Des sénateurs veulent favoriser la participation de Taïwan à plusieurs organisations internationales

Des sénateurs veulent favoriser la participation de Taïwan à plusieurs organisations internationales

Une proposition de résolution du Sénat, transpartisane, débattue le 6 mai prochain, veut adresser un signal diplomatique, en demandant l’association de Taïwan aux travaux de plusieurs organisations internationales. L’initiative intervient dans un contexte tendu entre l’ambassade de Chine en France et une délégation de sénateurs.
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C’est le propre des résolutions parlementaires. Ces textes d’appel ne sont pas contraignants, mais ils font beaucoup de bruit. Le Sénat en fera sans doute l’expérience le 6 mai prochain en débattant d’une proposition de résolution. Signée par 22 sénateurs de plusieurs tendances (LREM, LR, PS, centristes ou membres d’Agir), elle adresse un soutien clair à Taïwan, la République de Chine, dont sa grande voisine continentale, la République populaire de Chine, refuse toute indépendance au nom du principe d’une seule Chine.

Le texte, signé par la quasi-totalité des membres du groupe d’amitié France-Taïwan au Sénat, souhaite que la France poursuive les démarchées engagées depuis plusieurs années pour que Taïwan participe à plusieurs organisations internationales, comme l’Assemblée mondiale de la santé de l’OMS ou l’Assemblée de l’Organisation de l’aviation civile internationale. Les sénateurs souhaitent également que l’île participe à la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques, ou encore à Interpol.

Un accès aux instances internationales, mais pas une reconnaissance

« Nous souhaitons que Taïwan soit, non pas reconnu comme un Etat, mais qu’au moins cette entité politique soit protégée et qu’elle ait accès aux instances internationales, là où c’est réalisable et utile à la communauté internationale dans son ensemble », explique Alain Richard, sénateur LREM, président du groupe d’amitié France-Taïwan au Sénat. Taïpei a notamment joué un rôle important dans le suivi et la lutte contre le covid-19. Taïpei avait alerté le 31 décembre 2019 les instances de l’Organisation mondiale de la Santé sur l’émergence du coronavirus et sur la possibilité d’une transmission interhumaine. L’île qui bénéficiait d’un statut d’observateur à l’OMS, en avait été exclue en 2016 sous pression chinoise, après l’arrivée à la présidence de Tsai Ing-wen, la candidate du parti indépendantiste.

Exclue du cadre onusien depuis 1971, au profit de la République populaire de Chine, cette île démocratique peuplée de 24 millions d’habitants, comptant parmi les régions les plus riches du pays, est isolée sur la scène diplomatique officielle. Elle n’est reconnue que par 15 Etats. Les auteurs de la proposition de résolution estiment que leur initiative se conforme à la position de la France depuis 1964, date à laquelle le général de Gaulle avait reconnu officiellement la République populaire de Chine.

Joël Guerriau (groupe Les Indépendants - République et Territoires), le deuxième signataire de la proposition de la résolution, estime qu’il est « important » d’adresser ce soutien à Taïwan. « C’est un pays qui a des savoir-faire, une organisation démocratique remarquable. C’est un interlocuteur tout à fait compétent dans de nombreux domaines où les coopérations peuvent se développer », ajoute-t-il.

Une initiative saluée par la présidente de Taïwan

Les sénateurs veulent appuyer le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui avait rappelé au Sénat en octobre sa volonté de soutenir la participation de Taïwan à des instances internationales. « Jean-Yves Le Drian a fait savoir qu’il faisait des démarches de conciliation à l’intérieur de ces instances pour que Pékin ne s’y oppose pas. On souhaite exprimer publiquement, sur le plan parlementaire, que nous approuvons ces démarches », soutient Alain Richard.

Avant même son éventuelle adoption, la proposition de résolution sénatoriale française a largement fait parler d’elle à Taïwan. L’agence de presse Central News Agency y a fait écho. Le 1er avril, la présidente Tsai Ing-wen a remercié en français, sur son compte Twitter, les « amis du Sénat français ». « Nous sommes résolus à contribuer davantage aux organisations internationales et, avec votre aide, espérons que le monde verra ce que Taïwan a à offrir. »

Tensions avec l’ambassade de Chine

Du côté de la République populaire de Chine, cette diplomatie sénatoriale auprès des autorités taïwanaises a été peu appréciée. Il y a un mois, l’ambassade de Chine à Paris avait déjà fait pression sur la délégation parlementaire, pour lui demander de renoncer à l’organisation d’un voyage sur l’île (relire notre article). L’ambassadeur Lu Shaye a récidivé pour aborder cette fois la question de la résolution. « L’ambassadeur a renvoyé une lettre pour parler explicitement de ce sujet. Il considère que c’est contraire au principe d’une seule Chine », témoigne Alain Richard.

L’échange épistolaire musclé de mars au sujet du déplacement des sénateurs a laissé des traces. « Les pressions de l’ambassade de Chine en France sont insupportables. On est libres de nos pensées ou de nos actions », s’indigne Joël Guerriau. « Ce type de pressions n’honore pas la Chine ».

A l’image de la composition de la délégation, la proposition de résolution dispose de soutiens dans tous les groupes sénatoriaux. « Tout le monde peut constater la reconnaissance implicite par Pékin de la souveraineté de Taïwan sur son territoire. Rien ne devrait donc plus s’opposer à ce que Taïwan siège à l’OMS », a soutenu le centriste Olivier Cadic. Pour le sénateur Bernard Jomier, apparenté socialiste, cette proposition de résolution « n’est que justice et respect de l’ensemble des peuples de bonne volonté ».

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