique à 13 ans. Les mineurs de 13 ans à 16 ans devront recueillir l’autorisation parentale pour leur inscription sur un réseau social.

Le