C’est l’un des points les plus polémiques de l’accord passé entre La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon et les autres partis de gauche pour les élections législatives : la « désobéissance » aux traités européens. Cette formule a donné quelques sueurs froides aux deux franges les plus europhiles de la « Nouvelle union populaire, écologiste et sociale » (NUPES), à savoir le Parti socialiste et Europe Ecologie Les Verts, certains reprochant aux insoumis de vouloir engager leurs partenaires vers un Frexit déguisé. « Non, dans l’accord il n’y a pas le fait que l’on sorte de l’Europe », a voulu rassurer vendredi, au micro d’« Extra local » sur Public Sénat, l’écologiste Sandrine Rousseau.
« Depuis la crise du covid-19, nous sommes en désobéissance des traités, ce qui veut dire qu’il faut les revoir puisqu’ils ne sont plus adaptés à la situation », a-t-elle expliqué, en invoquant l’endettement provoqué par les dispositifs économiques débloqués en urgence à partir de mars 2020, afin de permettre aux entreprises de rester à flot malgré les mesures de restriction mises en place pour freiner la pandémie. « Nous sommes en désobéissance aujourd’hui parce que les traités européens nous imposent d’être à 3 % de déficit et à 80 % de notre PIB en matière de dette extérieure », rappelle cette professeure d’économie. « Donc aujourd’hui, et depuis la crise du covid-19, nous sommes en désobéissance ! », martèle Sandrine Rousseau.
Revoir les traités pour « instaurer une Europe sociale »
Une situation, toutefois, qui a reçu l’aval de la Commission européenne au regard de l’ampleur des turbulences traversées ces deux dernières années. En revanche, l’accord électoral qui s’est mis en place au sein de la gauche française a été scruté avec une attention particulière par les instances européennes. Comme nous vous l’expliquions dans cet article, plusieurs eurodéputés verts, néerlandais, belges ou allemands, appartenant au groupe Alliance Libre Européenne (ALE) au Parlement européen, se sont inquiétés d’une éventuelle remise en cause de la primauté du droit européen. Sur Public Sénat, Sandrine Rousseau dénonce des « fantasmes » à propos d’un risque de rupture, et plaide pour recentrer la construction européenne autour des préoccupations sociales.
» Lire notre article : Que risque un État s’il désobéit aux règles européennes ?
« Je vais vous donner un scoop : nous ne reviendrons pas rapidement à 80 % du PIB en matière de dette », pointe-t-elle. « De toute façon, il faudra revoir ces traités. Revoyons-les pour instaurer une Europe sociale », enjoint notre invitée. « Je rappelle qu’Emmanuel Macron, lorsque la France a pris la présidence de l’UE, a dit qu’il travaillerait pour avoir un salaire minimum dans toute l’Europe, ce qu’il n’a pas fait. L’Europe sociale est toujours à la traîne, nous n’arrivons pas à la mettre en œuvre. Cette renégociation des traités nous permettra de le faire », conclut-elle.