François Patriat ne prédit pas un avenir des plus radieux à ses collègues socialistes. Invité mercredi de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat, le président du groupe RDPI à la Chambre haute, qui rassemble les soutiens de la majorité présidentielle, estime que la recomposition politique à l’œuvre depuis cinq ans menace désormais de faire éclater le groupe PS au Palais du Luxembourg. Celui-ci reste jusqu’à présent le premier groupe parlementaire d’opposition à gauche. « Patrick Kanner, le président du groupe PS, me semble dans une position très inconfortable », pointe François Patriat. « Sa vision vis-à-vis de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale (NUPES) a été totalement variable. Patrick n’hésite pas à critiquer ses ex-amis comme ses adversaires », explique-t-il.
« Des sénateurs socialistes m’ont dit qu’ils s’interrogeaient sur la survie du groupe tel qu’il est aujourd’hui, entre les ultras réunis autour de Laurence Rossignol et d’autres qui sont très durs, et puis ceux qui n’acceptent pas l’accord avec NUPES. Rachid Temal et André Vallini sont de ceux-là », explique le sénateur de la Côte-d’Or, qui a lui-même siégé pendant plus de dix ans aux côtés des socialistes, avant de rallier Emmanuel Macron en 2017.
Il évoque désormais un risque de scission. « [Les sénateurs opposés à l’accord avec Jean-Luc Mélenchon] ont le choix entre trois positions : céder devant le reste du groupe, rejoindre la majorité présidentielle ou faire un groupe autonome. Je crois qu’ils seraient plutôt enclins à faire un groupe autonome », glisse encore François Patriat.
» Lire notre article : L’accord entre LFI et le PS passe mal chez les sénateurs socialistes
Face à LFI, « le PS s’est carrément soumis »
Sur le front des élections législatives, les dissidents socialistes qui ne se retrouvent pas dans le rassemblement entre les principales forces de gauche, sont en train de s’organiser autour de Carole Delga, la présidente PS de la région Occitanie. Selon une information du Figaro, elle pourrait s’appuyer sur son micro-parti pour proposer un soutien financier aux candidats qui choisissent de se lancer en dehors de l’accord électoral conclu par la direction du PS avec EELV, le PCF et LFI. « Avoir cédé à ce point… », soupire François Patriat à l’évocation de cet accord.
« Il y a les insoumis et les soumis. 70 candidats socialistes [investis par NUPES]… Le PS s’est carrément soumis. En Bourgogne-Franche-Comté il n’y a qu’une candidate socialiste sur 27 sièges. Vous vous rendez compte ? Dans une terre comme le Tarn-et-Garonne, comme l’Occitanie, avec le nombre d’élus socialistes, imaginez qu’ils n’ont plus que 6 ou 7 députés possibles », relève l’ancien maire de Chailly-sur-Armançon. Toutefois, il n’imagine pas que ces divisions puissent ouvrir la voie à de nouveaux ralliements à Emmanuel Macron. « Je pense que ces députés-là ne sont pas franchement favorables à la majorité », indique François Patriat.