Des coups, des couacs et des cases cochées: première session remuante à l’Assemblée

Des coups, des couacs et des cases cochées: première session remuante à l’Assemblée

Des nouvelles têtes à foison, un Congrès, des couacs, des coups d'éclat et de premier projets phares du gouvernement adoptés: la...
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Par Charlotte HILL, et l'équipe AFP de l'Assemblée

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Publié le

Des nouvelles têtes à foison, un Congrès, des couacs, des coups d'éclat et de premier projets phares du gouvernement adoptés: la première session à l'Assemblée de l'ère Macron qui s'achèvera formellement mercredi, aura été animée.

- Rentrée du renouveau -

Fin juin, plus de 420 primo-députés sur 577 entrent au Palais Bourbon. Ils provoquent un peu de confusion, jusqu'à la buvette où un "pauvre huissier" fait entrer tout le monde, "incapable de faire le tri entre députés et collaborateurs" du même âge, raconte une REM.

Entre selfies dans l'hémicycle et vocabulaire ("troller" chez les Insoumis ou "implémentation" côté REM), les codes sont bousculés. Idem pour les tenues: lavallière de Cédric Villani (REM), costume polynésien lavalava de Moetai Brotherson, et surtout absence de cravates des Insoumis, ensuite officiellement autorisée.

Pas le temps de s'installer pour les 7 groupes, nombre record: la campagne pour les postes clés démarre.

L'élection au poste stratégique de questeur du Constructif Thierry Solère, avec des voix REM, déclenche une première crise. Indignation des LR (premier groupe d'opposition en nombre), auquel le poste devait revenir.

François de Rugy, ex-écologiste passé à REM, décroche le prestigieux "perchoir" face à deux "marcheuses" ex-PS, prônant une Assemblée plus "moderne". Les premières réformes tombent début août: alignement sur le droit commun des retraites et allocations chômage des députés.

- Les REM, "godillots" sans capitaine? -

Fort de 314 membres, le groupe, allié à un MoDem qui a fait entendre sa musique, agace l'opposition, qui dénonce "godillots" ou "robots" prompts à tout voter. "Il faudrait hurler dans l'hémicycle? (...) Reproduire tous les comportements que nous dénoncions hier?", se défend Aurore Bergé sur Facebook, assurant: "Nous savons apprendre" les codes.

L'opposition épingle aussi la présence "intermittente" du chef de file Richard Ferrand.

Pour le chef de file communiste, André Chassaigne, la "mosaïque" REM "nécessiterait un timonier fixant le cap". L'Insoumis Eric Coquerel pronostique une tenue du groupe "à terme mission impossible", car "la diversité va finir par percer", des failles étant déjà apparues à l'occasion des textes sur la moralisation de la vie publique.

Mais, pour Damien Adam (REM), il n'y a "pas de difficultés" Ferrand, "simplement une courbe d'apprentissage du groupe". "Il y en a des bons (…) ils vont monter en puissance", pronostique un ténor de gauche.

Richard Ferrand vient de s'engager à appliquer "à la rentrée" des méthodes de travail "plus efficaces".

- Couacs et tensions -

Tensions sur des prises de parole et entre majorité et oppositions sont allées crescendo, contraignant parfois François de Rugy à revenir au perchoir, où des vice-présidents novices étaient un peu débordés. "Bizutage", selon le président.

Sur les lois de moralisation, les incidents se sont multipliés, entraînant d'incessants rappels au règlement.

Après une séance nocturne particulièrement houleuse fin juillet, le patron des députés socialistes de Nouvelle Gauche Olivier Faure a même dénoncé une Assemblée "ridicule", les REM renvoyant la responsabilité aux oppositions.

Le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, Christophe Castaner, également épinglé pour son absence, a été dépêché pour la fin des travaux. "L'Assemblée a bien travaillé", a-t-il vanté.

- Deux textes phares, deux scénarios -

Scénario clair sur la loi travail: Insoumis et communistes ont occupé le terrain, dans un face-à-face souvent tendu avec REM. A tel point qu'un Constructif s'est ému dans l'hémicycle d'être quelque peu "ignoré".

Sur les lois de moralisation, autre projet phare, les oppositions ont été croisées, basculant par moments dans une querelle entre "anciens" et "modernes".

- Opposition dispersée -

Les Républicains, séparés des Constructifs, et qui voient siéger au gouvernement plusieurs ex-collègues dont Edouard Philippe, ont parfois cherché leur ligne.

"Frustration" pour Nouvelle Gauche, même si Olivier Faure vante "une ambiance très nouvelle" entre des gens s'étant "parfois empaillés" auparavant mais ayant compris après leur "échec cuisant" devoir "agir différemment".

Les Insoumis, qui ont boycotté le Congrès convoqué par Emmanuel Macron, se sont illustrés dans la rue, sur les réseaux sociaux, et par des happenings dans l'hémicycle: Code du travail brandi pour dénoncer la réforme, ou 5 euros de conserves et autres paquets de pâtes contre la baisse des APL.

Les communistes, au style plus discret mais forts de nouvelles voix, s'affichent aussi déterminés.

Les FN, dépourvus de groupe, ont été peu audibles. Leur chef de file Marine Le Pen traîne "sa misère", selon un ténor de la majorité.

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