Départ de l’armée française du Mali : « Je ne sais pas si c’est un échec, c’est en tout cas un beau gâchis pour le Mali », réagit Christian Cambon

Départ de l’armée française du Mali : « Je ne sais pas si c’est un échec, c’est en tout cas un beau gâchis pour le Mali », réagit Christian Cambon

L’annonce, par Emmanuel Macron, du retrait des forces françaises du Mali « est une décision de bon sens », salue le président LR de la commission des affaires étrangères du Sénat. « Par respect pour ceux qui ont laissé leur vie, je ne peux pas parler d’échec », ajoute Christian Cambon, selon qui « il convient néanmoins de repenser complètement la manière dont la France peut intervenir en Afrique ».
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On s’y attendait. C’est aujourd’hui officiel. Les forces armées françaises quittent le Mali. L’intervention, lancée en 2013 par François Hollande pour lutter contre le terrorisme, s’est embourbée. L’arrivée au pouvoir par un coup d’Etat de la junte militaire, qui s’appuie, pour le garder, sur les mercenaires russes de la société privée Wagner, a complètement changé la donne. « Nous ne pouvons pas rester engagés militairement aux côtés d’autorités dont nous ne partageons ni la stratégie, ni les objectifs cachés », a mis en avant ce jeudi Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse à l’Elysée. « Dans ces conditions, la France et ses partenaires engagés […] ont pris la décision de retirer leur présence militaire au Mali », a annoncé le chef de l’Etat. Les forces seront redéployées dans les Etats voisins, notamment au Niger.

Un départ salué par le président de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, le sénateur LR Christian Cambon. « Ma réaction est positive. J’avais été informé, avec le président Larcher, dès hier par le premier ministre, qui de manière courtoise avait souhaité nous informer du contenu de la déclaration du Président. Je pense que c’est une décision de bon sens, que j’approuve, comme je crois l’ensemble de la commission des affaires étrangères », réagit auprès de publicsenat.fr Christian Cambon, qui rappelle que « le Mali a multiplié les gestes inamicaux, les provocations, les obstacles pour faire en sorte que la France ne puisse plus exercer la mission qu’un autre gouvernement malien lui avait confiée ».

« Pensées aux 53 soldats que nous avons perdus, leur sacrifice conserve toute la valeur de leur engagement »

Christian Cambon tient à exprimer ses « pensées aux 53 soldats que nous avons perdus, dont 48 au Mali. Leur sacrifice conserve toute la valeur de leur engagement, car ils se sont battus pour éviter la dérive djihadiste au Mali ».

Alors qu’Emmanuel Macron « récuse complètement » le terme d’échec de la France au Mali, Christian Cambon serait lui moins catégorique. « Par respect pour ceux qui ont laissé leur vie, je ne peux pas parler d’échec. Ce serait trop cruel pour les familles et le souvenir de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie. Il convient néanmoins de repenser complètement la manière dont la France peut intervenir en Afrique, en allant vers des actions d’aide au développement. Une action seulement militaire est insuffisante pour bénéficier du soutien des populations. Il y a beaucoup de problèmes de sous-développement en Afrique subsaharienne », souligne le sénateur LR du Val-de-Marne. Emmanuel Macron appelle justement à l’avenir à « mettre davantage les populations au cœur de notre stratégie de lutte contre les groupes terroristes ».

« Une partie du problème est liée au fait qu’il n’y a plus d’Etat dans une grande partie du Mali. l’Etat a abandonné ses responsabilités en matière d’école, de justice, de santé. Tout ceci fait le lit de l’islamisme, qui remplace l’administration malienne », ajoute le président de la commission. Christian Cambon conclut : « Je ne sais pas si c’est un échec, c’est en tout cas un beau gâchis pour le Mali, qui va se retrouver dans une perspective très difficile ».

« Ce départ était inévitable »

 

« Ce départ était inévitable. Et il était engagé en réalité depuis plusieurs semaines », selon le sénateur LREM André Gattolin. Le sénateur des Hauts-de-Seine estime qu’« on prend conscience, malheureusement un peu tard, qu’il y a une grande stratégie de propagande et de désinformation, conduite par plusieurs Etats. Evidemment, la fédération de Russie, qui à mon avis, a travaillé au corps la junte. […] Il y a la Turquie, qui est de plus en plus présente dans la région, et aussi la Chine, au travers du développement des Instituts Confucius.

Dans sa prise de parole, Emmanuel Macron a pointé du doigt l’action de Moscou. « Beaucoup de gens qui expriment sur les réseaux des messages anti-Français sont des activistes financés par la Russie », a soutenu le chef de l’Etat. Regardez (interview de Quentin Calmet) :

« La diplomatie de la France est devenue illisible »

Pour Jean-Marc Todeschini, sénateur PS de la Moselle et ancien secrétaire d’Etat aux Anciens combattants de François Hollande, ce n’est « pas un échec militaire », mais « c’est l’échec de la stratégie de l’exécutif. Ces changements de pied en permanence ont conduit la France à être dans une situation de se voir chassé du Mali. […] C’est comme dans la crise des sous-marins. On n’a rien vu venir, c’est quand même surprenant », estime le socialiste, qui salue cependant le choix de rester présent au Sahel.

« C’est notre fonctionnement diplomatique, notre fonctionnement où tout passe par l’Elysée qui nous amène à ça », selon Jean-Marc Todeschini, qui insiste : « La diplomatie de la France est devenue illisible ». Lui aussi pense qu’il ne faut « pas oublier cette politique d’aide au développement, qui seule permettra aux populations de voir un avenir différent et ne pas voir la France comme un pays d’occupation ». Regardez (interview Flora Sauvage) :

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