Des élus LR Macron-compatibles ont dénoncé dimanche des procédures d'"exclusion" du parti lancées contre eux et les ministres LR au gouvernement, deux jours avant un bureau politique de LR qui doit trancher sur cette question.
"J'ai reçu ma convocation d'exclusion par courrier, comme Édouard Philippe (le Premier ministre), Gérald Darmanin (ministre de l'Action et des Comptes publics), Franck Riester (député) et Sébastien Lecornu (secrétaire d’État). Je ne sais pas si je m'y rendrai", a annoncé au Parisien Dimanche Thierry Solère, initiateur du groupe des Constructifs LR-UDI à l'Assemblée.
Selon un cadre LR, des courriers ont bien été adressés aux quatre ministres ainsi qu'à M. Solère et à Franck Riester, coprésident du groupe des Constructifs et député de Seine-et-Marne. L'entourage de M. Darmanin a confirmé la réception d'une lettre de "procédure disciplinaire".
Bruno Le Maire, désormais ministre de l’Économie et des Finances, "s'est présenté avec En Marche!, donc il n'est plus aux Républicains", a simplement commenté son entourage, interrogé par l'AFP.
"On me reproche quoi? D'avoir fait un groupe parlementaire distinct des Républicains?" a demandé M. Solère, renvoyant Bernard Accoyer, Laurent Wauquiez et Eric Ciotti à la courte expérience du groupe parlementaire R-UMP dissident en 2012-2013, dont M. Accoyer n'était pourtant pas membre. "Ils n'ont pas été exclus pour autant à l'époque."
Le président du groupe constructif LR-UDI Franck Riester le 3 juillet 2017
POOL/AFP
M. Riester a, lui, dénoncé "des pratiques d'un autre âge". "Ça me fait penser un peu à ces régimes autoritaires à bout de souffle, ces oligarchies qui, pour garder leur pouvoir, leur pré carré, sont prêts à tout, et notamment à faire des exemples" parmi les "leaders de l'opposition, en pensant que les autres vont se terrer", a-t-il lancé.
- "Bûchers" -
Le parti Les Républicains doit tenir mardi un bureau politique, au cours duquel l'exclusion des Constructifs sera discutée.
Selon le cadre LR, ce ne sont pas des "courriers d'exclusion mais une procédure interne habituelle" pour "informer" les mis en cause "qu'un prochain bureau politique statuerait sur une éventuelle sanction, conformément à nos statuts et à notre règlement intérieur."
"Pas d'exclusion à ce stade, nous souhaitons avant tout qu'ils puissent s'expliquer", a poursuivi cette source.
Mais plusieurs voix demandent qu'ils soient exclus, comme dimanche encore le trésorier LR et député du Pas-de-Calais Daniel Fasquelle. "Je suis LR pas Solère", a aussi tweeté l'ancienne ministre Nadine Morano.
Le maire LR de Nice, Christian Estrosi, le 5 mai 2017 à Paris
AFP/Archives
Le maire LR de Nice, Christian Estrosi, a, lui, refusé d'éventuelles exclusions, comparées à des "bûchers" ou procédés "staliniens", plaidant qu'un parti se renforce "en rassemblant".
"La diversité des convictions doit être respectée au sein des Républicains en refusant les divisions qui ne profitent qu'à Macron et au FN", a aussi tweeté le sénateur Roger Karoutchi.
Membre comme MM. Solère et Riester du groupe des "constructifs" à l'Assemblée, le patron de l'UDI Jean-Christophe Lagarde a affirmé vouloir "d'ici l'automne" une "nouvelle force politique" avec ces LR-là.
Sur cette question d'un nouveau parti, M. Riester "n'exclut rien".
Jugeant sur LCI la direction actuelle de LR "illégitime", M. Solère n'a pas non plus écarté cette option: si ses adversaires internes à LR "se resserrent et (si) tout le monde est exclu, ils seront plus personne ou quasiment plus car l'essentiel sera au FN. A ce moment-là une autre formation politique s'organisera (...) pour proposer une offre politique d'un parti européen qui n'a pas à s'opposer à tout".
Mais il envisage aussi une autre "solution": que le Congrès du parti, qui pourrait être tenu en décembre, permette aux adhérents de "trancher entre la ligne identitaire et la ligne constructive que nous incarnons au Parlement".
Alors que Sébastien Lecornu est entré hier à Matignon, une enquête Toluna-Harris Interactive révèle que seul un tiers des Français lui accordent leur confiance en tant que nouveau Premier ministre.
En succédant à François Bayrou à Matignon, le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu hérite d’une crise politique et sociale. Mais il va également devoir faire face à un dossier institutionnel à haut risque, celui de la Nouvelle-Calédonie. Lors de son passage au ministère des Outre-Mer entre 2020 et 2022, les indépendantistes lui avaient reproché d’avoir maintenu la date du troisième référendum d’autodétermination, mais également sa proximité avec les loyalistes.
Les parlementaires LR veulent négocier avec le Premier ministre et les autres partis du socle commun un « contrat de gouvernement », autour de quelques priorités, avant toute entrée dans la future équipe ministérielle. Sur certains sujets, des LR sont prêts à évoluer et à arrondir les angles.
Alors que le premier ministre va recevoir les responsables socialistes, le PS fait monter la pression et demande à Sébastien Lecornu de se positionner sur leur contre-budget, insistant sur la question du déficit, de la taxation des hauts patrimoines et le pouvoir d’achat. Sur la taxe Zucman, ils sont prêts à lâcher le principe, à condition qu’une autre solution rapporte autant.