Voter utile, pour le moins pire, ou simplement contre un candidat : voilà à quoi pourraient se résoudre certains électeurs le 23 avril. Pour...
Des scientifiques à la recherche du mode de scrutin idéal
Voter utile, pour le moins pire, ou simplement contre un candidat : voilà à quoi pourraient se résoudre certains électeurs le 23 avril. Pour...
Par Laurence COUSTAL
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Voter utile, pour le moins pire, ou simplement contre un candidat : voilà à quoi pourraient se résoudre certains électeurs le 23 avril. Pour tenter de gommer ces imperfections du scrutin présidentiel, des chercheurs testent des systèmes de vote alternatifs.
Les Français vont choisir leur futur président par le biais d'un scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Ce qui n'est pas anodin: "En fonction des modes de scrutin, on peut obtenir tout et son contraire", explique à l'AFP Herrade Igersheim, économiste du CNRS à l'Université de Strasbourg.
Aux Etats-Unis, où le président est élu au suffrage indirect par les grands electeurs, les victoire de George W. Bush en 2000 et de Donald Trump en 2016 ont montré le rôle important que joue le mode de scrutin dans une élection: tout deux ont été élus par les grands électeurs en engrangeant moins de voix populaires que leurs adversaires.
Lors du scrutin présidentiel, "on ne demande plus à l'électorat ce qu'il veut, on le force à des calculs basés sur des sondages", dénonce un chercheur
AFP/Archives
Le scrutin utilisé en France pour la présidentielle "ne reflète pas la volonté de l'électorat", pour Michel Balinski, directeur de recherche émérite au CNRS et à l’École polytechnique, qui s'appuie sur des exemples.
Ainsi "en 2002, presque tous les sondages montraient Lionel Jospin gagnant contre Jacques Chirac au second tour", rappelle le mathématicien.
"Plus que d'autres modes de scrutin, celui de la présidentielle tend à ne pas élire le candidat qui vaincrait tous les autres en duel", souligne Herrade Igersheim.
De plus, ce mode de scrutin incite les électeurs à voter utile, selon ces chercheurs. Il "pousse à faire des calculs complexes afin de donner sa voix au moins mauvais parmi les candidats qui ont une chance", explique Michel Balinski. "C'est le grand drame, on ne demande plus à l'électorat ce qu'il veut, on le force à des calculs basés sur des sondages", ajoute-t-il.
- Noter, éliminer, approuver -
Autre problème relevé par les scientifiques: les électeurs ne peuvent exprimer qu'un avis alors qu'ils en ont souvent plusieurs.
Selon des expérimentations de scrutin menées par les chercheurs lors d'élections précédentes en France, plus des trois-quarts des personnes expriment un avis sur plusieurs candidats quand on leur laisse le loisir de le faire. Signe que se limiter à choisir un seul bulletin est réducteur, selon ces études.
Lors du scrutin présidentiel, "on ne demande plus à l'électorat ce qu'il veut, on le force à des calculs basés sur des sondages", dénonce un chercheur
AFP
Mais si les scientifiques sont d'accord sur les faiblesses du vote majoritaire à deux tours, ils ne le sont pas sur un mode de scrutin idéal. Alors ils testent, comparent, étudient.
Le 23 avril, jour du premier tour de la présidentielle, à Strasbourg (Bas-Rhin), Hérouville Saint-Clair (Calvados), Grenoble, Crolles et Allevard-les-Bains (Isère), les électeurs pourront tester quatre modes de scrutin. Ils pourront noter, éliminer successivement, approuver/ne pas approuver ou encore classer chaque candidat. Cette expérimentation est décrite sur le site vote.imag.fr.
Certains de ces systèmes ont déjà été adoptés à l'étranger. "Le vote par élimination successive est utilisé pour l'élection présidentielle en Irlande, pour l'élection des députés en Australie et depuis cette année, pour toutes les élections dans l'Etat du Maine aux États-Unis", selon Sylvain Bouveret de l'Université de Grenoble.
Sur Laprimaire.org et sur Facebook, depuis le 11 avril et jusqu'au 23 avril, Michel Balinski et Rida Laraki invitent les électeurs à tester un système encore différent: "le jugement majoritaire". Les électeurs attribuent à chaque candidat une évaluation sur une échelle allant de "Très Bien" à "A Rejeter".
"Kenneth Arrow, prix Nobel d'économie, a démontré en 1951 que le scrutin parfait n'existait pas, donc on essaye de trouver celui qui reflète le plus possible la préférence des électeurs", conclut Herrade Igersheim. Tout en gardant à l'esprit qu'en la matière "la neutralité n'existe pas".
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