Invités à débattre du budget 2025 sur Parlement hebdo, le rapporteur LR de la commission des finances du Sénat, Jean-François Husson, et le député PS Arthur Delaporte, s’opposent sur le sujet. « Il faudra bien faire des efforts », défend le sénateur LR, quand le socialiste dénonce « un effort incommensurable ».
Départ d’Eric Ciotti de la présidence des LR : « Il a largement perdu son pari »
Par François Vignal
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Tout ça pour ça. Après une bataille politico judiciaire qui durait depuis plus de trois mois et qui avait placé les LR dans une nouvelle crise, Eric Ciotti a finalement décidé de quitter de lui-même la présidence des Républicains. Le député des Alpes-Maritimes en a fait l’annonce dimanche dans Le Figaro.
« Ma décision de quitter LR va permettre de refonder une grande famille politique dans la clarté et l’indépendance », estime le député, qui a lancé fin août son propre parti, l’Union des droites pour la République (UDR). Sa décision met fin à la procédure judiciaire en cours. Elle intervient trois semaines avant l’audience prévue le 14 octobre, où la justice devait statuer sur l’exclusion par les dirigeants de LR de leur président, après sa décision de faire alliance avec le RN. « J’ai gagné trois fois et je n’avais aucune inquiétude sur l’audience du 14 octobre. Mais, désormais, celle-ci n’a plus d’objet, puisque j’aurai quitté la présidence LR et le parti LR d’ici là », fait valoir le désormais ex-président des LR.
« Il était très isolé, très seul en définitive », selon Daniel Fasquelle
Du côté des LR qui n’avaient pas suivi Eric Ciotti, soit l’immense majorité du parti et la totalité de l’état-major, qui avait dénoncé sa décision, on ne cache pas sa satisfaction de voir cette mauvaise histoire, pour ne pas dire ce cauchemar, aux yeux de certains, connaître un terme.
« Eric Ciotti avait de toute façon déjà quitté les LR, de fait. Il ne manquait que cette annonce », réagit auprès de publicsenat.fr Daniel Fasquelle, trésorier des Républicains. Le maire du Touquet-Paris-Plage rappelle que « pour les législatives, il avait invité ses candidats à choisir un autre parti que les LR. Et tout au long de l’été, il a construit un autre parti et invité les adhérents LR à le rejoindre. Pour moi, ce n’est que la conclusion d’un processus largement engagé. Ce n’est pas une surprise ». Daniel Fasquelle ajoute qu’« il n’avait pas le choix, car ni les instances du parti, ni les cadres, ni les personnels du siège ne l’avaient suivi. La secrétaire générale, (Annie Genevard, nommée ministre de l’Agriculture, ndlr), ni moi-même ne l’avais suivi. Il était très isolé, très seul en définitive ».
« Le plan a échoué »
« Ça me paraissait inéluctable. Il a choisi son timing, avec la nomination du gouvernement, pour avoir son argumentaire, ça lui permet de se justifier. Mais c’est toujours le même discours. Ça évitera au moins des procédures, qui sont toujours délétères pour tout le monde », juge Dominique Estrosi Sassone, présidente LR de la commission des affaires économiques. La sénatrice des Alpes-Maritimes, département d’Eric Ciotti, ajoute :
Le sénateur LR Stéphane Piednoir salue, lui, « une clarification. Il a mis du temps pour comprendre et pour jouer avec les procédures judiciaires. Mais l’issue ne faisait aucun doute depuis pas mal de temps », pense celui qui est à la tête de la fédération LR du Maine-et-Loire. Il rappelle que « la convocation du bureau (dans le but était d’exclure Eric Ciotti, ndlr) est inscrite dans nos statuts, à partir du moment où elle rassemble un quart des membres du bureau », ce qui était le cas. Au final, « il a largement perdu son pari », estime Stéphane Piednoir, « c’est une opération totalement manquée. Le plan a échoué et il se retrouve isolé dans un groupe de 16 députés quand on a un bloc de 200 parlementaires ».
« On tourne définitivement la page »
Son collègue Laurent Duplomb, sénateur LR de la Haute-Loire, salue également « cette clarification de sa part. On ne peut pas être sorti et continuer d’être à l’intérieur ». « C’est très bien, on tourne définitivement la page », apprécie la sénatrice LR du Val-d’Oise, Jacqueline Eustache-Brinio, « ravie qu’il ait acté son départ officiel des LR ».
Pas mécontent non plus d’être débarrassé de cette procédure judiciaire « qui nous empoisonnait la vie », le sénateur LR Max Brisson souligne qu’Eric Ciotti « nuisait aux intérêts du parti », que ce soit pour le financement public, avec des candidats estampillés Ciotti « qui n’étaient pas étiquetés LR » ou en « utilisant les fichiers pour demander par mail aux adhérents d’adhérer à son propre parti ». Le sénateur LR des Pyrénées-Atlantiques ajoute :
« Être ministre de l’Intérieur était son rêve le plus fort et ça lui est passé sous le nez »
Difficile aussi de ne pas se dire qu’Eric Ciotti a fait le mauvais choix politique et stratégique. S’il n’avait pas franchi le Rubicon en faisant alliance avec le RN, on peut imaginer qu’il serait devenu ministre du gouvernement Barnier. « Peut-être qu’il doit nourrir beaucoup de regrets aujourd’hui », avance Daniel Fasquelle. « Il doit être un peu amer. Il rêvait d’être ministre de l’Intérieur et je suis ravie que ce soit Bruno Retailleau aujourd’hui, un homme qui a des convictions et qui n’en change pas », pointe Jacqueline Eustache Brinio. « Être ministre de l’Intérieur était son rêve le plus fort et ça lui est passé sous le nez aujourd’hui. Avant de quitter LR avec pertes et fracas, il faisait des ronds de jambe à Emmanuel Macron », rappelle Dominique Estrosi Sassone.
Dans les faits, cela ne devrait pas changer grand-chose dans la vie du parti. « Concrètement, il n’était plus présent depuis un petit moment au siège », remarque Stéphane Piednoir, qui raille « le cirque, le cinéma de son vrai faux départ, suite à la dissolution ». « On n’a pas à récupérer les clefs, on ne les a jamais perdues. On a toujours été chez nous. Jamais personne n’a été interdit d’accès aux LR. J’ai continué à y aller toutes les semaines, le personnel aussi. Le parti a fonctionné tout l’été », explique Daniel Fasquelle, quand « Eric Ciotti n’y a pas mis les pieds depuis le mois de juin ».
« Attention à ces changements perpétuels de nom, qui perdent aussi les électeurs et militants », met en garde Daniel Fasquelle
La page Ciotti se tournant, « on a un nouveau départ à prendre », espère Stéphane Piednoir. Une nouvelle élection devra être organisée pour élire un nouveau président ou présidente à la tête du parti. Reste à voir si Laurent Wauquiez, qui a préféré rester en dehors du gouvernement et garder la présidence du groupe à l’Assemblée, se lancera. Tenir l’appareil est toujours un avantage dans la conquête de l’Elysée. Mais il ne s’agit pas que d’une question de casting. « Ça va nous permettre de reconstruire de fond en comble, de la cave au grenier, un parti de la droite républicaine, avec de nouveaux statuts, la réaffirmation d’une charte des valeurs », espère Max Brisson, qui veut « établir une refondation, dont la partie la plus superficielle sera le nom ».
« C’est la fin de l’histoire Ciotti. Par contre, on a un parti à rebâtir, ses idées, ses cadres, son positionnement », confirme Daniel Fasquelle. S’il n’a « pas d’avis tranché » sur un changement de nom, le trésorier des LR met cependant en garde : « Attention aussi à ces changements perpétuels de nom, qui perdent aussi les électeurs et militants. Il ne faut pas en faire un tabou, mais ce n’est pas l’alpha et l’Omega. Si on change de nom mais pas les idées, les hommes, les femmes, on n’aura pas pris le problème par le bon bout ».
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