Des députés de l'aile droite du PS envisagent un "droit de retrait" en cas de victoire de Benoît Hamon à la primaire dimanche même si l'hypothèse d'un ralliement massif et immédiat à Emmanuel Macron semble s'éloigner.
Au nom des députés "réformateurs", qui seraient une cinquantaine selon l'un d'eux, "j'ai préparé un projet de texte qui sera présenté à la réunion du groupe" de ces députés "à l'Assemblée mardi. C'est un droit de retrait de la campagne de (Benoît) Hamon, une sorte d'objection de conscience", a indiqué l'élu de Gironde Gilles Savary à l'AFP.
Ce n'est "pas un appel à voter (Emmanuel) Macron", le texte ne parlant pas d'un ralliement au leader du mouvement En marche!, "car nous ne sommes pas tous d'accord", a poursuivi le député. Il s'était dit mercredi lui-même prêt à soutenir Emmanuel Macron si celui-ci acceptait "des appareillements" (appartenance à deux mouvements). Les ralliements "se feront individuellement", le cas échéant, a-t-il estimé.
"On veut être clairs vis-à-vis de nos électeurs : on a défendu auprès d'eux le CICE, la politique de l'offre, la loi travail... on ne peut pas faire campagne pour le contraire ensuite", a expliqué M. Savary. "Les députés qui ont été légitimistes et loyalistes comme nous seraient piégés par une victoire de Hamon" qui les mettrait en difficulté face à leurs électeurs, a-t-il fait valoir.
"Comment voulez-vous que des gens qui se sont battus contre les frondeurs soutiennent un candidat représentant ceux qui n'ont fait que leur taper dessus".
- Chez Valls: "du sang-froid" -
La députée Bernadette Laclais a confirmé que "des discussions sont ouvertes au sein du pôle des réformateurs", auquel elle appartient, mais a rappelé qu'elle soutient Manuel Valls et se "bat pour qu'il soit vainqueur". "Moi j'attends dimanche", a-t-elle dit.
Manuel Valls et ses proches mettent eux en garde contre toute précipitation et semblent plutôt décidés à rester en retrait en cas de défaite dimanche.
"Non, je ne pourrai pas défendre son programme, mais je serai loyal parce qu'il y a des règles pour la primaire, je m'effacerai" devant Benoît Hamon, a dit vendredi l'ancien Premier ministre.
Interrogé par L'Opinion, le sénateur Luc Carvounas a invité ses collègues à garder leur "sang-froid".
"Ce sera au candidat élu, quel qu'il soit, de faire montre de rassemblement, il y a une campagne à mener, il y a des territoires à défendre, il y a les législatives derrière, il y a les socialistes et un peuple de gauche qui attend de nous cette responsabilité", a-t-il dit.
Si Benoit Hamon "était vainqueur je ne vais pas lui mettre des bâtons dans les roues. S'il était vainqueur, je ne ferai pas ce qu'il a fait comme député contre le gouvernement de Manuel Valls", a-t-il insisté.
"J'appelle tous les députés et sénateurs à attendre un peu, parce que nous avons une histoire commune. Il ne s'agit pas dès le lendemain de la primaire de partir vers une autre aventure", a renchéri le président du groupe PS au Sénat Didier Guillaume, directeur de campagne de Manuel Valls.
Son homologue chez Benoît Hamon Mathieu Hanotin a cependant prévenu qu'"un texte qui s’appelle droit de retrait, défendu en groupe et rendu public" sera "considéré comme une agression".
"En revanche, on est pour le respect des convictions de chacun. On comprendra que Manuel Valls qui a défendu des positions différentes ne vienne pas faire la campagne à nos côtés", a-t-il ajouté.
Un peu plus tôt, l'équipe de campagne de Benoît Hamon avait estimé que "la seule exigence si l'on gagne, c'est la loyauté", jugeant que "ne pas nuire à un candidat, cela peut suffire".