C’est Marion Maréchal qui devait être l’invitée d’honneur des universités d’été du MEDEF, rebaptisées les « Rencontres des entrepreneurs de France ». Devant la polémique, le syndicat patronal a rétropédalé et a choisi un profil plus consensuel, celui de Nicolas Sarkozy. L’ancien Président de la République a profité de cette tribune pour faire un tour d’horizon de l’actualité.
Interrogé par plusieurs entrepreneurs, Nicolas Sarkozy n’a pas manié la langue de bois en commençant par évoquer l’état de la démocratie française dans un contexte de rentrée hautement inflammable pour Emmanuel Macron, entre réforme des retraites, extension de la PMA et un éventuel retour du mouvement des gilets jaunes.
« La démocratie, c’est un vote pour une organisation verticale. Ce n’est pas n’importe qui, qui dit n’importe quoi » a estimé l’ancien Président de la République. « Regardez, on fait des aéroports superbes partout en Asie et il a fallu quarante ans pour savoir qu’on n’allait pas construire à Notre-Dame-des-Landes. On ne peut pas arrêter des grands travaux dès qu’une association n’est pas d’accord. J’étais récemment à Abu Dhabi et j’ai visité le Louvre. Imaginez si on avait demandé l’avis des riverains. Si on faisait la Tour Eiffel aujourd’hui, il pourrait y avoir un trèfle à quatre feuilles qu’il faudrait protéger » a-t-il jugé.
« La si sympathique » Greta Thunberg
Si le ton se veut léger, Nicolas Sarkozy n’hésite pas non plus à décocher ses flèches en parlant d’environnement. Alors que les mobilisations contre le réchauffement climatique se sont multipliées ces derniers mois, il s’est moqué de la nouvelle égérie suédoise, Greta Thunberg. « Cette jeune suédoise si sympathique, si souriante, tellement originale dans sa pensée » a ainsi ironisé l’ancien Président. Et pour cause, il estime que « le plus grand choc mondial à venir est celui de la démographie mondiale, se déclarant « assez fasciné de voir la discussion sur le climat et la gêne quand on discute de l’évolution de la démographie mondiale. Dans trente ans, le Nigeria aura plus d’habitants que les Etats-Unis. Je veux bien qu’on fasse du tri sélectif à Lagos mais ce n’est pas ça qui va résoudre la crise migratoire. »
La politique, c’est fini
Autre cible des propos de l’ancien maire de Neuilly sur Seine, Donald Trump. « Nous avons aujourd’hui un pays qui ne veut plus assumer le leadership mondial et dont les décisions dépendent de la digestion du petit-déjeuner de la Maison Blanche ». Nicolas Sarkozy a également rendu un hommage appuyé à George Bush Jr qui l’avait invité en vacances en 2007 dans le New Hampshire. « Je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’il a fait mais c’est le dernier président américain avec une vraie conscience du rôle que peut jouer les Etats-Unis. »
Enfin, interrogé sur le Brexit, l’ancien Président a estimé que « nous n’avons pas assez pris au sérieux la campagne du référendum. Et puis, il faut le dire, vous poseriez la question de sortir de l’Union européenne, vous auriez la même réponse dans tous les pays. »
Autant d’analyses qu’il ne faut pourtant pas voir comme un retour en politique. « Moi je n’en fais plus au sens où je n’ai plus d’ambition. C’est un passé que j’ai beaucoup aimé mais c’est un passé. » Ce qui n’a pas empêché Nicolas Sarkozy de se plier de bonne grâce à une dédicace de son dernier ouvrage, Passions, après son intervention.