Files d’attente à rallonge, rendez-vous tardifs… Se faire dépister à Paris est devenu difficile, malgré les mesures mises en place par la mairie. Anne Hidalgo demande à la préfecture davantage de moyens humains.
Par Hugo Lemonier, avec Michael Pauron
Temps de lecture :
5 min
Publié le
Mis à jour le
Le téléphone sonne dans le vide. Une minute, deux minutes… puis raccroche. C’est ce qui attend bon nombre de Parisiens, souhaitant prendre rendez-vous pour un test virologique (PCR) auprès d'un laboratoire d'analyse. Sur la plateforme Doctolib, où 1 médecins sur 3 serait inscrit depuis le confinement, aucun dépistage de la Covid-19 avant le 14 août.
Auprès de l’un des plus grands groupements français, Biogroup LCD («600 sites, 650 biologistes, 7500 collaborateurs », peut-on lire sur leur page web), il faut attendre 24 heures avant de se voir proposer une date à Paris.
A flux tendu
Autre tentative : depuis quelques semaines, certains laboratoires parisiens acceptent les patients sans rendez-vous, puisque les tests sont intégralement remboursés même sans ordonnance. «Nous travaillons tous à flux tendu », confie un biologiste dans un laboratoire d’analyse du nord de Paris, visité par Public Sénat.
Il assure que la file d'attente sur le trottoir ne désemplit pas : «Entre les touristes qui se rendent dans des pays dont l'entrée est conditionnée à un test Covid négatif, et les agences de voyage, nous sommes devenus le passage obligé avant de partir en vacances. »
Un système qui sature
Selon les dernières données de Santé publique France, 509 711 tests virologiques ont été effectués dans la semaine du 20 au 26 juillet dans l'hexagone (réalisés par l'ensemble des laboratoires de ville et établissements hospitaliers). Encore loin des « 700 000 tests virologiques par semaine », promis pour le 11 mai par l'ancien Premier ministre Edouard Philippe. Mais la tendance est à la hausse. Dans la semaine du 18 au 24 mai, au lendemain du confinement, 247 000 prélèvements avaient été réalisés ; il y en avait eu 334000 dans la semaine du 29 juin au 5 juillet.
Evolution des tests Covid à Paris et en France, source ARS
ARS
Multiplication des clusters, inquiétudes face à une éventuelle deuxième vague, contraintes liées aux voyages, retours de vacances... Le système peine à faire face à la demande. La situation n'est pourtant pas nouvelle : dès le 16 juillet, l'Agence régionale de santé (ARS) affirmait au quotidien Le Monde que la tension était déjà forte. Et Bruno Lina, virologue et membre du conseil scientifique, estimait dans le même article que « les laboratoires sont sous pression aussi bien à Paris qu’en province ».
Le 2 août, le président du Syndicat national des biologistes, François Blanchecotte, rappelait dans les colonnes du Parisien : « Il y a deux mois, j'avais prévenu que si des milliers de personnes se faisaient dépister au même moment, ça poserait problème. Devant ma porte, il y a 160 patients par jour. » Selon plusieurs sources, en Mayenne, comme sur la Côte méditerranéenne, le constat est le même : les laboratoires sont engorgés.
Cinq jours pour un test virologique, c'est beaucoup trop long !
Dr Bernard Jomier, sénateur PS de Paris, membre de la commission sur la Covid-19
Or, chaque jour compte, rappelle le médecin généraliste et sénateur de Paris (PS), Bernard Jomier : « J’ai vu vendredi [24 juillet] une patiente qui avait des symptômes, elle n'a pu faire le test que le lundi [27 juillet] et a eu les résultats le mercredi [29 juillet]. Un test PCR ne prend pourtant que 8 à 12 heures… »
Membre de la commission d’enquête du Sénat, pour l’évaluation des politiques publiques face aux grandes pandémies à la lumière de la crise sanitaire de la Covid-19 (dont les travaux reprendront en septembre), Bernard Jomier estime que « cinq jours, c’est beaucoup trop long pour casser des chaînes de transmission. C’est cinq jours où vous ne pouvez pas identifier les cas contacts ».
25 755 tests effectués à Paris entre le 20 et le 26 juillet
Pour faire face à cette hausse constante de la demande, la mairie de Paris a mis en place une campagne de dépistage rapide. Deux villages santé ont été installés jusqu'au 30 août sur les berges de la Seine, dans le cadre de Paris-Plages.
Ces spots de dépistage proposent notamment des « tests rapides d'orientation de diagnostic sérologiques », les « TROD », capables de repérer les anticorps contre la Covid-19 en quelques minutes. Si ce test est positif, il faut encore qu’il soit confirmé par un prélèvement de type PCR… Ce que proposent aussi ces installations. Mais, comme le souligne la mairie elle-même, le « succès » de ces initiatives allonge les files d'attente.
Deux millions d'euros pour la campagne de dépistage
D'autant que les rigidités administratives ne cessent d'entraver les efforts de la municipalité, selon Anne Souyris, adjointe à la Santé de la mairie de Paris : « Le gouvernement a publié un arrêté qui permet de réaliser des tests PCR sans prescription et sans l'intervention d'un médecin. On pourrait donc, par exemple, faire appel à des secouristes, des étudiants en médecine, etc. Sauf que, à Paris, la préfecture n'a autorisé l'utilisation de ces personnels non-médicaux que dans les aéroports. Pourquoi ? Je n'en sais rien... »
La maire de Paris, Anne Hidalgo, s'est ainsi fendue d'une lettre à la préfecture pour que cette autorisation soit élargie à l'ensemble des actions organisées par la municipalité, qui a déboursé jusqu'ici plus de deux millions d'euros pour l'organisation de cette campagne de dépistage.
Toutes ces mesures ont cependant permis d'augmenter le nombre de prélèvements. Selon Santé publique France, 24 755 ont été effectués dans la semaine du 20 au 26 juillet, contre 15 549 entre le 29 juin et le 5 juillet. Reste une crainte : Paris et les autres grandes villes seront-elles équipées pour absorber une augmentation de la demande attendue d'ici la fin de l'été ?
La réunion à l’Elysée n’a pas abouti sur un accord. Mais avec des lignes rouges qui peuvent paraître très éloignées, la sortie de crise semble encore lointaine. Un début de rapprochement émerge cependant sur la méthode, autour du non-recours au 49.3.
Depuis la chute de Bachar Al-Assad, certaines déclarations de responsables politiques conciliant avec le régime dictatorial refont surface. En octobre 2015 par exemple dans l’émission « Preuves par 3 » sur Public Sénat, Jean-Luc Mélenchon estimait que les bombardements russes et syriens faisaient partie d’une guerre nécessaire contre les rebelles.
Reçus par Emmanuel Macron ce mardi, avec d’autres formations politiques à l’exception de LFI et du RN, socialistes et écologistes se sont engagés, s’ils accèdent au pouvoir, à ne pas utiliser le 49.3 à condition que les oppositions renoncent à la motion de censure. « Ça a été repris par Horizons, par le MoDem », a assuré Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS.
À la sortie d’une réunion avec les partis, hors LFI ou RN, le patron des députés de la Droite républicaine insiste à nouveau sur la nécessité d’aboutir à un accord de non-censure pour qu’un gouvernement survive. Il maintient sa ligne rouge : la droite ne veut ni ministres issus de la France insoumise, ni application du programme du Nouveau Front populaire.