Deuxième tour: quelle stratégie pour Marine le Pen ?
Avec plus de 7,6 millions de voix, le Front National enregistre un score historique.  Donnée perdante au second tour, face à Emmanuel Macron, Marine Le Pen compte rassembler l’électorat populaire et les souverainistes pour l’emporter et ainsi battre en brèche un « front républicain tout pourri ».

Deuxième tour: quelle stratégie pour Marine le Pen ?

Avec plus de 7,6 millions de voix, le Front National enregistre un score historique.  Donnée perdante au second tour, face à Emmanuel Macron, Marine Le Pen compte rassembler l’électorat populaire et les souverainistes pour l’emporter et ainsi battre en brèche un « front républicain tout pourri ».
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« Les souverainistes qui ont fait confiance à Nicolas Dupont-Aignan voteront en grande majorité pour Marine Le Pen » (…) même chose pour les électeurs de droite qui ne voudront pas confier les clés de la France au fils spirituel de M.Hollande, également les voix qui sont parties chez M.Mélenchon, et bien cet électorat là ne votera pas pour Macron. Parce que Macron s’est l’ultra libéralisme » En quelques phrases hier soir, le maire FN d’Hénin-Beaumont, Steeve Briois résume la stratégie que Marine Le Pen va adopter dans les deux semaines qui la sépare du second tour.

« Vieux front républicain tout pourri»

En visite sur un marché à Rouvroy (Pas-de-Calais) ce lundi, Marine Le Pen se présente en « challenger » de ce second tour, « avec un très gros réservoir de voix, contrairement à ce qui est dit sur les plateaux de télévisions ». Aux appels de François Fillon, de Benoît Hamon et cet après-midi François Hollande à voter pour le candidat d’En Marche », Marine le Pen répond en parlant de « vieux front républicain tout pourri, dont plus personne ne veut »,et « que les Français ont dégagé avec une violence rare ». (voir la vidéo plus haut). Invité de Public Sénat cet d’après-midi, Jean-Lin Lacapelle, membre du conseil stratégique de l'équipe de campagne de la candidate estime quant à lui que « le front républicain, c’est Marine Le Pen puisqu’elle défend le peuple depuis longtemps ». « Ce n’est pas elle qui a trahi le peuple au moment du traité de Lisbonne. Ce n’est pas elle qui utilise le 49.3 » développe-t-il (voir la vidéo).

Jean-Lin Lacapelle: "le front républicain c'est Marine Le Pen"
01:03

La candidate du FN n’a pourtant réussi son pari qu’à moitié. Certes, elle est qualifiée pour le second tour avec un score historique pour son parti : 21,30% des suffrages, soit plus de 7,6 millions d’électeurs. Mais, c’est Emmanuel Macron qui arrive en tête avec 24,01% des suffrages. Souhaitant gommer le clivage des « patriotes » contre « les mondialistes » mis en avant depuis des mois par Marine Le Pen, Emmanuel Macron a, dès dimanche soir, évoqué une autre ligne de rupture en se présentant comme le futur président des « patriotes », « face à la menace des nationalistes ». Sur le plateau de Public Sénat, Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop, revient sur les motivations de vote au premier tour. « Pour Emmanuel Macron, c’est d’abord sa capacité à être présent au second tour. Il y a eu, bien sûr, une partie d’adhésion, mais une partie aussi utilitariste ». Frédéric Dabi note aussi que pour ses électeurs, le candidat d’En Marche incarne le mieux « le changement ».

A noter aussi, la ligne de séparation géographique : façade Ouest pour Emmanuel Macron, quart nord Est et quart sud Est pour Marine Le Pen (voir l’infographie ci-dessous)

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« Une vraie compétition  entre les deux candidats : dans la France du travail »

Dès lors quelle doit être la stratégie de Marine Le Pen dans cet entre deux tours ? Deux France semblent se dessiner. « Plus on se dit gagnant de la mondialisation, plus on vote Emmanuel Macron. Plus on se dit perdant, plus on va voter pour Marine Le Pen » analyse Fréderic Dabi avant de relever « un segment où il y a une vraie compétition » entre les deux candidats : « c’est la France du travail, cette France des salariés, cette France des 35-49 ans qui avaient voté massivement pour Nicolas Sarkozy ». (voir la vidéo).

Frédéric Dabi (IFOP):une vrai compétition entre Le Pen et Macron dans la France qui travaille"
01:38

« Dans les milieux populaires, les gens sont attachés aux valeurs traditionnelles. Ils ne sont pas très gay pride »

L’eurodéputé FN, Bruno Gollnisch, qui la semaine dernière, regrettait que Marine Le Pen n’insiste pas suffisamment sur les valeurs traditionnelles abonde : « Dans les milieux populaires, les gens sont attachés aux valeurs traditionnelles. Ils ne sont pas très gay pride » estime-t-il. Florian Philippot, vice président du FN ou encore l’eurodéputé, Louis Aliot ont fustigé « le candidat bling-bling » Emmanuel Macron, une référence à la soirée du candidat En Marche à la Rotonde en présence de plusieurs célébrités. Sur RTL, l’eurodéputé FN, Louis Aliot est persuadé que Marine Le Pen va bénéficier d’un report des voix des électeurs de Jean-Luc Mélenchon : « ils ont voté au premier tour pour un candidat qui est clairement un opposant de l’Europe de Bruxelles. Hors Monsieur Macron est précisément un admirateur de l’Europe de Bruxelles. Comment voulez-vous que ces électeurs là fassent le grand écart ? »

« Eradiquer le terrorisme islamiste »

Autres axes de sa campagne déjà accentués lors des dernières semaines précédents le premier tour : l’immigration, et le terrorisme, deux thèmes entremêlés dans le discours de la candidate frontiste. En témoigne ce tract pour le deuxième tour intitulé « éradiquer le terrorisme islamiste ». Comme le relève le journaliste du Monde, elle propose désormais « d’expulser les étrangers islamistes ». la semaine dernière, sa proposition était plus précise en évoquant le cas des fichés S : «Il y a des mesures que je prendrai immédiatement : le lendemain de mon élection, c’est l’expulsion de l’intégralité des fichés S étrangers qui sont sur notre territoire. Il y a 10 000 fichés S pour jihadisme dans notre pays, dont une partie sont des étrangers qui n’ont rien à faire chez nous » expliquait-elle sur le plateau de TF1. En meeting à Nice jeudi prochain, elle développera ces thématiques.

Selon un sondage Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France, LCP/Public Sénat, France 24, Le Point et Le Monde, Emmanuel Macron l’emporterait au second tour avec 62% des suffrages, contre 38% pour Marine Le Pen

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