C’est une déclaration qui a fait l’effet d’une bombe. Lors d’un débat sur l’antenne de France Bleu, qui réunissait les trois forces politiques encore en lice dans les Pyrénées-Orientales, Jean Sol, sénateur LR et candidat à la présidence du département, a déclaré qu’il pourrait passer une alliance avec le Rassemblement National dans le cadre du troisième tour de l’élection, lors du vote qui désignera la présidence et les vice-présidences du département, après le second tour.
Interrogé sur la possibilité de confier une vice-présidence à son adversaire du Rassemblement National, Jean Sol répond : « Moi, je pense que cela pourrait se faire, dans l’apaisement, sur la base de la représentativité des différentes sensibilités. Et surtout sur la mutualisation des compétences, je le répète autour d’un projet au service de notre département et de tous ses habitants sans exception ni sectarisme ». Une phrase qui a été depuis découpée et retweetée par ses adversaires politiques.
Le PS demande le retrait de l’investiture
Le premier secrétaire du Parti Socialiste Olivier Faure mène la fronde contre ce possible accord. Et demande à tous les partis de dénoncer cette possibilité. Dans une vidéo sur les réseaux sociaux, il enjoint Jean Castex, élu du département, et Christian Jacob, président des Républicains, à désavouer leur candidat. « Au moment même où nous, nous avons fait le choix du retrait en PACA, nous avons le choix du barrage républicain, voilà que ces hypocrites fissurent ce front républicain dans le département où Louis Aliot a déjà été élu maire il y a un an à Perpignan », précise le patron du PS. « Je leur demande de retirer l’investiture à ce monsieur » conclut-il.
« Aucune alliance avec le RN » pour Jacob
Christian Jacob s’est fendu d’un tweet pour désavouer cette possible alliance, sans retirer l’investiture à Jean Sol. Il écrit : « un principe intangible a toujours guidé notre famille politique : aucune alliance avec le RN pour la gouvernance d’une collectivité, n’est envisageable ». Un recadrage clair, avec une précision : « Ce principe vaut pour tous les extrêmes, de droite comme de gauche ».
Une position également défendue par l’autre sénateur Les Républicains du département, François Calvet. Joint par téléphone, celui qui soutient Jean Sol dans cette élection rappelle qu’« il ne peut pas être question pour nous Républicains de s’allier au RN, point final ! » Membre de la commission nationale d’investiture du parti, il précise « que cela a toujours été notre ligne », mais concède que « si les instances nationales interviennent, c’est qu’il y a eu un trouble ».
« Un contrat de gestion » possible pour Louis Aliot
Interrogé dans la matinale de Public Sénat, le maire RN de Perpignan Louis Aliot voit d’un bon œil ce possible rapprochement. « Je pense que dans le cadre d’un contrat de gestion, et pour éviter que la gauche continue de gérer ce département avec une politique complètement folle, effectivement on peut s’entendre » déclare le maire RN. « On n’est pas obligé de s’embrasser pour faire de la politique, et on peut discuter sur des idées, sur des projets et un échéancier et moi avec mes équipes je suis prêt à travailler sur ce schéma-là » précise l’édile de la plus grande ville de France dirigée par le Rassemblement National.
Mais il sait aussi que cet accord sera très compliqué, sur les terres d’élection du Premier ministre Jean Castex. Et selon lui, l’ancien maire de Prades, commune du département, agit déjà pour empêcher cette alliance. « Je crains que Jean Castex ait engagé les négociations entre la droite LR du département et la gauche socialo communiste. Cela prouvera la collusion qui existe entre les uns et les autres » conclut-il.
Pyrénées orientales: " Dans le cadre d'un contrat de gestion, on peut s'entendre" avec LR
« Une tentative d’intox » selon Jean Sol
Jean Sol a publié ce vendredi après-midi un communiqué intitulé « aucune compromission ni arrangements de partis ». Dénonçant « la mauvaise interprétation de (s) es propos », il affirme : « Ni moi, ni aucun candidat de mon équipe n’avons fait d’alliance avec le Rassemblement National ou la majorité sortante PS/PC ». Évoquant « une tentative d’intox », il rappelle sa volonté de « diriger le département au service de l’intérêt général ». Le sénateur LR conclut en se disant « déterminé à fédérer les élus de bonne volonté autour de (s) on projet ».
Si la situation est aussi confuse dans le département, c’est qu’il sera difficile pour chaque camp d’obtenir une majorité au soir du second tour. Sur 17 cantons, il y aura ce dimanche 27 juin trois affrontements entre la droite et la gauche, huit entre la gauche et le RN, cinq entre la droite et la gauche et un entre LREM et le RN. Des alliances seront sans doute nécessaires pour celui ou celle qui voudra prendre la tête du conseil départemental.