Dès 2026, Stéphane Séjourné veut « introduire des clauses d’achats européens » dans les marchés publics européens

Au moment où, de nouveau, Donald Trump menace d’augmenter les droits de douane de 50% pour les pays de l’Union européenne, Stéphane Séjourné revient sur la stratégie à adopter : renforcement du marché intérieur, Buy European Act, réciprocité, et nouvelles ressources propres… Pour lui, l’Europe doit être le premier marché des Européens.  Il détaille son ambition dans l’émission Ici L’Europe, présentée par Caroline de Camaret.
Mathieu Terzaghi

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Face à un président américain bien décidé à jouer avec les nerfs des Européens sur les tarifs douaniers, Stéphane Séjourné pense que la première réponse doit être de renforcer les échanges intracommunautaires. A commencer par la mise en place de la préférence européenne : « Choose Europe, ça sera réviser les marchés publics, mettre des clauses de préférence européenne sur un certain nombre de secteurs stratégiques, faire le Buy European Act, une petite révolution pour l’Union européenne et pour tous les pays qui n’avaient pas le même concept français de préférence européenne. Ça a évolué et j’ai la garantie de pouvoir faire une proposition dès 2026 d’une révision des marchés publics européens et d’introduire des clauses d’achats européens, de choisir l’Europe, pas uniquement sur la recherche mais aussi sur l’industrie », explique l’ancien ministre.

« S’européaniser, une galère administrative et bureaucratique » pour les PME

Pour l’ex-député européen macroniste : « Le contexte international fait du marché intérieur une valeur refuge pour les entreprises européennes ». Il déplore : « Une partie de nos entreprises se sont internationalisées avant même de s’européaniser ». Il y voit plusieurs raisons, « notamment des barrières réglementaires entre les pays, donc pour une PME (Petite et Moyenne Entreprise) ou une ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire) française, aller en Allemagne, en Italie, pour commercialiser ses produits, s’européaniser dans tout le marché intérieur, est une galère administrative, bureaucratique. Parce qu’il faut pouvoir avoir une filiale, s’adapter au droit européen, national, regarder les différences réglementaires, les différences de commercialisation des objets ».

Pour y remédier, « nous avons mis en place des dispositifs pour simplifier, harmoniser l’ensemble des règlements. On essaye de réduire nos dépendances, c’est une autre stratégie » explique Stéphane Séjourné.

Un visa touristique européen bientôt payant ?

Interrogé sur les ressources de l’Union dans ce contexte de tensions, il plaide pour une taxe de deux euros sur les petits colis, qui pourrait être une solution envisagée par les États membres : « On a en perspective 6 milliards de colis qui vont arriver de Chine l’année prochaine. Ça donne la taille de ce qu’on pourrait récupérer dans le budget européen pour l’intérêt général européen », détaille-t-il.

Enfin, pour ce proche du président français : « Il y a des perspectives de nouvelles ressources pas supportées par les Européens, ce n’est pas de l’impôt, ce n’est pas de la taxe, ni sur les consommateurs ni sur les industriels, mais qui peuvent être l’ESTA européen, ce visa touristique qui n’existe pas en Europe. Vous allez aux États-Unis, ça coûte 25 ou 26 dollars pour rentrer sur le territoire américain, vous allez en Europe, c’est gratuit. »

Simplifier, mais ne pas déréguler

La Commission européenne prévoit en outre de réduire les coûts administratifs des entreprises de 400 millions d’euros, après un premier train de mesures de 8 milliards d’euros avec l’exemption pour les PME de la tenue de registres du portail du CO2. Certains pourraient y voir une dérégulation et un recul en matière d’écologie, ce que dément Stéphane Séjourné : « Nous avons décidé de garder les standards fixés lors de la dernière mandature : la décarbonation de notre économie d’ici à 2050, par secteur d’activité. Nous sommes pragmatiques, dans le contexte international qui a changé, il faut donner des flexibilités ». Il assume un changement de méthode sans renier le but : « Je ne confonds pas le chemin et l’objectif. »

Une émission à revoir en intégralité sur notre espace replay.

Dans la même thématique

BRUNO RETAILLEAU LE HAVRE
10min

Politique

Retailleau, Philippe, Attal : en 2027, y aura-t-il « que des cadavres à la fin » ?

Entre Bruno Retailleau, nouvel homme fort de la droite, Edouard Philippe, déjà candidat pour 2027, Gabriel Attal, qui rêve de l’être, Gérald Darmanin et les autres, la division menace le socle commun pour la présidentielle. La machine à perdre est-elle en marche ? A moins que certains rapprochements s’opèrent, à l’approche du scrutin…

Le

Taxi Blockades in Marseille
6min

Politique

Colère des taxis : la réforme du transport sanitaire, une piste d’économies inflammable

Vent debout contre le projet de nouvelle tarification de l’Assurance maladie, les représentants des chauffeurs de taxi sont attendus, samedi, au ministère des Transports pour une réunion avec François Bayrou. Mais l’exécutif a d’ores et déjà indiqué qu’il ne fera pas « machine arrière », soutenant son objectif de baisse des dépenses présenté lors de l’examen budget de la Sécurité sociale. Au Sénat, les élus mettent en balance les impératifs de santé et d'économie.

Le

SIPA_01213808_000003
3min

Politique

Transport sanitaire : pourquoi les taxis se mobilisent ?

Après quatre jours de mobilisations massives pour protester contre un projet de nouvelle tarification de l’Assurance maladie sur les transports de malades, les chauffeurs de taxi ont obtenu une réunion samedi au ministère des Transports en présence de François Bayrou. Explications.

Le