François Bayrou nommé Premier ministre
Après de longues consultations, Emmanuel Macron a nommé ce vendredi 13 décembre l’un de ses plus proches alliés comme nouveau Premier ministre, le maire MoDem de Pau François Bayrou.
Par Romain David
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Les négociations se poursuivent entre La France insoumise et les autres composantes de la gauche, en vue d’un grand rassemblement pour les élections législatives. Alors qu’un accord avec les communistes était attendu lundi, les discussions avec le PCF n’ont toujours pas abouti. Ni celles avec le Parti socialiste, dont les relations avec LFI ont plutôt été houleuses ces dernières années et durant la présidentielle. « C’est long de se reparler, de faire le point sur les ambitions programmatiques, ça ne va pas de soi. Il faut comprendre que l’on a besoin de ce temps », a expliqué mardi au micro de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat, la députée LFI Clémentine Autain. « On travaille en parallèle sur la répartition des circonscriptions, ça n’est pas simple, cela suppose beaucoup d’allers-retours », ajoute l’élue qui veut toutefois se montrer confiante. « J’espère qu’aujourd’hui, puisque nous sommes le 3 mai, anniversaire du Front populaire, nous réussirons, à l’issue de cette journée, à avoir un grand accord qui permette de nous hisser à la hauteur de l’histoire et de l’urgence écologique et sociale que rencontre la France ».
Clémentine Autain a notamment évoqué trois points de débats, qui cristallisent une large part des discussions entre LFI et ses (futurs) partenaires. À commencer par la question de l’Europe. La volonté affichée par les insoumis d’« une désobéissance » aux traités européens, s’ils estiment que ceux-ci entravent la mise en œuvre d’une politique sociale et environnementale, inquiète tout particulièrement Olivier Faure, le premier secrétaire du PS. « Nous ne bougerons pas sur cette idée », avertit Clémentine Autain. « Ce que l’on veut dire derrière désobéir, c’est que si par exemple, en France, on veut faire un pôle public de l’énergie, et que les traités européens nous disent ‘non’parce qu’il faut ouvrir à la concurrence, eh bien nous, on pense qu’il faut faire ce pôle parce que les Français nous ont donné un mandat pour cela », explique notre invitée. « On n’appliquera pas les normes des traités, on appliquera la politique conformément à la souveraineté populaire française. »
Concernant l’âge de départ à la retraite, Clémentine Autain laisse entendre que LFI et ses partenaires sont tombés d’accord sur l’objectif à atteindre : un retour à l’âge de départ à 60 ans, avec 40 annuités, alors qu’Anne Hidalgo, dans son programme électoral, fixait un âge de départ à 62 ans. « Je crois qu’il y a eu un accord sur cet objectif. On avance vers cet horizon », glisse notre invitée. La méthode pour y parvenir, en revanche, ne ferait pas encore l’unanimité. « La discussion est celle du rythme, c’est-à-dire en combien de temps est-on capable d’y revenir », indique Clémentine Autain. « On va avoir des tonnes de discussions là-dessus, parce que c’est très technique », précise-t-elle, évoquant des ajustements en fonction de la pénibilité des carrières.
Alors que Jean-Luc Mélenchon, prenant la parole devant l’Assemblée nationale début mars, avait regretté l’envoi d’armes à l’Ukraine, le leader insoumis semble avoir nuancé sa position sur ce point, le PS et EELV étant favorables à la poursuite des livraisons à Kiev. « La question est notamment posée à Jean-Luc Mélenchon s’il devenait Premier ministre, parce qu’il y a une répartition des rôles entre le président et le chef de gouvernement », pointe Clémentine Autain, alors que, traditionnellement, la politique étrangère est l’une des chasses gardées du chef de l’Etat, même en période de cohabitation. « Ce n’est pas un point dur de la négociation, puisque Jean-Luc Mélenchon dit que le président de la République dispose d’informations que nous n’avons pas pour décider de l’envoi d’armes. Lui seul sait ce qu’il envoie. C’est une question beaucoup plus complexe et épineuse que ce que l’on peut en dire », balaye Clémentine Autain, qui veut également rappeler le soutien de La France insoumise au peuple ukrainien face à la Russie.
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Autre sujet de polémique, cette fois bien au-delà des discussions entre LFI et le reste de la gauche : la probable investiture de Taha Bouhafs dans le Rhône. Ce militant de 25 ans a été condamné en première instance pour injure, après avoir qualifié en juin 2020 sur Twitter une porte-parole du syndicat de police Unité-SGP-FO d’« arabe de service ». Une décision dont il a fait appel, tient à rappeler Clémentine Autain. « Ce ne sont pas des mots policés comme on devrait les dire. Ce n’est pas bien, voilà. D’accord. Mais avec tout ce que l’on entend sur les plateaux télé, ce n’est pas ce qui me choque le plus », commente-t-elle. « Je soutiens son investiture. Taha Bouhafs est un militant des quartiers populaires, un journaliste indépendant qui a permis de faire sortir l’affaire Benalla. Ce n’est pas n’importe qui. »
Emission spéciale nomination du Premier ministre