Face à un président américain bien décidé à jouer avec les nerfs des Européens sur les tarifs douaniers, Stéphane Séjourné pense que la première réponse doit être de renforcer les échanges intracommunautaires. A commencer par la mise en place de la préférence européenne : « Choose Europe, ça sera réviser les marchés publics, mettre des clauses de préférence européenne sur un certain nombre de secteurs stratégiques, faire le Buy European Act, une petite révolution pour l’Union européenne et pour tous les pays qui n’avaient pas le même concept français de préférence européenne. Ça a évolué et j’ai la garantie de pouvoir faire une proposition dès 2026 d’une révision des marchés publics européens et d’introduire des clauses d’achats européens, de choisir l’Europe, pas uniquement sur la recherche mais aussi sur l’industrie », explique l’ancien ministre.
« S’européaniser, une galère administrative et bureaucratique » pour les PME
Pour l’ex-député européen macroniste : « Le contexte international fait du marché intérieur une valeur refuge pour les entreprises européennes ». Il déplore : « Une partie de nos entreprises se sont internationalisées avant même de s’européaniser ». Il y voit plusieurs raisons, « notamment des barrières réglementaires entre les pays, donc pour une PME (Petite et Moyenne Entreprise) ou une ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire) française, aller en Allemagne, en Italie, pour commercialiser ses produits, s’européaniser dans tout le marché intérieur, est une galère administrative, bureaucratique. Parce qu’il faut pouvoir avoir une filiale, s’adapter au droit européen, national, regarder les différences réglementaires, les différences de commercialisation des objets ».
Pour y remédier, « nous avons mis en place des dispositifs pour simplifier, harmoniser l’ensemble des règlements. On essaye de réduire nos dépendances, c’est une autre stratégie » explique Stéphane Séjourné.
Un visa touristique européen bientôt payant ?
Interrogé sur les ressources de l’Union dans ce contexte de tensions, il plaide pour une taxe de deux euros sur les petits colis, qui pourrait être une solution envisagée par les États membres : « On a en perspective 6 milliards de colis qui vont arriver de Chine l’année prochaine. Ça donne la taille de ce qu’on pourrait récupérer dans le budget européen pour l’intérêt général européen », détaille-t-il.
Enfin, pour ce proche du président français : « Il y a des perspectives de nouvelles ressources pas supportées par les Européens, ce n’est pas de l’impôt, ce n’est pas de la taxe, ni sur les consommateurs ni sur les industriels, mais qui peuvent être l’ESTA européen, ce visa touristique qui n’existe pas en Europe. Vous allez aux États-Unis, ça coûte 25 ou 26 dollars pour rentrer sur le territoire américain, vous allez en Europe, c’est gratuit. »
Simplifier, mais ne pas déréguler
La Commission européenne prévoit en outre de réduire les coûts administratifs des entreprises de 400 millions d’euros, après un premier train de mesures de 8 milliards d’euros avec l’exemption pour les PME de la tenue de registres du portail du CO2. Certains pourraient y voir une dérégulation et un recul en matière d’écologie, ce que dément Stéphane Séjourné : « Nous avons décidé de garder les standards fixés lors de la dernière mandature : la décarbonation de notre économie d’ici à 2050, par secteur d’activité. Nous sommes pragmatiques, dans le contexte international qui a changé, il faut donner des flexibilités ». Il assume un changement de méthode sans renier le but : « Je ne confonds pas le chemin et l’objectif. »
Une émission à revoir en intégralité sur notre espace replay.