Vendredi 13 octobre, la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn présentera le plan du gouvernement pour lutter contre les déserts médicaux.
En 2016, selon l'association UFC-Que Choisir, 14,6 millions de Français vivaient à moins de 30 minutes d'un généraliste, donc dans un désert médical. En 2015, 8,6 % de la population vivait dans une commune souffrant d'une pénurie de médecins généralistes (source : ministère de la Santé).
Doubler le nombre des maisons de santé
Déserts médicaux : le programme d'Emmanuel Macron
Le plan du gouvernement vise d’abord à tenir la promesse d’Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle : doubler le nombre de maisons de santé pluridisciplinaires. Les maisons de santé associent, dans un même lieu, des professionnels de santé libéraux : on en compte 1200 actuellement sur le territoire, après que leur nombre a déjà doublé durant le quinquennat Hollande.
« Il faudrait également développer les centres de santé, l’équivalent des maisons de santé mais avec des médecins salariés », analyse Laurence Cohen, sénatrice communiste et membre de la Commission des affaires sociales. Les centres de santé pratiquent le tiers payant.
Développer la télémédecine
Un plan de développement de la télémédecine est également prévu pour alléger la charge des médecins. « Il s’agit à la fois de la téléconsultation mais aussi de la téléexpertise pour recueillir un avis d’experts plus rapidement », précise le sénateur Michel Amiel, sénateur (La République en Marche) des Bouches-du-Rhône, et médecin de profession.
Exercer à la fois en ville et à l’hôpital
Agnès Buzyn devrait proposer de faciliter l’exercice médical mixte en ville et à l’hôpital. « Il faudrait d’abord arrêter les regroupements hospitaliers car on sait que les médecins s’installent de préférence autour des centres hospitaliers », note la sénatrice Laurence Cohen, orthophoniste de profession. Sous François Hollande, Marisol Touraine, alors ministre de la Santé, a orchestré le passage de 1100 établissements de santé à 150 à groupements hospitaliers de territoire.
Réouvrir le numerus clausus
Emmanuel Macron a toujours montré son intention de réformer les numerus clausus. Ils devraient être réouverts au cours de son quinquennat. « Il faut supprimer le numerus clausus », clame Laurence Cohen, ce qui est « purement impossible » pour le sénateur Michel Amiel « car les universités hospitalières n’ont pas du tout les moyens de doubler le nombre d’étudiants. Personnellement je suis favorable à une sélection à l’entrée des facultés de médecine. »
Pas de coercition
Aucune mesure coercitive n’est prévue contre les déserts médicaux mais un bonus renforcé est prévu pour les spécialistes qui viendraient exercer dans un territoire isolé, ne serait-ce qu’une journée. « Nous vivons un creux démographique chez les médecins, utiliser la coercition ne permettrait pas de combler ce creux », explique Michel Amiel. En 2013, un rapport sénatorial préconisait de ne pas conventionner les médecins voulant s’installer en zones saturées. Selon le sénateur des Bouches-du-Rhône, « les mesures coercitives contre les déserts médicaux sont très mal vues par les professionnels de santé. C’est un sujet tabou. »